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La Fausta

Titel: La Fausta Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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assez libre d’esprit pour ne pas s’effarer de ce mot. Mais il faut bien se figurer ce qu’un tel aveu signifiait à cette époque. Autant vaudrait-il, de nos jours, avouer qu’on a tué père et mère.
    — En ce cas, madame, dit-il, je vous engage vivement à bien vous cacher ; on tue, on pend, on brûle dans Paris… prenez-y bien garde.
    — Je le sais, dit Fausta sur un ton d’amertume admirable de naturel et d’émotion. Je sais que ceux de ma religion, ceux qui se sont ralliés à notre grand Henri de Navarre, sont mis à mort aussitôt pris. Aussi, je n’eusse pas fait à d’autres l’aveu qui vient de m’échapper…
    — Ici, madame, vous n’avez rien à redouter.
    — Et cependant, monseigneur, votre illustre père fut un rude tueur de huguenots… Oh ! je savais que vous n’êtes pas un catholique aussi… féroce, et qu’on pouvait confier un tel secret à votre grand cœur.
    Ces paroles ne faisaient qu’augmenter la confiance du jeune duc et eussent dissipé ses soupçons, s’il en avait eu. Mais il n’en avait pas. Seulement, il attendait que sa visiteuse s’expliquât avec une impatience que tempérait seule cette extrême politesse qui chez lui ne venait pas de l’éducation, mais du cœur. Fausta continua :
    — Huguenote donc, comme ils disent, et venue à Paris pour l’accomplissement d’une mission difficile, je pris ce déguisement et ne descendis pas à l’hôtel de… ah ! laissez-moi ce secret qui n’est pas à moi…
    Charles fit un geste de sympathique encouragement.
    — Je descendis donc dans une simple auberge située rue Saint-Denis… l’auberge de la
Devinière
.
    Le cœur de Charles palpita.
    — J’y passai la nuit fort tranquille. La matinée s’écoula sans incident. J’allais donc sortir, tantôt, lorsque soudain la rue se remplit de rumeurs. On criait à mort, au truand, au huguenot… Hélas ! me dis-je, encore un de mes frères qu’on poursuit !… Tout à coup, un homme aux vêtements déchirés pénétra dans l’auberge et, presque aussitôt, une troupe de cavaliers passa dans la rue comme une trombe…
    — C’était Pardaillan ! haleta Charles.
    — Comment le savez-vous ? dit Fausta avec une naïveté parfaite.
    — Je le sais parce que ce généreux ami, pour me sauver et sauver celle que j’aime, a entraîné à sa poursuite les cavaliers de Guise. C’était lui, n’est-ce pas ?… Il est sauvé ?… oh ! dites-moi cela avant tout !
    — Parfaitement sauvé, rassurez-vous. Ce gentilhomme, comme je le sus bientôt, c’était en effet le chevalier de Pardaillan. Je le pris pour un huguenot. Et ouvrant la porte d’un cabinet où je me trouvais, je lui fis signe de s’y réfugier. Il vint à moi non comme quelqu’un qui se cache, mais comme un homme qui, paisible, cherche un coin pour se reposer…
    — Comme je le reconnais bien-là !…
    — Je lui demandai s’il était de la religion. Alors il me dit son nom sans m’expliquer les motifs pour lesquels on le poursuivait. Alors je m’employai de mon mieux à laver et panser ses blessures. Pendant ce temps, les cris de mort continuaient dans la rue. Heureusement, personne ne songeait à entrer dans l’auberge et les cavaliers étaient déjà loin. Deux heures se passèrent ainsi, et le gentilhomme se remettait de la faiblesse que lui avait occasionnée ses blessures, lorsque par la porte vitrée du cabinet, il vit entrer dans la salle deux hommes que je ne connaissais pas. Il leur fit signe. Ils vinrent. Et chose étrange, il se nomma, il vous nomma, comme si ces deux hommes ne l’eussent pas connu. C’étaient, comme je le sus presque aussitôt, le prince Farnèse et un bourgeois nommé maître Claude.
    — Ils ne le connaissent pas en effet, et l’un d’eux ne l’a vu que quelques instants… Continuez, madame…
    — Alors eut lieu entre eux un assez long entretien où il fut fort question de vous et de la jeune fille. Le bourgeois…
    — Maître Claude ?…
    — Oui. Il raconta qu’il était sorti d’ici, de votre hôtel pour aller chercher le prince Farnèse…
    — C’est vrai ! s’écria Charles qui écoutait, suspendu aux lèvres de Fausta.
    — Et qu’il l’avait trouvé, continua celle-ci. Il ajouta que tous deux se mettaient en route pour venir rue des Barrés, mais que maître Claude ayant été reconnu par des gardes du duc de Guise, ils avaient dû fuir, comme avait fui le chevalier de Pardaillan. Ils s’étaient jetés dans la rue

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