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La Fausta

Titel: La Fausta Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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prévint que la terreur allait s'emparer d'elle… Elle sourit pourtant et, hardie, demanda:
    - Et vous, messire, ne tiendrez-vous pas la gageure? Bas le masque, messire!… Allons vite… qu'on voie…
    Elle s'arrêta net, la voix étranglée soudain: Guise venait de rejeter le manteau de soie qui cachait son costume. La duchesse devint très pâle.
    - Eh! monsieur, ricana le comte deLoignes, ôtez donc votre masque, puisque madame vous en prie.
    Guise laissa tomber son masque. Au même instant, le comte deLoignes se redressa, livide, tandis que les deux autres hommes gagnaient la porte; la duchesse deMontpensier se sauva; Claudine deBeauvilliers s'évanouit, et la duchesse deGuise, malgré toute son audace, ne put retenir un faible gémissement.
    Guise en effet, Guise silencieux, la lèvre tremblante, la dague à la main, avait une de ces physionomies comme elle lui en avait vu deux ou trois fois. Elle voulut se lever, faire un geste, balbutier une parole; mais elle demeura paralysée, fascinée, se disant qu'elle allait mourir…
    Le duc était d'un côté de la table; deLoignes, en face, de l'autre côté. Ce furent deux ou trois secondes d'horreur dans ce funèbre silence.
    - Monsieur, dit enfin le comte deLoignes, je dois vous dire que certaines apparences ne doivent… ne peuvent…
    Il n'eut pas le temps d'en dire plus long. Sa voix avait pour ainsi dire brisé le charme qui, pour quelques instants, enchaînait Henri deGuise.
    Au premier mot de Loignes, le duc se ramassa sur lui-même; sa figure prit une expression à la fois lamentable et tragique, une sorte de rugissement sur ses lèvres; d'un effort énorme, il écarta, renversa la lourde table et, dans la seconde qui suivit, il y eut le geste rapide, insaisissable d'un bras qui se lève et qui retombe… Un jet de sang inonda le parquet. Loignes tomba comme une masse, sans un cri.
    Guise se baissa, hagard et, d'un geste violent, retira le poignard enfoncé jusqu'à la garde. Alors sa fureur se déchaîna; la vue du sang, le meurtre accompli, ces parfums d'ivresse et d'orgie, la rage concentrée en lui-même, tout cela, en un inappréciable instant, le transforma en une bête sauvage… Il se retourna vers la duchesse, sa dague toute rouge à la main. Et il la vit qui bondissait affolée, franchissait la porte, s'enfuyait.
    Il se rua…
    Des insultes affreuses, des cris rauques éclatèrent. La duchesse, avec un long gémissement d'épouvante mortelle, franchit deux salles, arriva à la porte extérieure, l'ouvrit, se jeta au-dehors… Guise, avec les mêmes insultes proférées d'une voix de fauve, la poursuivit jusque dans la salle du cabaret; là, il trébucha contre une table, sa tête tourna, il sentit le sol se dérober sous ses pas, et il s'affaissa, évanoui, assommé par le coup de fureur, tenant dans sa main crispée le poignard rouge.
    * * * * *
    Dans la pièce où le comte deLoignes gisait inanimé, une porte secrète, masquée par des tapisseries… une porte qui faisait communiquer l'auberge avec le palais… s'ouvrit sans bruit. Une femme entra. Elle jeta un regard à peine sur Loignes, traversa rapidement, et parvenue dans la salle de cabaret, vit la porte ouverte.
    - Catherine deClèves est morte! murmura-t-elle. Henri deGuise sera roi de France, et moi reine!…
    Un sourire terrible illumina son visage… Mais soudain, comme elle marchait à la porte, son pied heurta le duc de Guise évanoui, étendu sur le carreau. Elle le reconnut aussitôt… Son œil se dilata… Cette figure impassible, marmoréenne, parut un instant bouleversée; mais, presque au même moment, elle s'apaisa.
    - Catherine deClèves a échappé! dit sourdement Fausta. Un retard. Un obstacle. Il faut trouver autre chose!…
    Alors, lentement, Fausta revint sur ses pas. Un homme agenouillé près du comte deLoignes sondait la blessure. La reine Margot et Claudine deBeauvilliers avaient disparu. La salle, avec ses lumières, ses parfums violents, sa table renversée, ce blessé sur lequel se penchait quelqu'un, la salle était lugubre. Fausta s'approcha de celui qui étudiait la blessure de Loignes, et le toucha à l'épaule. Le quelqu'un se redressa.
    - Est-ce qu'il est mort? demanda Fausta.
    - Non, madame… et même, il ne mourra pas…
    Fausta demeura pensive, roulant dans sa tête des combinaisons lointaines, indéchiffrables.
    - Maître Ruggieri… reprit-elle, que faudrait-il pour que cet homme meure?
    - Vous pouvez le faire achever madame, dit avec une effrayante

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