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La Fausta

Titel: La Fausta Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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Belgodère ? introuvable ! On ne l’a pas revu à l’
Auberge de l’Espérance
.
    — Et que dit l’aubergiste ?
    — Il jure ses grands dieux qu’il ne sait rien !
    — Il fallait le rosser. Cela lui eût délié la langue. Après ?
    — Après, Pardaillan ?… Sur de vagues indications, je suis parti comme un fou, j’ai exploré les rues qui avoisinent la Grève, je suis revenu à l’auberge, je suis reparti, et enfin, me voici… désespéré à la mort…
    Pardaillan garda le silence. Il réfléchissait, caressant d’une main distraite la tête du chien posée sur ses genoux.
    — Oui, gronda-t-il enfin, comme se parlant à lui-même, c’est bien le temps des rapts, des viols, des vols, des meurtres, des trames sombres. Qui peut avoir intérêt à faire disparaître une pauvre petite bohémienne ? Qui sait ?… Et qui sait aussi qui peut bien être cette enfant ?… Et qui sait les accointances que peut avoir ce Belgodère ?… J’ai vu sur les plages de la Méditerranée les crabes s’en aller, louches et tortueux, vers de noires tanières. Le bohémien ressemble à ces crabes… il a leur allure oblique, leur indéchiffrable physionomie…
    — Pardaillan, Pardaillan, vous me faites frémir !
    Le chevalier haussa les épaules. Tout à coup, ses yeux se fixèrent avec plus d’attention sur le chien. Il tressaillit, médita un instant, et relevant la tête :
    — Auriez-vous d’aventure un objet quelconque ayant appartenu à cette jeune fille ?…
    Le duc d’Angoulême rougit, soupira, et finit par tirer de son pourpoint une écharpe en soie brodée.
    — Je l’ai… ramassée, hier, dans la voiture du bohémien, balbutia-t-il en la tendant au chevalier.
    — Dites donc que vous l’avez volée, fit paisiblement Pardaillan qui fourra l’écharpe dans sa poche, se leva, reboucla sa rapière et ajouta : rentrez chez vous, monseigneur, et attendez-moi rue des Barrés. Peut-être ce soir ou demain matin vous apporterai-je des nouvelles… car j’ai un guide sûr.
    — Un guide ?…interrogea Charles.
    — En route, Pipeau ! commanda Pardaillan au chien qui poussa un aboi sonore. Te voilà bien vieux et goutteux, et sage, tel un bedeau, mon pauvre camarade ; mais je pense qu’il te reste assez de nez pour conduire encore ton maître… bien que ton maître ne soit ni aveugle, ni manchot, ni boîteux, ajouta-t-il en grommelant.
    Pipeau remua gravement la queue. A ce moment, l’hôtesse déposait sur la table les premiers éléments d’un dîner qui devait être une merveille, petits pâtés de la maison, éperlans de Seine, bécassines lardées, jeunes canards à la casserole, cuissot de chevreuil des forêts de Compiègne, flans à la
Devinière
, gelées de fruits confits, sans compter mainte autre friandise, enfin, un repas comme on n’en eût préparé dans cette rôtisserie ni pour Sa Majesté le roi de France ni même pour cette autre Majesté Henri de Guise, lieutenant général de la Sainte Ligue.
    — Eh quoi ! demanda Huguette d’une voix tremblante, vous partez ? Sans faire honneur à mon dîner ?…
    — Dîner digne de deux empereurs, dit Pardaillan qui jeta un regard de regret sur les somptuosités gastronomiques d’où montaient des parfums délectables.
    — Hélas ! il ne fut ordonné qu’à votre intention… Qui va être digne de le manger ?…
    — Qui, ma chère Huguette ? Par Dieu ! s’écria Pardaillan dont l’œil s’illumina d’une flamme de bonté pour ainsi dire blagueuse, je veux aujourd’hui faire deux empereurs ! Promettez-moi de servir mes invités comme moi-même… pour l’amour de moi !
    — Je vous le promets, monsieur le chevalier, dit l’hôtesse tout étourdie.
    Pardaillan traversa majestueusement la salle qui commençait à s’emplir de buveurs : officiers, gentilshommes, écoliers, élégante et tapageuse clientèle ordinaire de la
Devinière
. Sur le perron, il s’arrêta et considéra un instant les passants, faisant son choix, et cherchant deux invités dignes de lui, dignes du merveilleux dîner d’Huguette.
    — Hola ! cria-t-il soudain à deux hommes qui vinrent à passer. Veuillez entrer, messeigneurs… Oui, vous… vous, le grand noir au nez de corbeau, et vous, le grand échalas, aux yeux de vrille… c’est bien à vous que ce discours s’adresse ! Faites-moi l’honneur de venir dîner céans : je vous invite !
    Les deux hères auxquels s’adressait le discours en question s’arrêtèrent

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