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La Fausta

Titel: La Fausta Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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cheveux hérissés, le front baigné d’une sueur glacée…
    Une heure se passa avant qu’il pût reprendre ses esprits. A peu près calmé, il parvint à se relever péniblement… Alors, il se demanda s’il n’avait pas rêvé. Le silence profond de la chapelle, les choses habituelles à leur place, la porte des tombeaux bien fermée, tout lui prouvait qu’il avait été la proie d’une hallucination. Il en éprouva comme un regret…
    — Le rêve eût été trop beau, murmura-t-il… le droit de l’aimer !…
    Et comme il se mettait en marche, son pied heurta un objet qui rendit un son clair. Il se baissa, le ramassa, et un grondement de joie furieuse, de terreur aussi, expira sur ses lèvres bleues… Cet objet… c’était la dague que l’ange tenait à la main pendant l’apparition !… L’ange lui avait laissé une preuve matérielle de sa descente sur la terre !…
    — Oh ! rugit le moine en serrant la dague dans sa main convulsée, je n’ai pas rêvé ! J’ai vu ! J’ai entendu !… J’ai le droit de l’aimer !… Car voici l’arme avec laquelle je dois tuer le tyran !…
    Egaré, titubant, se heurtant aux bancs, il sortit à tâtons de la chapelle, regagna en courant sa cellule, et tomba haletant sur sa couchette où il s’évanouit, la dague dans sa main crispée.
    q

Chapitre 18 LE MOULIN DE LA BUTTE SAINT-ROCH
    P icouic et Croasse avaient réalisé leur rêve et vu leurs sagaces efforts couronnés d’un plein succès : ils avaient été promus à la dignité de laquais de M. le duc d’Angoulême. Ce n’était pas tout à fait ce qu’ils avaient souhaité, puisque c’était surtout l’honneur de servir le chevalier de Pardaillan qu’ils avaient ambitionné. Mais Pardaillan et le jeune duc vivant d’une vie commune pour le quart d’heure, les anciens hercules de Belgodère s’étaient d’autant plus tenus pour satisfaits qu’en devenant les laquais de Charles d’Angoulême, ils espéraient être surtout les écuyers de Pardaillan pour qui ils éprouvaient une admiration sans bornes.
    Le jour où la chose avait été discutée, le chevalier leur avait répondu que l’état de sa fortune et l’incertitude de sa vie errante lui défendaient le luxe d’un laquais, à plus forte raison de deux serviteurs.
    — Mais, monseigneur, avait objecté Picouic…
    — Et puis, interrompit Pardaillan, vous m’appelleriez tout le temps monseigneur, ce qui me rompt les oreilles.
    — Qu’à cela ne tienne, dit Croasse, nous vous appellerons sire.
    — « Monsieur » suffit, dit froidement Pardaillan.
    — Comme pour le frère du roi, insinua Picouic.
    — Tiens ! mais tu n’es pas bête, l’homme au nez pointu…
    — J’ai fait mes humanités, fit modestement Picouic. Si monsieur veut nous mettre à l’essai, il verra qu’il n’aura pas lieu de s’en repentir.
    — Mais avec moi vous n’avez que des coups à gagner. Courir les routes, coucher à la belle étoile, quand ce n’est pas à la mauvaise, s’endormir parfois le ventre vide, avoir plus souvent la rapière qu’un verre à la main, il n’y a rien là qui puisse vous séduire.
    — En effet, dit Croasse avec une grimace.
    — Avec vous, monsieur, reprit Picouic, en foudroyant son compagnon du regard, je risquerais volontiers de pires aventures.
    Là-dessus, Charles d’Angoulême était survenu et, séance tenante, avait embauché les deux hères : ils avaient connu Violetta et ils pourraient sans doute lui donner de précieuses indications. Le jour même, les deux hercules furent installés dans la maison de la rue des Barrés et furent habillés de neuf.
    — Brûlons nos vieilles hardes de baladins, proposa Croasse.
    — Gardons-les, au contraire. On ne sait ce qui peut arriver. Ta nouvelle position sociale t’étouffe d’orgueil. Mais moi je sais prévoir l’avenir… J’ai le nez long.
    — Oui, dit Croasse étonné.
    Le lendemain de cet heureux jour où les deux pauvres diables trouvèrent ce que Picouic avait justement appelé une position sociale, c’est-à-dire la niche et la pâtée assurées pour longtemps, le chevalier de Pardaillan et le jeune duc sortirent dans l’intention de se rendre à l’abbaye de Montmartre pour essayer de tirer quelques renseignements de la bohémienne Saïzuma. Picouic et Croasse, fiers comme deux Artabans dans leurs habits tout battant neufs, et d’ailleurs armés jusqu’aux dents, suivaient leurs maîtres à dix pas.
    Tout en donnant la réplique à

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