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La Flèche noire

La Flèche noire

Titel: La Flèche noire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Louis Stevenson
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perdrai donc, dit Dick.
    – Donnez-lui son matelot, dit le duc   ; et, faisant faire volte-face à son cheval, il tourna le dos au jeune Shelton.
    Dick n’était ni content ni affligé. Il avait déjà trop vu le jeune duc à l’œuvre pour faire grand fond sur son affection   ; l’origine de sa faveur était trop frivole et la croissance en avait été trop rapide pour lui inspirer grande confiance. Il ne craignait qu’une chose… que ce chef vindicatif révoquât l’offre des lances. Mais en cela il ne rendait pas justice à l’honneur de Gloucester (comme celui-ci le comprenait) ni, surtout, à sa fermeté. S’il avait une fois jugé que Dick était l’homme voulu pour poursuivre Sir Daniel, il n’était pas homme à changer   ; et il le prouva bientôt en disant à Catesby de se hâter, que le paladin attendait.
    Dans l’intervalle, Dick se tourna vers le vieux marin, qui avait paru aussi indifférent à sa condamnation qu’à sa libération ultérieure.
    – Arblaster, dit Dick, je vous ai fait du tort   ; mais maintenant, par la croix, je pense avoir payé ma dette.
    Mais le vieux capitaine le regardait d’un air hébété et ne disait mot.
    – Allons, continua Dick, une vie est une vie, vieux malin, ça vaut mieux que des bateaux et de la liqueur. Dites que vous me pardonnez   ; car si votre vie n’est rien pour vous, elle m’a coûté le commencement de ma fortune. Allons, je l’ai payée cher   ; ne soyez pas si têtu.
    – Si j’avais eu mon bateau, dit Arblaster, je serais parti à l’abri en haute mer… moi et mon homme Tom, mais vous m’avez pris mon bateau, compère, et je suis un mendiant   ; et, quant à mon homme Tom, un gredin en rouge l’a abattu d’un coup   : « Peste » il a dit, et il n’a plus parlé. « Peste », a été son dernier mot, et sa pauvre âme a passé. Il ne naviguera plus, mon Tom.
    Dick fut saisi de vains remords et de pitié   ; il chercha à prendre la main du capitaine, mais Arblaster l’évita.
    – Non, dit-il, laissez. Vous avez joué au diable avec moi, que cela vous suffise.
    Les mots s’arrêtèrent dans la gorge de Richard, il vit à travers ses larmes, le pauvre vieux, hébété par la boisson et le chagrin, s’en aller en chancelant, tête baissée, par la neige, son chien, sans qu’il y prit garde, gémissant sur ses talons   ; et, pour la première fois, Dick commença à comprendre le jeu terrible que nous jouons dans la vie, et comment aucune réparation ne peut changer une chose une fois faite ni y remédier.
    Mais il n’eut pas le temps de s’abandonner aux vains regrets. Catesby avait maintenant réuni les cavaliers, et, chevauchant vers Dick, il descendit de son cheval et le lui offrit.
    – Ce matin, dit-il, j’étais un peu jaloux de votre faveur. Elle n’a pas eu une longue croissance. Et maintenant, Sir Richard, c’est tout à fait de bon cœur que je vous offre ce cheval… pour partir avec.
    – Supportez-moi encore un instant, répliqua Dick. Cette faveur… sur quoi était-elle fondée   ?
    – Sur votre nom, répliqua Catesby, c’est la principale superstition de Monseigneur. Si je m’appelais Richard, je serais comte demain.
    – Bien, Monsieur, je vous remercie, répliqua Dick. Et, puisqu’il est invraisemblable que je suive de telles grandes fortunes, je vous dis adieu. Je ne prétendrai pas qu’il m’ait été désagréable de me croire sur le chemin de la fortune, mais je ne prétendrai pas non plus être trop chagrin d’en être quitte   ! Autorité et richesse sont de bonnes choses, certes   ; mais un mot tout bas… votre duc c’est un terrible gars.
    Catesby rit.
    – Oui, dit-il, il est vrai que celui qui marche derrière Dick le Bossu s’engagera loin. Eh bien, Dieu nous garde tous du mal   ! Faites vite.
    Là-dessus, Dick se mit à la tête de ses hommes et donna l’ordre de partir. Il traversa la ville, suivant tout droit le chemin qu’il croyait être celui de Sir Daniel, guettant tout signe qui pouvait lui indiquer s’il ne se trompait pas.
    Les rues étaient jonchées des morts et des blessés, dont le sort, dans l’âpre gelée, était de beaucoup le plus digne de pitié. Les vainqueurs allaient et venaient de maison en maison, pillaient et massacraient, parfois chantaient en chœur.
    De différents quartiers, sur sa route, des bruits de violences furieuses arrivaient aux oreilles du jeune Shelton   ; tantôt des coups de marteau de forgeron sur une porte

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