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La fée Morgane

La fée Morgane

Titel: La fée Morgane Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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intense. Il ne put s’empêcher d’embrasser
Luned : « Ah ! s’écria-t-il, douce amie, comment te récompenserai-je
de ce service ? Jamais je ne pourrai, je le crains, t’honorer comme tu le
mérites ! – Je n’en demande pas tant, répondit Luned, mais, pour l’instant,
il convient de nous mettre d’accord sur la façon dont se déroulera l’entrevue. »
Ils parlèrent encore un long moment, puis ils se mirent en route pour la
forteresse de Landuc. Le lion les suivit. Ils arrivèrent tous trois au château
et ne dirent aucune parole à ceux qu’ils rencontrèrent. Laudine se réjouit
grandement d’apprendre que sa suivante avait ramené le
Chevalier au Lion . Elle le fit entrer dans sa chambre. Yvain tomba à
genoux devant elle, la tête baissée, et elle ne put le reconnaître. « Console
cet homme et jure-lui que tu le réconcilieras avec la femme qu’il aime, dit
Luned à Laudine. – Oui, s’écria Laudine, par Dieu tout-puissant, je jure d’établir
la paix entre cet homme et sa dame ! – Eh bien, dit encore Luned, il n’y a
rien de plus facile, puisque cet homme, c’est Yvain, ton époux, et que sa dame,
c’est toi-même, celle qu’il aime le plus au monde ! »
    La dame se mit à trembler et Yvain releva la tête. Elle le reconnut
bien. « Dieu me sauve, dit Laudine à Luned, tu m’as bien prise au piège !
Tu me feras aimer malgré moi celui qui ne m’aime pas ! J’aimerais mieux
endurer toute ma vie les vents et les orages plutôt que de lui pardonner !
– Pourtant, dit Luned, tu viens de jurer. Oserais-tu renier ton serment ? »
Laudine se mit à rougir et balbutia des mots sans suite. Yvain comprit que son
affaire tournait bien et qu’elle allait se rendre. Après un long moment, Laudine
alla vers Yvain, le prit par les épaules et le releva. « Soit, je ne puis
me parjurer ; autant faire la paix entre nous tout de suite. – Grand merci,
dit Yvain, je te sais gré de me pardonner. C’est la folie qui me fit oublier le
délai que tu m’avais fixé. Je le regrette amèrement, et s’il faut faire un nouveau
serment, je peux jurer que jamais plus je n’aurai de semblable attitude. Je
veux me consacrer à toi et je défendrai la fontaine chaque fois qu’il sera
nécessaire de le faire. » Laudine et Yvain se jetèrent dans les bras l’un
de l’autre, et Luned sortit de la chambre, les yeux humides.
    C’est ainsi qu’Yvain, le fils du roi Uryen, devenu pour un
temps le Chevalier au Lion , retrouva la paix
de son cœur. Tant qu’il vécut, il n’eut pas d’autre femme et ne la quitta
jamais plus. Quant au lion, il suivit dès lors son maître dans toutes ses expéditions [37] .

6

La Princesse lointaine
    Quand Yvain se rendit en Rheged, à la cour du roi Uryen, son
père, en compagnie de son épouse Laudine de Landuc, il fut bien surpris d’y
retrouver Morgane. Uryen, en effet, qui était veuf depuis plusieurs années, avait
pris la sœur d’Arthur comme femme, bien qu’il fût bien plus âgé qu’elle et sans
se soucier de ce que ses vassaux pouvaient penser de cette union. Yvain comprit
alors pourquoi Morgane était venue à son aide lors de son séjour mouvementé au
château de Pesme Aventure. Il y eut de nombreuses réjouissances pour le retour
d’Yvain, qui raconta à son père, avec force détails, ce qui lui était arrivé
dans la forêt de Brocéliande.
    À ce moment-là, il y avait à la cour de Rheged un jeune chevalier
pour lequel Uryen éprouvait beaucoup de sympathie. Il se nommait Guigemer, et
il était le fils d’un petit seigneur de la Bretagne armorique. Son père l’avait
envoyé auprès du roi Uryen pour que celui-ci en fît un noble et preux chevalier.
Uryen avait tellement apprécié la bravoure, les manières et l’habileté de
Guigemer, qu’il en avait fait l’un de ses proches et qu’il le consultait chaque
fois qu’une décision était à prendre. Car le jeune homme était aussi sage que
brave, et tout le monde le tenait en grande affection. Les femmes de la cour l’auraient
volontiers pris comme ami, et plusieurs d’entre elles l’avaient requis d’amour,
mais Guigemer paraissait ne pas s’en apercevoir. Seul comptait pour lui l’art
de chevalerie.
    Un soir, il décida de partir à la chasse le lendemain et s’y
prépara en conséquence. En pleine nuit, il fit éveiller ses écuyers, ses
veneurs et ses rabatteurs. Au petit matin, il quitta son logis et pénétra dans
la forêt. Il fut bientôt sur la piste

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