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La Fausta

Titel: La Fausta Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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étrange, hallucinant. De chaque côté du fauteuil, une femme debout manœuvrait en gestes lents et doux un immense éventail de plumes…
    Henri deGuise entra brusquement, de cette allure violente, de ce pas rude et pesant par quoi il cherchait à imposer l'étonnement et presque la terreur dès son seul aspect. Mais devant Fausta, il s'arrêta court et, avec un frémissement de tout son être, s'inclina très bas. Lorsqu'il se redressa, son visage apparut en pleine lumière, si pâle que la cicatrice de sa balafre semblait d'un rouge sanglant. Ses yeux vacillants se posèrent un instant sur les deux femmes qui, impassibles, continuaient leur besogne.
    - Vous pouvez parler, duc, dit la mystérieuse princesse avec un sourire qui était un poème de grâce; Myrthis et Léa n'entendent ni le français ni aucune langue d'Europe… et d'ailleurs, elles savent qu'elles n'ont le droit ni de rien écouter, ni de rien voir…
    - Madame, dit alors Henri deGuise d'une voix rauque, vous le voyez, je me rends à votre appel, et je…
    Il s'arrêta un instant, suffoqué, grinçant, écumant.
    - Votre émissaire, reprit-il, m'a tout dit. J'ai souffert depuis hier comme un damné… Des preuves, madame!… Je veux des preuves!…
    - Vous… voulez? dit Fausta d'un ton de suprême hauteur qui glaça Guise soudain courbé.
    - Pardonnez-moi, bégaya-t-il. J'ai la tête perdue… Oh! tenir ce comte deLoignes comme j'ai tenu Saint-Mégrin!… Vous ne savez pas que je n'ai pas d'ennemi plus cruel!… Vous ne savez pas que c'est l'un des Quarante-Cinq d'HenriIII… le plus féroce, le plus hideux de ces chiens dressés par Valois à chasser dans l'ombre les meilleurs de mes amis!… Vous ne savez pas que je le haïssais déjà de toute mon âme, et que maintenant, cette haine est devenue de la frénésie!…
    - Ainsi, dit doucement Fausta, si… on vous donnait… des preuves…
    - Oh! malheur à lui!… gronda Guise dont les yeux s'injectèrent.
    - Mais elle?… reprit Fausta en jouant avec la cordelière de sa robe. Elle?… Pauvre femme! Pauvre affolée d'amour!… J'espère que ce n'est pas sur elle que retomberait votre vengeance?…
    - Assez, madame, rugit Guise hors de lui, assez, par pitié!… Si la duchesse a poussé l'abjection jusqu'à aimer un Loignes, si elle m'a infligé cette honte suprême, il faut qu'elle meure!… il faut qu'ils meurent ensemble!…
    La Fausta tressaillit; une imperceptible rougeur monta à son front pur.
    - Duc, dit-elle, souvenez-vous que des intérêts puissants vous sont confiés. Souvenez-vous que j'ai seulement voulu libérer votre esprit des pensées qui le paralysent. Souvenez-vous que vous êtes pour le peuple le Fils de David, et pour nous le Fils bien-aimé de notre Eglise, le roi de France!…
    Sa voix, jusqu'ici grave, impérative et presque dure, reprit une intonation d'une enveloppante douceur:
    - Allez, duc, continua-t-elle en frappant sur une sorte de large timbre, accomplissez l'acte nécessaire qui doit rendre enfin la paix à votre âme… suivez votre guide… vous verrez, vous entendrez, et vous serez convaincu…
    Guise haletant, ivre de vengeance, gronda:
    - Si je vous dois cela… je vous devrai plus que le trône!
    A ces mots, il s'inclina avec ce respect religieux qui courbait tous ceux qui approchaient Fausta, et voyant un homme qui, au coup de timbre, venait d'entrer, le suivit précipitamment, la main au manche de sa dague.
    Alors Fausta s'approcha d'une lourde tapisserie qu'elle souleva. Derrière la tapisserie il y avait une porte fermée, sur le panneau de laquelle s'ouvrait un judas… Et cette porte faisait communiquer la maison Fausta avec l'auberge voisine!
    L'homme qui conduisait Guise sortit de la maison, et se dirigea droit sur l'entrée du
Pressoir de Fer
. L'auberge paraissait silencieuse et muette, toutes ses fenêtres éteintes. Mais l'homme gratta à la porte qui s'ouvrit et, quelques instants plus tard, le duc deGuise se trouvait dans l'intérieur de ce cabaret tenu, disait l'enseigne, par «La Roussotte et Pâquette».
    Deux grosses filles joufflues, très peintes, couvertes de bijoux et très court vêtues s'avancèrent au-devant de lui en souriant et exécutant des révérences qu'elles devaient croire de fort bon air.
    - Qui êtes-vous, ribaudes? gronda Guise dont la main tourmentait le manche de sa dague.
    - Moi, dit l'une, qui malgré les cosmétiques paraissait la quarantaine, je suis la Roussotte, pour vous servir.
    - Et moi, dit l'autre, d'une voix

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