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La fin Allemagne 1944-1945

La fin Allemagne 1944-1945

Titel: La fin Allemagne 1944-1945 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ian Kershaw
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mars-mai 1945.
    Wolff, Karl (1900-1984). SS-Obergruppenführer, général de la Waffen-SS ; à compter de juillet 1944, général plénipotentiaire de la Wehrmacht en Italie.

Conclusion
 Anatomie de l’autodestruction
    J’ai commencé ce livre en faisant valoir qu’il est extrêmement rare qu’un pays soit à la fois capable de livrer une guerre jusqu’à la destruction totale et prêt à le faire. Il est tout aussi rare que les puissantes élites d’un pays, à commencer par les militaires, ne puissent ou ne veuillent pas déposer un chef qui les conduit manifestement à la catastrophe la plus totale. Or, de l’aveu général, c’est bien ce qui se produisit en Allemagneen 1945 et qui devint de jour en jour plus inéluctable ; le pays allait être totalement emporté par une catastrophe nationale : défaite militaire écrasante, ruine matérielle, occupation ennemie et, au-delà, faillite morale. Les chapitres précédents ont essayé d’expliquer comment cela fut possible. Ils ont retracé le long et inexorable processus d’effondrement de l’État le plus puissant d’Europesous des pressions militaires extérieures. Ils ont aussi essayé de mettre en évidence la dynamique autodestructrice – qui était loin de ne concerner que le seul Hitler – à l’œuvre dans l’État nazi. Mais surtout, ils ont essayé de démontrer que les raisons pour lesquelles l’Allemagne choisit de combattre jusqu’au bout et en fut capable sont complexes et ne se prêtent pas à une généralisation facile.
    L’exigence alliée de « capitulation sans condition », dont on a souvent dit qu’elle excluait toute autre solution que de combattre jusqu’au bout, n’apporte pas une explication suffisante. Bien entendu, la propagande allemande exploita cette exigence dans ses efforts incessants pour alimenter la volonté de tenir, prétendant que l’ennemi, de l’Ouest comme de l’Est, entendait détruire l’existence même de l’Allemagneen tant que nation. Dans les derniersmois, cependant, de moins en moins d’Allemands accordèrent crédit à ces messages, en tout cas pour ce qui était des puissances occidentales.
    Les implications de cette politique pour l’élite du régime furent plus significatives. Certes, la « capitulation sans condition » apportait de l’eau au moulin de Hitler, qui ne manquait jamais de répéter que toute idée de reddition était exclue. Et la « capitulation sans condition » empêchait de mettre fin à la guerre à l’ouest – que la plupart des dirigeants allemands, à l’exception de Hitler, auraient été disposés à négocier – sans mettre fin aussi aux hostilités à l’est. Même l’administration Dönitz, après la mort de Hitler, rejeta cette option, car elle condamnait près de deux millions de soldats allemands à la captivité du côté soviétique. Mais Eisenhowerne lui laissa pas le choix en la matière, ce qui ajouta huit jours supplémentaires de carnages et de souffrances à ce conflit. Par ailleurs, l’exigence de « capitulation sans condition » n’amena pas le Haut Commandement de la Wehrmacht à reconsidérer un tant soit peu la stratégie allemande suivie depuis le début de 1943 – pour autant qu’il existait une stratégie globale au-delà de la volonté suicidaire, et idéologique, de tenir jusqu’au stade de la perdition totale  1308 . Elle apporta une justification utile à la volonté de combattre jusqu’à la fin. Elle n’en fut pas la cause.
    L’idée que l’exigence alliée aurait compromis les chances de la résistance de trouver des soutiens plus larges ou de renverser Hitlerdemeure aussi une proposition douteuse  1309 . En tout état de cause, la « capitulation sans condition » n’empêcha pas une tentative de coup d’État. Stauffenberget les conjurés de juillet 1944 agirent en étant parfaitement au courant de l’exigence alliée ; s’ils avaient réussi, ils auraient immédiatement essayé d’obtenir un armistice. De même, à un moment ou à un autre, et pour peu que Hitler y eût consenti, la plupart des séides de Hitler, et de nombreux généraux, auraient été prêts à engager des pourparlers en vue d’un règlement, sans se laisser dissuader par la position intransigeante des Alliés.
    Si la « capitulation sans condition » est donc incontestablement un facteur de l’équation, on ne saurait y voir l’élément décisif, voire dominant, qui poussa les Allemands à

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