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La Fin de Pardaillan

Titel: La Fin de Pardaillan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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d’une voix solennelle, vous ne pouvez pas tuer cet homme.
    – Pourquoi ? hurla Valvert.
    – Parce que cet homme est le père de celle que vous aimez… le père de celle dont vous voulez faire votre femme, révéla Landry Coquenard.
    Valvert lâcha précipitamment Concini qui se releva d’un bond. Muguette s’était redressée, avait descendu les marches de l’estrade du côté opposé à celui où étaient les trois hommes. Et, pâle comme une morte, se tenait debout au pied du lit où, sentant ses jambes se dérober sous elle, elle s’accrochait désespérément à la balustrade pour ne pas tomber.
    Entre les quatre personnages de cette scène tragique, ce fut un instant de stupeur poignante.
    – Son père ! répéta machinalement Valvert, comme s’il ne pouvait en croire ses oreilles.
    – Mon père ! sanglota Muguette que l’horreur submergeait.
    – Son père, confirma Landry Coquenard avec force. Et, avec un accent d’indicible reproche :
    – Ah ! monsieur, pourquoi n’avez-vous pas voulu me laisser prendre votre place ?… Ce que vous ne pouvez pas faire, vous, je pouvais le faire, moi. Nous eussions été débarrassés… Au lieu de cela… Fasse le ciel que votre obstination ne soit pas cause d’irréparables malheurs !…
    Odet de Valvert courba la tête en tortillant sa moustache d’un mouvement nerveux. Il comprenait que le brave Landry Coquenard avait raison. Il entrevoyait que Concini, père de Muguette, serait à redouter pour la jeune fille, tout autant, sinon plus que n’aurait pu l’être Concini amoureux de Muguette, étrangère pour lui. Avec cette complication en plus que, s’il pouvait, en toute justice, frapper impitoyablement un rival dénué de scrupules, il lui était moralement interdit de toucher au père de sa fiancée.
    Quant à Concini, la révélation de Landry Coquenard l’avait pour ainsi dire assommé. Rendons-lui cette justice de dire que cette révélation bouleversa ses sentiments de fond en comble. Dès l’instant où il sut que Muguette était sa fille, sa passion se trouva arrachée, déracinée complètement du coup. Et, très sincèrement, il se fit horreur à lui-même, il se maudit véhémentement pour avoir poursuivi sa fille de cet amour qui lui apparaissait maintenant ce qu’il était réellement : monstrueux, hors nature. Et ce n’est plus qu’à la dérobée qu’il jetait des regards gênés, honteux, sur cette enfant qu’il n’osait plus regarder en face maintenant qu’il savait qu’elle était sa fille.
    Cet instant de stupeur pendant lequel il semblait que ces quatre personnages avaient été soudain pétrifiés chacun à la place qu’il occupait, se prolongea durant quelques secondes qui leur parurent longues comme des heures. Et pendant tout ce temps, un silence, lourd, angoissant, pesa sur eux.
    Peut-être se serait-il prolongé plus longtemps encore. Mais une porte invisible, qui se trouvait à la tête du lit, du côté précisément que Concini, en rompant, avait cherché à atteindre, s’ouvrit tout à coup. Deux femmes entrèrent par cette porte.
    En voyant paraître ces deux femmes, Landry Coquenard saisit le bras d’Odet de Valvert, le serra fortement, et, désignant de l’œil celle de ces deux femmes qui précédait l’autre et s’avançait d’un pas majestueux, il lui glissa tout bas :
    – Voilà la mère de Florence… votre fiancée !
    – La reine-mère ! sursauta Valvert, secoué par un long frisson. Landry Coquenard, du coin de l’œil, montra Concini qui s’inclinait profondément devant la reine, et, avec un accent intraduisible, ajouta :
    – Le père et la mère qui, dès l’instant où elle vint au monde, condamnèrent leur fille à mort… Attention, monsieur, attention !…
    Pour toute réponse, Valvert reprit son épée qu’il ceignit avec un geste de défi.
    Ils avaient parlé bas, tous les deux. Pourtant, si bas qu’ils eussent parlé, Muguette avait entendu. Et la teinte livide de son visage s’était plus accentuée encore. Et elle fixait sur Marie de Médicis deux yeux exorbités, où se lisait, avec une ardente curiosité, une inexprimable douleur. Et elle râlait dans son esprit :
    « Ma mère !… Voilà ma mère !… Et c’est elle, elle, ma mère, qui m’a condamnée à mort le jour même où je suis venue au monde !… Est-ce possible ?… Ma mère est donc un monstre ?… Puis-je croire cela, puis-je le croire ?… Ah ! pourquoi ne suis-je pas morte, en

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