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La Fausta

Titel: La Fausta Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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Pardaillan. De grâce, madame, laissez-vous parler à cœur ouvert. Vous êtes venue en France pour accomplir cette œuvre. Eh bien, voyez-vous, ce que vous avez de mieux à faire, c'est de vous en retourner dans l'admirable pays où l'on respire l'amour et la joie, où chaque passant est peut-être un grand peintre ou un beau poète, où les femmes ont des sourires de déesses… Ici, madame, vous ne réussirez pas!
    - Pourquoi? gronda Fausta… pourquoi?…
    - Parce que je vous ai devinée, madame! Parce qu'une femme qui rêve de s'appeler Papesse au lieu de s'appeler la Joie et l'Amour (Fausta pâlit horriblement) est une chose qui me blesse, moi, et me paraît extravagante! parce que vous voulez, enfin, monter sur le trône auprès d'un homme que j'ai résolu d'écarter du trône!…
    - Mais pourquoi ne réussirais-je pas? dit Fausta d'une voix caressante.
    - Parce que vous allez me trouver sur votre chemin, madame!
    Sur ces mots, Pardaillan s'inclina profondément. A ce moment retentit un coup de sifflet strident. Et en se redressant, le chevalier put croire qu'il avait fait un rêve fantastique, car la mystérieuse Fausta avait disparu!… Il se retourna vivement.
    - Ah! ah! s'écria-t-il en éclatant de rire, il paraît que la Papesse n'aime pas plus la vérité que le Pape! Peste! Trois… sept… douze!… Ca, messieurs, qu'êtes-vous? Evêques ou cardinaux, ou marguilliers?…
    En parlant ainsi, Pardaillan, de ce geste qui le faisait si terrible dans l'action, avait tiré sa longue et large rapière, et s'acculant d'un bond à l'angle gauche de la pièce, était tombé en garde… En effet, au coup de sifflet, en même temps que Fausta disparaissait par une porte dissimulée derrière les tentures du dais, une douzaine d'hommes masqués s'étaient rués, l'épée où le poignard à la main… Ils ne disaient pas un mot, ne jetaient pas un cri…
    A l'instant, la salle se remplit du cliquetis des fers froissés et choqués; puis, coup sur coup, il y eut un gémissement bref et un hurlement prolongé: le gémissement venait de l'un des assaillants qui venait de tomber raide mort; le hurlement venait d'un blessé qui se retirait de la bagarre.
    Pardaillan, acculé à son angle, ramasse sur lui-même, l'œil calme et brillant, la physionomie étincelante d'une sorte de griserie, ne faisait que peu de gestes; seulement chacun de ses gestes était un éclair de foudre. Les assaillants serrés lui portaient coup sur coup sans s'inquiéter de leurs blessés… Un instant le chevalier fit trois pas en avant et s'enveloppa d'un tel flamboiement d'acier qu'il y eut un recul…
    - Messieurs, un conseil! Voulez-vous?
    Les assaillants se taisaient; ils frappaient seulement avec plus de rage, et si leurs visages n'eussent été couverts, on eût pu lire sur ces visages l'étonnement prodigieux que leur inspirait cet homme.
    - Exorcisez-moi! cria Pardaillan en portant un nouveau coup suivi d'un cri.
    - Tue! Tue! crièrent les assaillants oubliant toute recommandation de silence.
    - Arrière, messieurs les marguilliers! cria Pardaillan.
    Il n'avait pas une blessure. Parmi les assaillants, cinq étaient morts ou blessés. A ce moment, sept ou huit nouveaux combattants entrèrent en scène. Ceux-ci étaient armés de pistolets!… Pardaillan était perdu!
    - J'aurais pourtant bien voulu dire un mot à Maurevert, avant de rejoindre Loïse dans le pays des rêves éternels! murmura le chevalier.
    A cet instant précis, et avant qu'un seul des pistolets eût fait feu, une porte s'ouvrit!… Dans l'encadrement de cette porte, un homme parut!… Pardaillan, échevelé, bondit comme un lion. D'une poussée terrible, il envoya l'homme rouler à dix pas, et il franchit la porte!
    * * * * *
    Cette porte, c'était celle qui faisait communiquer le palais Fausta avec l'
Auberge
du Pressoir de Fer
! Cet homme c'était le duc deGuise, que la Roussotte et Pâquette avaient rencontré et conduit jusque-là!…
    Pardaillan se trouva dans la salle de l'orgie…
    - Arrête! Arrête, vociférèrent les bravi de Fausta.
    En quelques secondes, le chevalier eut traversé deux salles et se trouva dans le cabaret: la porte par où avait fui la duchesse deGuise était entrouverte…
    - Malédiction! clama une voix que Pardaillan reconnut.
    - Et moi, je vous bénis, madame! fit le chevalier dans un cri éclatant.
    Il se trouvait dans la ruelle… L'instant d'après, il s'effaçait dans l'ombre…
    - Ouf! dit-il en s'arrêtant au bout d'une centaine de

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