La Femme Celte
Le
postulat fondamental d’Euclide est donc devenu une structure mentale transmissible
sans discussion.
Or, non seulement ce postulat est indémontrable, mais il
n’est pas conforme à la réalité profonde, car la ligne droite n’existe pas.
C’est ce qui a permis à Riemann d’émettre une autre proposition :
« Par un point pris hors d’une droite, on ne peut faire passer aucune
parallèle à cette droite. » Et là-dessus, comme sur le postulat de
Lobatchevsky (« on peut faire passer une infinité de parallèles »),
ont pu se constituer des systèmes parfaitement cohérents. Le règne des
Mathématiques euclidiennes était terminé, la porte était ouverte aux explorations
les plus audacieuses de la réalité, de cette réalité que les structures
mentales établies et transmissibles nous cachent derrière des brouillards,
telles les « illusions trompeuses » qu’avait discernées le génie de
Pascal au fond de chaque être humain.
Il y a donc un postulat fondamental à notre société, « la
supériorité de l’Homme sur la Femme ». Très peu de gens l’ont mis en
doute, encore moins les femmes elles-mêmes , il
nous appartiendra d’en examiner les raisons. Il paraît en effet évident que la
femme n’est pas capable d’accomplir des travaux de force et que ceux-ci sont
réservés aux représentants du sexe dit « fort ». Mais ceux qui
affirment cette évidence n’ont certainement jamais vu une ancienne paysanne aux
champs, ou n’ont jamais pensé que les femmes ont toujours vécu plus longtemps
que les hommes, compte tenu de la mortalité à l’occasion des couches (là est le
véritable point faible de la nature féminine). Et d’autre part, la femme n’a
pas toujours été considérée comme faible par rapport à l’homme. De même que la
dépendance de certains individus par rapport à d’autres, comme l’a montré
Jean-Jacques Rousseau dans son admirable Discours sur
l’Origine de l’Inégalité , est due à la division du travail, l’inégalité
entre l’Homme et la Femme est apparue à la suite de cette division du travail,
l’Homme se réservant les tâches nobles qui lui
permettaient d’être libre et de sauvegarder son autorité, la Femme reléguée aux
besognes obscures.
Enfin, la civilisation étant axée sur le rendement , qui fut à certaines époques une question
de vie ou de mort pour la race humaine, il était nécessaire d’écarter de la vie
active tout ce qui pouvait abaisser ce rendement. Par conséquent la Femme, qui
pouvait détourner l’Homme du rendement social en captant son énergie au profit
de la sexualité, devait être obligatoirement mise à l’écart du système et
confinée dans un rôle – indispensable – de reproductrice. Il ne s’agit pas de
prétendre qu’en ses débuts l’Humanité a connu des périodes heureuses où
l’équilibre entre l’Homme et la Femme était atteint. Il ne s’agit pas non plus
de faire l’éloge de soi-disant sociétés matriarcales archaïques et de les
opposer aux sociétés actuelles de type patriarcal. Il s’agit seulement de
remonter le courant dans l’Histoire, en ne négligeant aucun élément des Mythes
qui sont révélateurs de ce que l’Histoire a oublié, afin de démystifier un
postulat qui n’est peut-être plus valable à une époque où la notion de travail
de force s’estompe complètement et où la société passe du stade du rendement
pur au stade de la consommation.
Pour cela, il est nécessaire de partir d’une constatation.
L’idée de la supériorité de l’Homme sur la Femme, structure
mentale , disions-nous, est si puissante, si commune, si normale , que nous l’acquérons en quelque sorte à
notre naissance. Toute l’éducation de l’enfant repose sur cette inégalité
sexuelle. On fait savoir au garçon qu’on attend de lui qu’il se comporte différemment
de la fille : il ne doit pas pleurer comme elle, il ne doit pas être
douillet comme elle, il doit prendre ses responsabilités – et les
responsabilités de la fille, il doit protéger celle-ci (c’est-à-dire en fait la réduire à un état inférieur), il doit travailler
à son avenir et ne jouer qu’à des jeux virils. Quant à la fille, on lui fait bien
comprendre qu’il y a des choses qui ne sont pas pour elle : elle doit
jouer à la poupée, ne pas se mêler des jeux des garçons, demeurer effacée et
réservée (pour ne pas dire timide), se contenter de la seconde place, prendre
conscience
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