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La Fausta

Titel: La Fausta Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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sombres éclairs.
    — C’est la guerre civile déchaînée, dit Catherine, et Dieu sait au profit de qui elle tournera…
    Une fois encore, elle semblait abandonner son fils !… Elle admettait la royauté de Guise !
    — Voyez-vous un autre moyen d’arrêter le Béarnais ? demanda le duc avec une insolente ironie.
    — Il y en a un, dit Catherine gravement, un seul… c’est d’attendre la mort de mon fils…
    Guise tressaillit violemment. Catherine, à ce moment, paraissait auguste de douleur et de majesté. Elle poussa un profond soupir.
    — Vous savez, dit-elle d’une voix infiniment douce et triste, que le pauvre enfant est condamné ; vous savez que les médecins les plus experts ne lui accordent pas plus d’un an à vivre maintenant… Duc, écoutez-moi… Ne voyez en moi qu’une mère affligée, une chrétienne qui veut mourir en paix, en accomplissant jusqu’au bout son devoir… Henri est mon dernier enfant… tous les autres sont morts… Après lui, la dynastie des Valois est donc éteinte.
    Guise, maintenant, écoutait avec une telle attention que le chapeau qu’il tenait à la main lui glissa des doigts et roula jusqu’aux pieds de Catherine sans qu’il s’en aperçût… Sur ce chapeau, la reine posa le bout de son pied…
    Un imperceptible sourire, rapide et livide comme un éclair d’orage, balafra ses lèvres minces.
    — Mon fils meurt dans quelques mois, reprit-elle avec ce calme terrible d’une mère qui a renoncé à tout au monde en présence de la catastrophe attendue, qui va succéder à la race des Valois éteinte ?… Qui donc, sinon celui que le roi Henri III aura désigné lui-même ?…
    — Achevez, madame, balbutia Guise en prenant une attitude plus respectueuse.
    — Et qui donc Henri III désignera-t-il, sinon celui que je lui aurai nommé moi-même ? car grâce à Dieu, si je ne suis plus reine, je suis encore mère ; si je n’ai plus de pouvoir à la cour, j’ai gardé tout mon pouvoir sur le cœur de mon enfant… Il reste donc uniquement à savoir qui est celui que je désignerai !… Vous voyez, duc, que je puis encore beaucoup… et que moi morte… car je mourrai de la mort de mon fils… c’est encore celui qui m’aura agréé qui aura le plus de chance de régner sur ce pays…
    — Et celui-là, madame, palpita Guise, qui est-il ?…
    A ces mots, Catherine comprit que la victoire lui appartenait. Elle vit tout le travail qui venait de s’accomplir dans l’esprit de Guise, et qu’il se rendait à discrétion.
    — Celui-là, dit-elle avec cette sorte d’indifférence qu’elle avait adoptée, celui-là, c’est celui qui m’aidera, je veux dire aidera mon fils à terrasser pour toujours le Béarnais… Par la naissance, la force, l’énergie et la grandeur, je ne vois qu’un homme capable de remplir ce rôle : c’est vous, mon cousin.
    Guise s’inclina profondément, prêt à s’agenouiller devant cette femme si vraiment supérieure par sa connaissance du cœur humain. Le duc frémissait d’espoir et d’orgueil. Ce que lui offrait Catherine, c’était la royauté assurée, la royauté sans la conquête, sans la guerre avec Henri III, sans la guerre avec les huguenots, la victoire sûre, la reconnaissance de ses prétentions par le roi légitime !… Et pour cela, que lui demandait-on en revanche ?…
    D’attendre que le roi fût mort.
    Pas d’avantage. Un an à peine, et Guise était roi sans contestation possible. Un an ?… Qui savait ?… Et si la mort était trop lente au gré du prétendant, ne pouvait-on la hâter ?…
    Voilà les effroyables pensées qui s’agitaient à cette minute dans l’esprit de Guise. Et il éprouvait un immense soulagement à se dire que l’intervention de la vieille reine arrangerait la situation d’un seul coup. Ainsi le duc de Guise, qui une heure avant était résolu à pousser sa victoire, à se faire sacrer roi et à commencer la guerre, songeait maintenant à faire de la diplomatie.
    Guise était un loup : il oublia qu’il devait agir en loup… En cette minute, peut-être, il consentit sa perte ! Aux dernières paroles de Catherine, il répondit en se redressant :
    — Madame, quand voulez-vous que j’aille chercher le roi pour le ramener triomphant à son Louvre ?
    Catherine ferma un instant les paupières comme pour réfléchir, en réalité pour voiler l’éclair de malice et de gaieté sinistre qui pétillait dans ses yeux.
    — Mon cousin, dit-elle, nous irons

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