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La fée Morgane

La fée Morgane

Titel: La fée Morgane Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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Tout se passa comme
pour la première. Il y en eut sept en tout, qu’il franchit aisément et qui
disparurent de la même façon.
    Alors apparut à ses yeux une haute palissade en fer : sur
chacun des pieux qui la maintenaient était fichée une tête d’homme aux yeux
clos. D’un coup d’épée, Lancelot démolit la palissade et les têtes disparurent
comme si elles n’avaient jamais existé. Il suivit alors un sentier très étroit
et s’arrêta brusquement : il sentait le sol se dérober sous lui. Il était
au bord d’une fosse et, au fond de cette fosse, sept serpents à la langue enflammée
tendaient vers lui leurs têtes hideuses en poussant des sifflements stridents.
    Lancelot frappa sept fois de son épée et les sept têtes tombèrent
dans la fosse. Il sauta ensuite par-dessus et continua sa descente par le
sentier étroit. Mais, une fois de plus, il sentit que le sol se creusait :
un instant horrifié, il aperçut d’énormes crapauds qui surgissaient de la terre,
les yeux luisants comme des escarboucles. Et ces crapauds montaient, s’accrochaient
à ses jambes, voulant gagner sa poitrine dans l’intention certaine de lui
dévorer le cœur. Lancelot se secoua de toutes ses forces, piétina les monstres
avec rage et violence, tant et si bien que les affreuses bêtes disparurent et
qu’il se retrouva sur un sol parsemé de touffes de bruyère.
    Il descendit encore mais des chiens, dont les pattes étaient
pourvues de griffes acérées et dont la gueule dégoulinait de sang, s’élancèrent
vers lui, surgissant des fourrés, prêts à lui sauter à la gorge. Il fit voler
son épée à gauche et à droite, partout où il le pouvait. Et, de nouveau, ce fut
le silence, un silence trompeur, pareil à celui qui précède les grands orages
sur toutes les forêts du monde.
    Lancelot se retrouva alors dans une clairière : au
milieu, se tenait un homme immense, haut et gros comme une tour de moulin, qui
tenait dans sa main une épée longue et acérée. En ricanant, il la fit tournoyer
en l’air et des myriades d’étincelles s’envolèrent sur les arbres d’alentour. Lancelot
ne prit pas le temps de réfléchir : il bondit en avant contre le géant, sans
se soucier de l’arme terrible qui le frôlait. Au moment où le géant allait lui
fracasser le crâne, Lancelot leva sa propre épée et, d’un geste brusque, l’enfonça
jusqu’à la garde au travers du corps monstrueux. Il y eut un grand tumulte et
de grands cris, un grand fracas de branches brisées auquel répondit un souffle
de vent furieux qui agita et tordit le sommet des arbres. Mais, du corps du
géant, il n’y avait nulle trace.
    Lancelot s’élança encore plus en avant. Mais son élan fut arrêté
net par ce qu’il découvrit : une muraille de flammes plus hautes que des
maisons lui interdisait toute approche. À droite, à gauche, des flammes, rien
que des flammes qui se tordaient avec un crépitement sinistre et dégageaient
une chaleur intolérable. Mais, surmontant sa crainte, Lancelot se dirigea d’un
pas très sûr vers le feu, son épée dressée devant lui. Or, dès qu’il atteignit
les premières flammes, celles-ci s’évanouirent. En quelques instants, la
muraille de feu s’était éteinte.
    À présent, une lumière étrange, comme venue des astres, brillait
dans le fond de la vallée. Lancelot aperçut des maisons bien bâties, finement
décorées, des fontaines où l’eau coulait avec un joyeux murmure. Sur un pré, des
tables étaient dressées et des hommes jouaient aux échecs en buvant le contenu
des coupes que remplissaient à chaque instant des échansons vêtus de velours
rouge. Plus loin, des chevaliers dormaient à même le sol, perdus dans des rêves
d’ivrognes. Il reconnut Kaï et Bedwyr, mais ceux-ci ne lui prêtèrent aucune
attention. Puis, il en vit d’autres qui se querellaient et s’injuriaient, se
menaçant de leurs épées. Et, parmi eux, se trouvaient Gauvain, le neveu d’Arthur,
ainsi qu’Yvain, le fils du roi Uryen.
    Lancelot les interpella, mais aucun d’eux ne parut s’apercevoir
de sa présence. Il allait de groupe en groupe comme au milieu de fantômes. Pourtant,
c’étaient bien les compagnons de la Table Ronde. Quelle malédiction les avait
donc frappés pour qu’ils ne le reconnussent pas ? Il traversa une
assemblée qui s’esclaffait devant les pitreries d’un jongleur, puis une deuxième
qui contemplait de belles filles dansant au son d’une musique suave.

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