La fête écarlate
française » ? En effet, en juin 1302, le Roi de Fer avait ordonné à Robert d’Artois de « subjuguer et de réduire les Flandres par la destruction ». Dans ses Chroniques des Flandres (Imprimerie Félix de Pachtere, Bruges, 1834) Joseph-Octave Delepierre remarque :
« La colère du roi contre les Flamands comportait avec elle tant d’ironie, qu’il avait fait peindre sur les étendards de son armée un balai enflammé. Depuis Douai jusqu’à Lille, les Français ne laissèrent ni arbres ni maisons ni châteaux ni églises debout. L’incendie exerçait partout ses ravages : hommes, femmes, enfants étaient mis à mort. Les monastères surtout éprouvèrent la rage de l’ennemi : les moines furent tués, les religieuses violemment outragées et la profanation des choses saintes portée aux derniers excès. Afin d’imiter le signe peint sur leurs enseignes, les soldats, dit Meyer, attachaient des balais brûlants à leurs piques et couraient par les campagnes anéantir les moissons. »
Le grand plaisir des Français était de trancher les pieds des enfants.
En 1338, Édouard III traversant le Hainaut, se dirigeant vers Cambrai et allant même « jusqu’à Crécy près de Laudun (442) » et de Saint-Quentin, ajouta à ces divertissements guerriers la coupe des mains et l’essorillement. Joseph-Octave Delepierre écrit :
« Et à chacun de ces actes barbares, ils disaient (les soldats d’Édouard) : On verra bien que le roi d’Angleterre est passé par ici. »
Si la haine des Anglais s’exerça tout particulièrement contre les maisons, les monuments et la population de Caen, c’est qu’ils avaient trouvé, dans leur pillage, un exemplaire de la Convention du 23 mars 1339, stipulée entre le roi de France et les seigneurs normands, concernant la conquête de l’Angleterre.
ANNEXE V
LA BATAILLE DE CRÉCY
Samedi 26 août 1346
Sur l’ordonnance des batailles, Froissart écrit qu’Édouard III les disposa ainsi :
Le Prince de Galles, le comte de Warvich, le comte de Kenfort, messire Godefroy de Harecourt, messire Regnaut de Cobehen, messire Thomas de Hollande, messire Richard de Stanfort, le sire de Manne, le sire de la Ware, messire Jean Chandos, messire Barthélémy de Brubbes, messire Robert de Neufville, messire Thomas Cliford, le sire de Bourchier, le sire Latimer et plusieurs autres bons chevaliers et écuyers (…) environ huit cents hommes d’armes et deux mille archers et mille brigans parmi les Gallois…
En la seconde bataille furent le comte de Norhantonne, le comte d’Arondel, le sire de Ros, le sire de Lucy, le sire de Villebi, le sire de Basset, le sire de Saint-Aubin, messire Louis Tueton, le sire de Multon, le sire de la Selle (lord Lascels) et plusieurs autres ; et étoient en cette bataille environ cinq cents hommes d’armes et douze cents archers.
La tierce bataille eut le roi pour son corps et grand’foison selon l’aisement où il étoit, de bons chevaliers et écuyers ; si pouvoient être en sa route et arroi sept cents hommes d’armes et deux mille archers. Quand ces trois batailles furent ordonnées et que chacun, comte, baron et chevalier sçut quelle chose il devoit faire, le roi d’Angleterre monta sur un petit palefroy, un blanc bâton en sa main (… et visita toutes ses batailles).
Quand on fait donner l’artillerie…
Lisant la relation de cette bataille, le lecteur averti a pu s’étonner que je n’y ai pas inclus, ici ou là, l’effet « démoralisant », sur les hommes d’armes de Philippe VI, des « fameuses » bombardes anglaises qu’on trouve un peu partout dans les textes français modernes consacrés à la défaite de Crécy.
Qu’il soit certain, ce lecteur, que si les Anglais avaient utilisé ces gros engins, Froissart d’emblée, Jean le Bel, l’auteur anonyme de la Chronique des Quatre premiers Valois, et surtout Michel de Northburgh, Robert d’Avesbury, Knighton, le héraut de Chandos, Gilles Li Muisis (443) , bref tous les minutieux chroniqueurs et même les témoins de cette sanglante affaire auraient mentionné leur présence et leur rôle.
– Mais les Grandes Chroniques… objectera-t-on.
Commencées peu avant 1274 en exécution d’une volonté de Saint Louis, elles n’allèrent tout d’abord pas au-delà du règne de Philippe-Auguste (1223). Les religieux qui les rédigèrent n’étaient guère au contact des réalités. De l’année 1340 à 1350, le texte, du latin, passe au
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