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La Fausta

Titel: La Fausta Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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sur cette enfant qui le faisait trembler… Sur sa gauche, le prince Farnèse, sombre et muet ; près de la roulotte, à laquelle il s’appuyait, le duc Charles d’Angoulême, plus tremblant, plus agité peut-être qu’Henri de Guise… Et là-haut, à la fenêtre, à demi cachée dans les rideaux, c’était une fatale apparition planant sur cette scène… la princesse Fausta !
    Violetta ne voyait rien : son âme restée près de la morte ; ses yeux demeuraient baissés sur l’instrument ; et ses doigts fins, au dessin d’une étonnante pureté, se mirent à voltiger sur les cordes ; une ritournelle d’une grande douceur, d’un charme mélancolique de lointains pays s’exhala dans l’air embaumé par les éventaires du marché aux fleurs.
    — Pour toi, mère chérie, murmura l’enfant… pour mettre un bouquet sur ta tombe…
    Et sa voix, mélodie vivante qui pénétrait jusqu’au cœur, sa voix d’or commença une naïve complainte d’amour… mais dès la première strophe, elle s’arrêta, brisée par un sanglot… Le duc de Guise s’avança vivement. Il oubliait où il se trouvait, et que des milliers de regards pesaient sur lui ! La passion l’emportait ! Les larmes de Violetta la lui faisaient paraître cent fois plus belle.
    — Vous pleurez ? demanda-t-il d’une voix altérée.
    La chanteuse leva sur lui son suave regard noyé de douleur.
    — Vous ! balbutia-t-elle frissonnante. Laissez-moi ! Oh ! par grâce, éloignez-vous !
    — Tu pleures, jeune fille ! reprit le duc haletant. Si tu voulais… jamais plus tu ne pleurerais… car tu serais la plus fêtée, la plus choyée dans Paris… Ecoute-moi, gronda-t-il avec plus de menaçante ardeur, ne te recules pas ainsi… Par le ciel ! il faut que tu saches que je t’aime… il faut.
    A ce moment, comme Charles d’Angoulême, livide, la main à la garde de l’épée, s’avançait en frémissant, une éclatante fanfare de trompettes résonna sur la place de Grève… Des clameurs furieuses aussitôt s’élevèrent de la multitude qui reflua, tourbillonna…
    — Les gardes du roi ! Les suisses de Crillon ! A mort !… A l’eau !…
    Ces gardes, ces suisses, c’étaient ceux qui, la veille, avaient essayé d’enlever les barricades élevées par le peuple !… C’étaient ceux que les bandes de Brissac, de Crucé, de Bois-Dauphin avaient refoulés jusque dans l’Hôtel de Ville où ils s’étaient enfermés, où ils avaient passé la nuit, et d’où ils venaient de sortir, trompettes en tête !…
    Le duc de Guise s’élança en poussant une imprécation. Ses gentilshommes le suivirent, l’épée à demi tirée… Le peuple, à la vue de ses ennemis de la veille, poussait des vociférations de rage… En un instant, la place, si paisible et joyeuse, fut remplie de hurlements, bousculades de bourgeois courant s’armer, cris de terreur des femmes qui s’évanouissaient…
    — Aux armes ! A mort les suppôts d’Hérodes !…
    — A l’eau, les gardes ! A l’eau, Crillon !…
    Et ce fut dans ce tumulte de prise d’armes, à cette minute où les arquebusades allaient peut-être recommencer, ce fut dans le bouillonnement des foules autour de la roulotte, qu’eut lieu la première rencontre de Charles d’Angoulême et de Violetta…
    En voyant Guise se précipiter vers Crillon, Charles avait renfoncé son épée et s’était arrêté près de l’enfant… Quelque chose comme une aurore d’espérance se leva dans les beaux yeux de Violetta… Ils étaient l’un devant l’autre, tous deux d’une exquise jeunesse, d’un charme intense dans la grande rumeur d’orage qui se déchaînait. Pour la première fois, ils se voyaient de près et se parlaient… ils étaient pâles : l’extase les faisait trembler…
    — De grâce, dit-il doucement, ne craignez rien… Vous pleuriez… Est-ce que cet insolent gentilhomme…
    — Non ! oh ! non, fit-elle avec effroi. Je pleurais… voyez-vous… parce que…
    Elle inclina la tête, et d’une voix très basse, infiniment triste :
    — Ma mère est morte !… Elle est là… toute seule !… Et nul ne se penche sur ce pauvre corps pour lui faire l’aumône d’une prière.
    Elle se reprit à pleurer, une main devant ses yeux.
    — Votre mère est là… morte ! dit Charles en pâlissant de pitié comme il avait pâli d’amour. Et vous, pauvre enfant, on vous forçait à chanter !… ceci est horrible !…
    — Non, non ! dit-elle en jetant un

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