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La fête écarlate

La fête écarlate

Titel: La fête écarlate Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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ravitaillement étaient prêts à mettre à la voile, mais Édouard III atermoyait toujours, ne sachant quelle époque était la plus propice à l’invasion de la Normandie. Ses astrologues étaient sans doute aussi perplexes que lui.
    Une fois lancée, l’opération fut bien orchestrée :
    – Le duc Jean de Normandie était immobilisé à Aiguillon ;
    – Philippe VI se révélait, comme prévu, incapable de conduire son armée vers le plus petit succès ;
    – les Bretons de Montfort et leurs alliés Anglais redevenaient remuants ;
    – préparant sa descente en Normandie, Édouard III était entré en relations avec les Flamands pour qu’ils fissent diversion dans le Nord. Le 3 juin, il était à Porchester, village du comté de Southampton, près de Portsmouth. Le 20 juin, il nomma Hugues d’Hastings son lieutenant dans le pays pour diriger les chevauchées contre les Français. Le 10 juillet, de l’île de Wight, avant d’embarquer pour Saint-Vaast-la-Hougue, il dictait ses recommandations aux villes de Bruges, Gand et Ypres, leur disant qu’il comptait sur leur fidélité et leur affection. Le 12 juillet, sur quelques nefs, Jean de Montgomery et ses hommes passaient en Flandre.
    Les Flamands commencèrent les hostilités contre les Français le 2 août, sous le commandement de Henri de Flandre. Après avoir pris Saint-Venant, ils mirent le siège devant Béthune, le 14 août. Sous les ordres de Godefroy d’Annequin, secondé par Godefroy de Charny, Eustache de Ribemont, Baudoin d’Annequin et Jean de Landas, la garnison repoussa les attaques, infligeant de grosses pertes aux assaillants, et le 24, ils renoncèrent à conquérir la cité, brûlant leurs machines de guerre avant de disparaître.
    Conjointement, ou presque, à cette attaque flamande, Derby et ses troupes quittaient la Guyenne pour se diriger vers Bergerac. Ils allaient conquérir Taillebourg, Mazières, Surgères, Aulnay, pour atteindre Saint-Jean-d’Angély le 29 septembre, et Poitiers, le 4 octobre.
    Sans Godefroy d’Harcourt l’invasion de la Normandie aurait-elle été réussie ? On peut répondre négativement sans crainte de commettre une erreur. Harcourt était seul capable de conduire l’ost anglais en Cotentin. Le seul qui pût lui éviter des enlisements néfastes à sa progression. Le passage des Chroniques de Froissart concernant ce débarquement et qui est le suivant : « Si arriva la navie (le navire) du roi d’Angleterre en l’île du Cotentin, sur un certain port qu’on appelle Hogue Saint-Vaast  » a donné lieu à des commentaires défavorables à son auteur, qui a certes commis maintes erreurs et impropriétés, mais nullement, sans doute, celle-ci. De nos jours, le Cotentin n’est pas une île mais un isthme de plusieurs lieues de largeur. En était-il ainsi au XIV e siècle ? Rien n’est moins sûr. Toute la partie comprise d’Ouest en Est entre la Sangsurière (C. Q. F. D.) et Pouppeville, et plus bas entre Lessay et Pont-Hébert est encore une région de marais. La mer, voici quelque six siècles, pouvait bien l’occuper ne serait-ce qu’aux grandes marées. La preuve en est que lorsqu’on installa, à Périers, il y a quelques années, de nouveaux réseaux électriques, les ouvriers qui creusaient les trous devant recevoir les piliers dégagèrent du sable et des coquilles d’huîtres et de praires qui n’étaient nullement préhistoriques et, sans appartenir à notre XX e siècle, se révélaient d’une autre époque. Sans Godefroy d’Harcourt qui connaissait bien son terroir, Édouard III, son fils et leur armée se fussent embourbés après avoir couvert moins de dix lieues. Ce terrain étant situé, à de rares exceptions près, en dessous du niveau de la mer, un ingénieur, M. Kervran, en 1956, proposa qu’un grand canal coupât en deux ces contrées, portant à chacune de ses extrémités, une usine marémotrice. Son projet fut rejeté. Cela valait pourtant mieux que le nucléaire ! Avant lui, Napoléon avait conçu le dessein d’unir Carentan à Carteret, afin d’éviter à la navigation le dangereux tour du Cotentin.

ANNEXE IV

SUR LES RAVAGES COMMIS
PAR LES ARMÉES D’ ÉDOUARD III
    Philippe VI pouvait s’étonner et s’indigner de voir brûler les saints lieux. Ignorait-il toutefois que Philippe le Bel avait fourni ce lamentable exemple à son petit-fils, Édouard III, lequel avait pu, en Flandre, recevoir certains témoignages de la guerre menée « à la

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