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La Fausta

Titel: La Fausta Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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Et des nouvelles de ta fille ! »
    Il se redressa, se drapa, et dit brusquement :
    — J’attends ce que vous avez à me communiquer.
    Le gentilhomme le saisit par un bras, se pencha, hésita puis, d’une voix sourde :
    — Je te suis envoyé par un puissant personnage. Cette enfant… cette Violetta…
    Il s’arrêta. Un terrible soupir gonfla sa poitrine. Et il murmura :
    — Pauvre innocente victime ! Ah ! Fausta !… Sphinx effroyable ! Quand donc échapperai-je à ta griffe de fer incrustée sur mon âme…
    — Violetta et moi, nous sommes au service de celui qui vous envoie, dit Belgodère. Vos ordres ?
    — Les voici. Sache d’abord que si tu les exécutes fidèlement, il y aura pour toi…
    — Dix bourses de dix ducats d’or ! Que faut-il faire ?
    L’homme acquiesça d’un geste hautain, pensant que le bandit venait d’indiquer là le prix de ses services.
    — Ce qu’il faut faire ? reprit-il, tandis que son front s’assombrissait encore. Ecoute, il y a dans la Cité, derrière Notre-Dame, tout au bout de l’île surplombant le fleuve, une maison délabrée, presque en ruine, dont les fenêtres semblent des yeux qui pleurent et dont les murs suent de la tristesse… La porte est en fer, avec un marteau de bronze : c’est là… C’est là que ce soir, à neuf heures, tu devras amener cette jeune fille.
    — Ce soir ! A neuf heures ! On y sera, par l’enfer !
    Le gentilhomme noir demeura un instant abîmé dans une lointaine rêverie. Puis, avec un tressaillement de tout son être, d’une voix plus basse, plus tremblante, plus sourde encore, il demanda :
    — Cette femme masquée de rouge… qui était là tout à l’heure… cette femme aux cheveux blonds… dis-moi, qui est-ce ?…
    — Une bohémienne de ma tribu.
    — Une bohémienne ?… Son nom ?…
    — Saïzuma.
    — Vraiment ?… Une bohémienne ?… Et elle s’appelle Saïzuma ?…
    — Elle n’a pas d’autre nom.
    Celui que le bohémien appelait une infernale figure se redressa. Il parut soulagé de quelque secrète épouvante, et son visage se détendit. Alors, il fit un signe d’adieu au bohémien. Puis tirant de son pourpoint la lettre que Fausta lui avait remise pour le duc de Guise, le gentilhomme noir… le prince Farnèse !… se glissa parmi la multitude où il disparut sans bruit, comme une pierre au fond de l’eau trouble… pendant que Belgodère répétait avec une joie sombre et furieuse :
    — Ce soir, à neuf heures ! Dans la maison de la Cité… On y sera, monseigneur Guise !
    q

Chapitre 3 PARDAILLAN
    T andis que se décidait ainsi la destinée de Violetta dans ce rapide et sinistre entretien de Belgodère et du prince Farnèse, Charles d’Angoulême marchait au duc de Guise.
    Le fils du roi Charles IX était bouleversé d’une terrible colère qui l’emportait comme malgré lui. La scène si funèbre et si douce à la fois à laquelle il venait de prendre part dans la roulotte s’évanouissait de son esprit : il ne voyait plus que le Balafré se penchant sur Violetta dans une attitude qui ne laissait aucun doute !
    Lorsque Guise avait parlé à voix basse à la jeune fille, il avait senti se lever dans son cœur un sentiment qui n’y était pas encore : la haine d’amour, la plus implacable des haines… Ce fut les poings serrés, les yeux fous, la figure ravagée par la tempête intérieure, qu’il fonça dans les rangs pressés de la multitude silencieuse, attentive aux gestes et aux paroles de Guise, son héros, son idole !
    Tout à coup, il se sentit saisi par le bras. Il se retourna vivement :
    — Le chevalier de Pardaillan ! fit-il avec une joie farouche. Ah ! vous tombez bien !…
    — Oui ! j’arrive à temps pour vous empêcher de faire une folie ! dit Pardaillan. Où courez-vous de ce pas ? Insulter monseigneur le duc ?… le fils de David, comme disent nos bons badauds ! Peste ! vous êtes gourmand… Ils sont ici une armée de guisards !… Il n’y avait qu’un homme au monde capable de tenir tête à dix mille bourgeois qui n’ont rien tué depuis vingt-quatre heures et enragent du désir si doux de massacrer n’importe quoi… Cet homme est mort, mon prince : c’était mon père.
    Tout en cherchant à étourdir Charles de ses paroles, Pardaillan essayait de l’entraîner hors la foule.
    — Pardaillan, gronda le jeune duc d’un ton de désespoir concentré, je veux parler à cet homme !
    — Eh ! par Pilate, comme disait feu

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