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La Fin de Fausta

Titel: La Fin de Fausta Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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s’appartient plus. Il appartient à son parti. (Il y avait comme une sourde amertume dans son accent.) Et puis, que de précautions ne lui faut-il pas prendre.
    Elle semblait excuser celui qu’elles attendaient toutes deux. La jeune fille le comprit ainsi. Elle protesta avec une douce fierté :
    – A Dieu ne plaise, ma mère, que je me permette de critiquer la conduite de mon père. Je suis fille trop soumise et trop respectueuse. Seulement je m’inquiète pour lui… Je crains toujours qu’il ne lui soit arrivé quelque malheur, quelque accident.
    – Hélas ! soupira la mère, c’est qu’en effet, dans la formidable aventure où il s’est lancé, il lui faut combattre tout un monde d’ennemis, échapper à une foule de dangers qui le menacent sans trêve.
    Et avec un soupir de regret :
    – Nous étions si heureux, avant. Nous pouvions l’être toujours… Ah ! pourquoi faut-il que ces idées lui soient venues !…
    – C’est le maître, prononça Giselle avec fermeté et comme un argument sans réplique.
    – Pourquoi ces chimères, ces folies ? continua la mère, comme si elle n’avait pas entendu. Que de larmes ne nous ont-elles pas coûtées, à nous, que de déceptions cruelles, d’humiliations cuisantes, de misères, de tortures de toutes sortes, à lui ! Sans compter les plus belles années d’une existence humaine irrémissiblement perdues !…
    – C’est le maître, répéta Giselle avec une douce obstination.
    – Nous étions si heureux ! répéta la mère avec des larmes refoulées dans les yeux.
    – Nous serons heureux encore, mère chérie, tu verras ! s’écria Giselle en l’entourant de ses bras et en l’étreignant passionnément.
    – Toi, oui, mon enfant adorée, fit la mère en lui rendant avec tendresse ses douces caresses. Toi, tu seras heureuse, comme tu mérites de l’être.
    Et secouant sa blonde tête, avec une expression d’inexprimable désenchantement :
    – Mais, moi !… Jamais plus je ne le serai !… Parce que jamais plus je ne retrouverai mon Charles d’autrefois… le Charles que j’aimais tant… et qui n’adorait que moi, moi seule.
    Et de nouveau, la dame en blanc se replongea dans ses pensées douloureuses, sinistrement évocatrices d’un bonheur perdu et qui ne reviendrait jamais plus. Du moins en avait-elle le funeste pressentiment.
    La fille, Giselle, soupira en considérant sa mère avec une tendresse passionnée.
    Du temps passa encore. Pour la centième fois, Giselle regardait par la fenêtre. Et cette fois un cri de joie puissante jaillit de ses lèvres :
    – C’est lui !
    Elle quitta précipitamment la fenêtre, courut à sa mère, la saisit dans ses bras, couvrit son visage de baisers fous, et riant et pleurant à la fois, ivre de joie, balbutia :
    – C’est lui, mère chérie ! c’est mon père !… Oh ! je l’ai reconnu à sa démarche, va !… Je te dis que c’est lui !… Ne pleure plus !… Le voilà !… Mais, folle que je suis !… je cours lui ouvrir !…
    Et, vive et légère, infiniment gracieuse, elle courut à la porte, sauta dans l’escalier d’un bond souple de jeune biche, disparut dans l’allée, tira les verrous de la porte extérieure qu’elle ouvrit toute grande, sortit sur le seuil, et, le cœur lui bondissant dans la poitrine, elle regarda du côté du Marché-aux-Poirées.
    Venant de là, un cavalier s’engageait dans la rue aux Fers. Et il fallait vraiment les yeux du cœur de la fille adorant son père pour l’avoir reconnu en ce cavalier. Car, tout ce que l’on pouvait voir de lui, c’était une paire de bottes noires, souples et montantes, aux larges éperons d’acier bruni, au grand manteau de drap gris que relevait le bout d’une longue épée, un feutre gris qu’ornait une touffe de plumes rouges. Quant à ce qui est de son visage, on n’en voyait même pas le bout du nez.
    L’homme, le père, venait d’entrer dans la rue. La fille, Giselle, sur le pas de la porte, le regardait de ses yeux lumineux embués de larmes de joie, où se lisait toute sa tendresse filiale. Et elle attendait.
    A ce moment, une charrette de foin qui stationnait devant une porte, deux maisons plus loin, s’ébranla, venant à la rencontre du cavalier. La rue était étroite. La charrette, chargée de foin jusqu’à la hauteur d’un premier étage, obstruait tout le passage. La jeune fille, pour lui faire place quand elle passa devant elle, dut rentrer dans l’allée. Le

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