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La Fausta

Titel: La Fausta Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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droite, le pas assuré, il se mit à se promener lentement, les mains au dos. Catherine le contemplait avec une apparente vénération ; mais un mince sourire de scepticisme crispait sa lèvre.
    — Une des plus fortes causes de la haine qui m’enveloppe, continua le pape, c’est que je suis parti des plus basses régions où croupit dans la misère la multitude de ceux qu’aimait Jésus. Le monde hait la pauvreté. Le monde adore la richesse. Il en sera longtemps ainsi : c’est vainement que le Christ a voulu naître dans une étable ; c’est vainement qu’il a choisi ses apôtres parmi des pêcheurs et des cordonniers. La multitude, ma fille, veut des maîtres d’opulente apparence. Ils me reprochent surtout d’avoir été valet de ferme… Comme s’il y avait vraiment une différence entre un conducteur d’hommes et un conducteur de porcs !…
    Sixte se mit à rire doucement, mais si doux que fût ce rire, il était encore formidable. Catherine, malgré elle, frissonna. Le pape tout à coup, se tourna vers elle :
    — Votre fils Henri, madame, est un pauvre prince. Lorsque Guise, malgré sa défense, est venu à Paris, lorsqu’il est allé le braver jusque dans le Louvre, c’était le moment pour le roi de se défaire d’un homme qui pouvait le perdre. Il fallait alors…
    Il s’arrêta brusquement… Catherine s’était penchée comme pour recueillir avidement la parole qui autorisait, sanctifiait pour ainsi dire le meurtre du duc de Guise. La parole ne tomba pas, mais la vieille reine avait compris !
    — Guise, reprit le pape, m’a demandé de l’argent pour exterminer l’hérésie en France. Cet argent, je l’ai apporté, madame ; Cajetan vous dira que trente mules chargées d’or arrivent sur Paris.
    La reine frémit.
    — Je vous remercie, continua Sixte, de m’avoir révélé un Guise que je ne connaissais pas ; les millions qui viennent s’en retourneront à Rome.
    La reine respira.
    — C’est vrai, poursuivit le vieillard, j’ai eu peur d’Henri de Béarn. J’ai eu peur de voir l’hérésie s’asseoir avec cet homme sur le trône de France. J’ai vu que votre fils tout entier à l’orgie ne pouvait lutter avec le Huguenot. La France, perdue pour l’Eglise, madame, c’était une de ces catastrophes auxquelles les papes doivent parer coûte que coûte. Malgré toute mon affection pour vous, j’ai donc dû abandonner Henri III. Je l’ai fait en pleurant du chagrin que j’allais vous causer. Et je me suis tourné vers Guise… J’avoue que le duc m’apparaissait avec la Ligue comme le champion des destinées de l’Eglise. Je me suis trompé… vous venez de me le prouver… Et que dois-je faire à présent ?… Votre fils est faible… Qui donc va nous sauver de l’hérésie !…
    Catherine, alors, se redressa lentement ; et elle qui n’avait encore rien dit, elle qui avait écouté en silence cette sorte de monologue du pape, répondit :
    — Moi !…
Me, me adsum
 !… Je suis là, moi !… Ce qui m’épouvantait, Saint-Père, ce qui me paralysait, c’était de savoir que Votre Sainteté n’était pas avec nous. Que dis-je !… Vous étiez contre nous ! Vous étiez avec l’ennemi mortel de ma maison, avec Guise !… Ah ! Saint-Père, que je sois simplement assurée de votre neutralité, je n’en demande pas plus, et vous me verrez à l’œuvre !… Est-ce que mon fils compte ? Ce qui compte, c’est moi ! J’ai de l’argent : je trouverai des hommes. Je me charge, à moi seule, vieille combattante, de fomenter la destruction de l’hérésie, de rétablir toute l’autorité de l’Eglise, et de cimenter l’autorité royale… Par le sang de mon père, mes mains ne tremblent pas… Quant à Guise, j’en fais mon affaire !
    — Et que faut-il pour tout cela ? demanda Sixte en souriant.
    — Votre neutralité, d’abord !…
    — Elle vous est acquise : je ne me mêlerai des affaires de France que lorsque vous m’appellerez… Ensuite ?
    — L’appui de Philippe d’Espagne !…
    — Dès aujourd’hui j’enverrai Cajetan au roi Philippe et le sommerai de vous venir en aide… Ensuite ?…
    — Votre bénédiction, Saint-Père ! dit Catherine en tombant à genoux.
    Sixte Quint leva la main droite et bénit des trois doigts la reine prosternée. Et en même temps que la bénédiction, tombait sur Catherine le sourire énigmatique du vieillard.
    — Saint-Père, dit la vieille reine en se relevant, pendant toute votre

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