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La fin Allemagne 1944-1945

La fin Allemagne 1944-1945

Titel: La fin Allemagne 1944-1945 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ian Kershaw
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continuer de se battre  1310 . Churchilllui-même rejeta par la suite l’idée que la « capitulationsans condition » aurait été une erreur qui avait eu pour effet de prolonger la guerre. En vérité, il alla même jusqu’à soutenir qu’une autre déclaration sur les conditions de paix, que les Alliés avaient tenté à plusieurs reprises de rédiger, aurait davantage nui à d’éventuelles démarches de paix de la part des Allemands, tant les conditions, « couchées sur le papier, paraissaient horribles, et excédaient tellement ce qui avait été accompli jusque-là que leur publication n’aurait fait que stimuler la résistance allemande  1311  ».
    On ne saurait davantage tenir pour un facteur décisif les erreurs stratégiques et tactiques des Alliés qui compromirent leurs efforts pour en finir au plus vite et contribuèrent ainsi à prolonger le conflit, y compris en redonnant temporairement confiance aux défenseurs allemands. Il y eut certes des erreurs importantes qui, après le débarquement en Normandieet l’avancée de l’armée Rouge en Pologne, à l’est, empêchèrent les Alliés d’en finir avec l’Allemagneavant Noël, comme, un peu trop optimistes, ils l’avaient initialement espéré.
    À l’ouest, on l’a vu, la divergence de vues au sujet des objectifs stratégiques entre Eisenhoweret Montgomery, sous-tendue par des inimitiés personnelles (dues essentiellement à l’arrogance du second et à un préjugé antiaméricain enraciné dans l’élite militaire britannique), empêcha d’exploiter pleinement la percée opérée en Franceen août 1944 qui avait pourtant plongé le front allemand de l’Ouest dans un grand désarroi. Si l’on ajoute à cela l’incapacité des Britanniques à sécuriser le port d’Anverset le désastre d’Arnhem, cette situation permit à la Wehrmacht de renforcer ses défenses occidentales et, plusieurs précieuses semaines durant, de bloquer quasiment l’attaque alliée. Les Alliés ne retrouvèrent jamais totalement leur élan – essuyant même un revers temporaire lors de l’offensive des Ardennes – avant mars 1945. Sur le front Est, les erreurs opérationnelles de l’armée Rouge expliquent également que l’assaut massif de l’été 1944, si dévastateur qu’il fût pour la Wehrmacht, n’ait pas accéléré la fin de la guerre. Une offensive hardie en direction de la côte de Poméranie, redoutée par les stratèges allemands, aurait ouvert la voie à une attaque beaucoup plus précoce sur Berlin et aurait fort bien pu provoquer un effondrement total bien avant mai 1945.
    Ce qui aurait pu se passer si les Britanniques et les Américains, à l’ouest, et les Soviétiques, à l’est, avaient pris des décisions stratégiques différentes relève bien entendu de la spéculation. Peut-être la guerre aurait-elle fini beaucoup plus tôt. Mais on peut aussi bien imaginer que d’autres erreurs ou d’autres hésitations – les combats engendrent inévitablement de fréquentes surprises et suivent rarement les plans – auraient joué un rôle et empêché une conclusion plus rapide de la guerre.
    Il est, au fond, tout aussi vain de se demander ce qui serait advenu si l’attentat contre Hitleravait réussi et si les conjurés de juillet 1944 avaient pris le contrôle de l’État. Sans nul doute Stauffenberget les siens auraient cherché la paix à l’ouest, mais très certainement pas à l’est. Le plus probable est que les puissances occidentales auraient refusé d’envisager autre chose qu’une « capitulation sans condition » sur tous les fronts, puisque toute autre politique aurait fait éclater la coalition avec l’Union soviétiquequi reposait fondamentalement sur la destruction totale du militarisme allemand et du nazisme. Hitler mort, les chefs de file du coup d’État auraient dû choisir : accepter la capitulation sans condition ou continuer le combat. Ils se seraient probablement sentis contraints d’accepter une reddition totale. La guerre aurait donc pu s’achever en juillet 1944, ce qui aurait évité l’immense bain de sang des mois suivants. Mais les chefs militaires, surtout à l’est, y auraient-ils consenti ? Et les jusqu’au-boutistes nazis, par-dessus tout dans la SS, auraient-ils suivi ? Encouragées par une nouvelle légende du « coup de poignard dans le dos » centrée sur l’image d’un Führer héroïque tué par ses propres officiers alors qu’il conduisait le

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