La fabuleuse découverte de le tombe de Toutankhamon

l’égyptologie qui l’attira d’abord en Égypte. Mais la politique nationale eut tôt fait de l’absorber. Il portait une grande estime aux Égyptiens, en particulier à ceux qui essayaient de faire du pays une véritable nation, et cette estime était réciproque. Peu d’Anglais ont été autant aimés en Égypte, et le chagrin témoigné à sa mort fut général et sincère ».
    À mesure que les jours passaient, il devint cependant évident qu’il était hors de question de prospecter durant cette saison. Comme on avait besoin de lui en Angleterre, Carnarvon se décida à partir. Ce n’était pas facile, et il était prêt à affréter un bateau à voiles, lorsqu’il obtint une place sur une ligne régulière. Lord Carnarvon devait encore faire quelques séjours en Égypte. Après son opération, en 1919, alors qu’il était encore en convalescence, il insista pour partir pour Louxor à la saison habituelle et, là, recouvra sa santé et ses forces.
    La description de la tombe de Toutankhamon et de sa découverte n’entre pas dans le cadre de cette biographie, qui concerne l’homme plus que l’archéologue. Carnarvon n’a jamais été un fanatique de l’autoanalyse et, bien qu’il se livrât à de magnifiques descriptions des objets de la tombe, les mots lui manquaient pour exprimer l’effet que cette découverte eut sur lui. Il assura simplement son auditoire que « c’était un moment très excitant » ! Et cette excitation ne s’évanouit pas, contrairement à ce qui arrive le plus souvent, à mesure que le temps passait, ni pour le public, ni pour lui. Pourtant, lorsqu’on ferma la tombe pour la saison, lord Carnarvon était très fatigué. Un moustique le piqua ; la blessure s’infecta. Et malgré les vaillants efforts de sa femme, de sa fille, des médecins et des infirmières, c’était un combat perdu d’avance. Tout au long de ces trois longues semaines de peines et de souffrances, il resta égal à lui-même. Les lecteurs de ses bulletins de santé se rappellent peut-être que les plus sinistres assuraient, cependant, que le moral du patient était bon. Mais Carnarvon ne se faisait pas d’illusions. « J’ai entendu l’appel, dit-il à un ami. Je me prépare. » Et le 5 avril 1923, il mourut.
    Dans son testament, il exprimait le désir d’être enterré à Beacon Hill. Ce fut donc au sommet de cette colline surplombant le domaine qu’il avait si passionnément aimé qu’on l’ensevelit. Seuls les êtres les plus proches et les plus chers, ainsi que quelques paysans et serviteurs, dont beaucoup avaient vieilli à son service, se tenaient autour de la tombe. Il n’y eut ni orgue, ni musique, ni chants. Les paroles confiant « notre cher frère à la terre dans l’espérance » avaient quelque chose de la grandeur sévère des cérémonies en mer. Mais le ciel printanier retentissait du chant des alouettes. Elles chantaient avec une ardeur et une passion que ceux qui les ont entendues n’oublieront jamais.
     
    Winifred Burghclere
    « Le Lac »
    Highclere, 17 septembre 1923

Quatrième de couverture
    Howard Carter est né à Norfolk en 1873. En 1899, après de nombreux travaux de recherches effectués en Égypte, il est nommé inspecteur général du département des Antiquités du gouvernement de ce pays. C’est à ce titre qu’il fait sa première découverte et qu’il entreprend ses fouilles dans la Vallée des Rois. Parvenu au faîte de sa carrière, il poursuit pendant dix ans un énorme et minutieux inventaire de tous les trésors trouvés dans la tombe de Toutankhamon et achève, en 1933, la rédaction de ses Mémoires. Il meurt à Londres en 1939.
    En 1908, Howard Carter est appelé à Thèbes pour assister lord Carnarvon, collectionneur passionné d’archéologie. Ce dernier trouve en Carter un expert précieux et un ami. En échange, généreux mécène, il offre à l’archéologue un appui solide et affectueux et ne cessera de lui apporter aide et encouragements. Le 5 novembre 1922, dans la Vallée des Rois, les deux hommes vont vivre "en direct" l’un des plus grands événements de l’histoire de l’archéologie : la découverte de la tombe de Toutankhamon.
    Enfin traduit en France, voici, près d’un demi-siècle après sa publication en Angleterre, le récit de cette extraordinaire aventure. Dans ce témoignage authentique et passionnant, Howard Carter restitue avec émotion les moments les plus exaltants de la mise au jour du sarcophage