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La fée Morgane

La fée Morgane

Titel: La fée Morgane Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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je visiterai toutes les villes et toutes les
forteresses jusqu’au jour où je les découvrirai, s’écria Lancelot avec une
telle force que Saraïde ne put s’empêcher de sourire. – Beau Trouvé, dit-elle, tu
es toujours le même, tel que tu étais enfant, aussi exalté, aussi emporté, aussi
tenace dans ta détermination. Tu es bien un fils de roi, et tu es digne de l’estime
qu’on te porte. Mais ce serait beaucoup de peine et beaucoup de temps pour rien,
Lancelot. Aussi vais-je te guider vers le lieu où ils se trouvent. – Tu le
connais ? s’étonna Lancelot. – La Dame du Lac sait tout ce qui se passe en
ce monde. N’oublie pas qu’elle a obtenu la vision des choses grâce à Merlin. Et
je n’ai jamais connu d’homme plus sage et plus avisé que lui. »
    Elle éperonna son cheval qui bondit à travers les landes et
Lancelot en fit de même. Ils longèrent une forêt dense et ombreuse, puis
suivirent le cours d’un ruisseau avant de parvenir à une colline parsemée de
roches rougeâtres qui semblaient surgir du fond de la terre. Saraïde s’arrêta.
« Voici l’endroit où je devais te mener, Lancelot. Mais avant de te
quitter et de te laisser accomplir ta mission, je vais te révéler encore une
chose. Vois-tu ce val profond et ténébreux ? Il est sous le coup d’un sortilège.
Ainsi, nul homme qui y a pénétré ne peut en sortir s’il a une seule fois été
infidèle à la femme qui a reçu son serment. Et ils sont nombreux, les
chevaliers d’Arthur, qui y sont retenus malgré eux. Je pense que c’est une
caractéristique des hommes de ne jamais être fidèles à celle qu’ils ont juré d’aimer
toute leur vie. Le sortilège est ainsi fait qu’il ne pourra être levé que par
un homme qui n’a jamais failli à celle qu’il aime. À toi de tenter l’épreuve.
    — Je n’ai jamais reculé devant une épreuve, dit
Lancelot, mais je ne crois pas être celui qu’on attend, car j’ai commis une
faute envers Guenièvre, une faute très lourde que je ne pourrai jamais oublier.
– Enfant, répondit Saraïde, je sais de quoi tu parles. Ne te juge pas coupable,
car tu n’es aucunement responsable de ce qui est arrivé. Quand la reine Ygerne
a conçu le roi Arthur, elle ne savait pas que l’homme qui l’étreignait n’était
pas son mari, mais le roi Uther Pendragon. C’est Merlin qui l’avait voulu ainsi
et qui avait usé de ses artifices pour qu’elle ne s’en aperçût pas. Il le
fallait. Il fallait qu’Arthur pût naître de cette union. Et quand tu étais à
Corbénic, lorsque tu as rejoint la fille du roi Pellès dans son lit, c’est
parce que tu étais sous le coup d’un enchantement : tu croyais réellement
qu’il s’agissait de la reine Guenièvre. Mais, là encore, il le fallait pour que
naquît un fils de ta lignée et de la fille du Roi Pêcheur. Merlin l’avait
prédit, et tout s’est passé selon sa volonté. » Lancelot soupira :
« Tu as peut-être raison, mais j’en ai gardé le cœur lourd. – Oublie tout
cela et délivre les chevaliers d’Arthur qui moisissent au fond de cette vallée.
Va maintenant, et sois digne de celle qui t’a élevé. » Et sans plus
attendre, Saraïde éperonna son cheval et disparut.
    C’était déjà le soir, et les ombres commençaient à s’allonger
sur le sol. Lancelot examina soigneusement le paysage qui s’offrait à lui. La
forêt s’ouvrait brusquement et laissait place à des landes sans fin du côté du
soleil couchant. Au bout de l’horizon, des traînées rouges et jaunes striaient
le ciel. Au-dessous, la vallée se perdait dans une ténébreuse verdure. Tout
semblait vide et calme. Rien ne montait des entrailles de la terre, pas même un
cri, pas même un murmure du vent sur les feuilles des arbres. Lancelot sauta à
bas de son cheval et, son épée à la main, descendit le long des flancs de la
vallée.
    Alors, les enchantements se réveillèrent. Devant lui, il aperçut
une muraille formée de bois et de blocs de pierre impressionnants, et dans
laquelle se trouvait une porte de fer. Il s’en approcha et tendit la main vers
la serrure. Mais quand il fut près de la porte, celle-ci s’écroula dans un
grand bruit de branches brisées. Il entra par cette trouée béante et, se
retournant, n’aperçut plus aucune trace du mur qui, quelques instants auparavant,
interdisait encore le passage vers la vallée. Lancelot continua son chemin et
rencontra une autre muraille, avec une autre porte de fer.

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