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La Fin de Pardaillan

Titel: La Fin de Pardaillan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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respira fortement, délivré de l’effrayante angoisse qui l’oppressait. Pour achever de le rassurer, comme si la présence de l’aimé avait suffi à ramener la vie en elle, Muguette commençait à s’agiter doucement sur le lit.
    Entre les deux hommes qui se dressaient face à face, il y eut un court instant de silencieux répit, amené, chez Concini, par l’anéantissement de la surprise, chez Valvert, par l’impérieux besoin de souffler. Pendant cet instant, Landry Coquenard achevait sa besogne et revenait dans la chambre dont il fermait la porte à clé, comme nous l’avons dit.
    Concini s’était déjà ressaisi. Il vit le geste de Landry Coquenard ; il comprit qu’il était inutile d’appeler. Il ne pouvait plus compter que sur lui-même. Il ne manquait pas de bravoure et il le fit bien voir. Il n’avait pas son épée au côté : il l’avait déposée sur un meuble qui, malheureusement pour lui, était hors de sa portée. Mais il avait son poignard. Instantanément, ce poignard se trouva solidement emmanché au bout de son poing et il descendit les marches de l’estrade, se tint au bas comme pour en interdire l’approche.
    Dans le même instant, Valvert se trouva, lui aussi, le poignard au poing. L’affreuse inquiétude qui l’avait rendu comme fou jusque-là était tombée. Mais maintenant, c’était la colère, une colère terrible, mortelle, qui le soulevait. Et tout raide, livide, la sueur au front, il gronda :
    – Concini, l’un de nous deux doit mourir !… Concini, c’est toi qui vas mourir…
    Cela tombait avec l’implacable assurance d’une condamnation à mort. Si brave qu’il fût, Concini sentit un frisson glacial lui courir le long de l’échine : la terreur de l’assassinat était déjà le chancre rongeur qui empoisonnait son existence. Il grelotta :
    – Ces deux misérables truands sont venus ici, armés jusqu’aux dents, pour m’assassiner !… Et je n’ai même pas mon épée !
    Il n’avait pas parlé ainsi pour insulter. Simplement, il avait pensé tout haut. Néanmoins, ses paroles cinglèrent Valvert. D’un geste violent, il enleva son épée qu’il jeta à Landry Coquenard, en commandant d’une voix impérieuse :
    – Sur ta vie, ne bouge pas, quoi qu’il arrive.
    Mais Landry Coquenard, loin de rester à sa place comme on le lui ordonnait, s’approcha avec vivacité et bouleversé par une émotion étrange :
    – Monsieur, fit-il d’une voix qui tremblait, c’est bien décidé, vous voulez tuer cet homme ?
    D’un doigt singulièrement dédaigneux, il désignait Concini effaré de cette intervention imprévue. Au reste, ils étaient si bouleversés tous les trois, que pas un d’eux ne s’aperçut qu’à ce moment même Muguette ouvrait les yeux, se redressait péniblement sur le lit.
    La voix tremblante de Landry Coquenard avait des vibrations aussi étranges que son étrange émotion. Valvert en fut frappé. Il demeura une seconde pensif, fouillant son écuyer d’un regard ardent, et :
    – Pourquoi me demandes-tu cela ? dit-il d’une voix rude.
    – Parce que, répondit Landry Coquenard, et cette fois sa voix ne tremblait plus, parce que cet homme m’appartient, et depuis longtemps… Et je vous demande, monsieur, de le laisser vivre, pour que je puisse avoir la joie de le tuer moi-même.
    Et ceci était prononcé avec un accent de haine, tel que Valvert, Concini et Muguette se sentirent frissonner.
    – Concini, refusa Valvert, sur un ton qui n’admettait pas de réplique, doit mourir de ma main.
    – En ce cas, monsieur, insista Landry Coquenard avec une froideur qui avait on ne sait quoi de solennel, souffrez que je prenne votre place et que je passe avant vous. Si le signor Concini me tue, vous ferez ce que vous voudrez après.
    Valvert fixa de nouveau son œil clair sur Landry Coquenard. Et de la tête, il fit plusieurs fois non. Mais ce non répondait évidemment à une pensée qui lui était venue, car, en même temps tout haut, il prononçait, d’une voix un peu radoucie, mais avec un accent qui indiquait, une irrévocable résolution :
    – Le maître passe toujours et partout avant le serviteur. Tu prendras ma place, si je suis tué. J’ai dit. Et n’ajoute plus un mot, ou, par l’enfer, c’est toi que je vais expédier le premier.
    – Je m’incline devant votre droit, prononça Landry Coquenard avec une gravité un peu triste. Mais vous regretterez tout à l’heure de ne pas m’avoir laissé

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