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La Fausta

Titel: La Fausta Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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savait peu de chose. Et ce qu’elle ne savait pas, il fallait obliger Charles à le dire lui-même.
    — Monseigneur, dit-elle, permettez-moi une question. Vos trois amis m’ont paru s’inquiéter fort d’un détail auquel en ma qualité de femme… qui a aimé et souffert… Je me suis vivement intéressée. La jeune fille qu’ils nommaient Violetta, est-elle encore ici, dans cet hôtel ?
    — Elle y est, dit Charles sans aucun soupçon, tant la voix de cette inconnue lui inspirait de franche sympathie.
    — Loué soit le Seigneur ! fit-elle d’un accent de sensibilité. M. de Pardaillan sera bien heureux. Car c’est lui surtout qui m’a semblé inquiet… Sans doute il aime cette jeune fille ?… Pardonnez-moi… mais ce digne gentilhomme m’a paru si bouleversé…
    — Pardaillan aime sans doute Violetta, fit Charles en souriant, bien qu’il la connaisse depuis peu. Mais s’il vous a paru si inquiet, je reconnais là sa généreuse amitié. Car Violetta, madame, c’est ma fiancée, et moi j’ai le bonheur d’être l’ami du chevalier.
    A ces mots, Fausta hocha la tête en signe de sympathie. Mais sans doute elle dut faire un terrible effort pour ne laisser échapper ni un mot, ni un cri, ni un geste, car sous son masque elle devint très pâle.
    Ce qu’elle venait d’apprendre la bouleversait. C’était le renversement immédiat, brusque, foudroyant de toute sa pensée et de tout son sentiment. Violetta n’était pas l’amante de Pardaillan ! Violetta était la fiancée de Charles d’Angoulême !… Elle ne put retenir un soupir qui était peut-être la manifestation d’une joie puissante et profonde. Cette joie s’en rendait-elle compte à ce moment ? Est-ce qu’elle savait ?
    Pour dire quelque chose, pour gagner du temps et tâcher de voir clair en elle-même, elle reprit :
    — Je ne m’étonne plus maintenant de l’intérêt que semblait témoigner M. de Pardaillan, à cette jeune fille… puisqu’elle est votre fiancée… Ce gentilhomme paraît avoir pour vous une immense affection…
    — Oui, dit Charles attendri ; Pardaillan est mon ami, Pardaillan est dans ma vie comme un dieu tutélaire ; je ne lui dois pas seulement d’avoir été sauvé et d’être encore vivant… je lui dois mes joies les plus précieuses… Si j’ai retrouvé celle que j’aime, si elle n’est pas morte, c’est encore à lui que je le dois…
    — Quoi ! s’écria Fausta, cette pauvre enfant s’est donc trouvée en danger de mort ?…
    La question était si naturelle, la voix si sympathique et le besoin d’expansion est si puissant chez les amoureux que Charles se mit à faire le récit des événements de la place de Grève, en insistant, bien entendu, sur l’héroïsme du chevalier de Pardaillan.
    Fausta, tout en l’écoutant avec attention, faisait son plan, changeait ses batteries et décidait du sort de Violetta.
    La tuer ?… A quoi bon maintenant ?… Ecarter à tout jamais la fille du duc de Guise, cela suffisait. Et la situation s’éclaircissait ainsi :
    S’emparer de Charles d’Angoulême, ennemi de Guise, obstacle possible et même certain dans la marche au trône. Ecarter Violetta, autre obstacle.
    Pardaillan était pris ou allait l’être. Farnèse et Claude étaient ses prisonniers, et dès le soir même, le tribunal secret allait les condamner à mort. Il ne s’agissait donc que de s’emparer du duc d’Angoulême et d’éloigner Violetta. C’est sur ce double problème que se concentra toute la force de calcul et de volonté de la Fausta.
    Lorsque Charles eut achevé son récit ému, débordant d’amour pour sa fiancée, d’affection et de reconnaissance pour le chevalier, elle reprit donc :
    — Je comprends tout maintenant. Ces gentilshommes, dans leur hâte, n’ont pu me donner que des renseignements incomplets. Et je ne comprenais pas bien le mystérieux rendez-vous qu’ils vous assignaient.
    — Un rendez-vous ? fit Charles étonné.
    — Je vois qu’il faut que je vous raconte les choses de point en point. Comme je vous l’ai dit, monseigneur, surveillée, traquée, je suis entrée dans Paris à la faveur de ce déguisement. Franchise pour confiance : laissez-moi vous dire que ce n’est nullement une question d’amour qui m’anime contre celui qu’on appelle le roi de Paris et le pilier de l’Eglise… Pour tout vous dire d’un mot, je suis de la religion… ce qu’ils nomment une huguenote…
    Charles s’inclina. Il était

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