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La grande Chasse

La grande Chasse

Titel: La grande Chasse Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Heinz Knoke
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flottille de dragueurs de mines avance péniblement, face au vent, ratissant avec ses appareils de détection le chemin que vont suivre les navires.
    Notre chef d'escadrille lance deux fusées éclairantes pour se faire reconnaître. Les dragueurs ont en effet ordre de tirer sur tout avion non identifié qui s'approcherait d'eux.
    Secoué par des rafales vicieuses, mon appareil file à quelques mètres des vagues affolées. Jamais encore, les eaux de la Manche n'ont eu cette teinte verte, glauque dans les creux, phosphorescente dans les pentes.
    La tour de contrôle signale continuellement la position de l'ennemi. La voix du contrôleur faiblit à mesure que nous gagnons le large. Nous volons à présent depuis un quart d'heure. D'un instant à l'autre, nous allons apercevoir la formation britannique.
    J'allume le collimateur et déverrouille mes armes. Dix secondes plus tard, sur la droite, des ombres émergent brusquement du brouillard.
    Les voilà !
    Aussitôt, d'un seul mouvement, nous virons sec. Chacun voudrait être le premier à déclencher la bagarre.
    A côté de moi, le sous-officier Wolf, mon chef de section, balance ses ailes. Il se tourne vers moi. Je distingue nettement, à travers le plexiglass de nos hublots, l'éclat de ses dents dénudées dans un large sourire.
    Les Blenheim sont au nombre de douze. Nous aussi. Cela fait un adversaire, et peut-être une victime, pour chacun de nous.
    Le Tommy qui vient vers moi n'a pas encore eu le temps de réagir que je suis déjà en position de tir, bien aligné dans son sillage. Quand il s'en rend compte, il cabre et essaie de se réfugier dans les nuages.
    Je m'élance derrière lui, l'encadrant toujours dans mon collimateur. Feu ! Calmement, j'enfonce les deux boutons du manche. A peut-être quatre-vingts mètres devant-moi, mes traceuses pénètrent dans son plan gauche, dans le flanc du fuselage. Son appareil s'incline dans un virage serré que j'imite immédiatement. Mes doigts appuient toujours sur les boutons de tir. Juste au moment où une gerbe d'étincelles jaillit du moteur gauche de l'Anglais, il amorce une chandelle et se jette dans un pan de nuages.
    Un énorme fracas !
    Des éclats traversent mon cockpit. Derrière ma tête, sur la droite, un grand trou. Une fraction de seconde plus tard, deux trous plus petits ponctuent mon aile gauche.
    Le Blenheim, accroché à son hélice, semble planer dans les nuages. Je l'aperçois par une déchirure, ombre étrangement raccourcie par la perspective diagonale. Je lui expédie encore une brève rafale. Puis, la déchirure se referme, et j'entre à mon tour dans la grisaille.
    Tout à coup, je me rends compte que mon hublot tressaille comme s'il allait s'envoler. Puis, je perçois une vague odeur de brûlé. Je commence à me sentir moins à mon aise.
    Prudemment, je réduis les gaz et entame une descente progressive. Quelques secondes plus tard, je sors des nuages et, de nouveau, découvre la mer.
    Alors, est-ce que mon appareil est en feu, oui ou non ?
    Inquiet, je me retourne. Derrière moi à droite, une balle a arraché la fixation du hublot. La vitre arrière a éclaté. Dans mon dos, je sens la succion de l'air.
    Quant à mon Blenheim, je l'ai perdu de vue. Je sais qu'il a durement encaissé. Mais avec un peu de chance, il pourra regagner la côte anglaise, tandis que moi, pauvre malheureux, je vais ou bien griller dans mon coucou ou bien me noyer dans cette mer verte.
    L'odeur de roussi se fait de plus en plus intense.. Pourtant, le moteur tourne normalement. D'après les cadrans du tableau de bord, tout marche, tout fonctionne. J'ai beau écarquiller les yeux et me tordre le cou, je ne vois pas la moindre flamme. Alors, d'où vient cette odeur inquiétante ?
    Je perds de précieuses secondes à dévider un chapelet de jurons bien senti. Puis, je me ressaisis et, par un large virage, prends le chemin du retour. En maintenant un cap de 100 degrés, je devrais atteindre la côte hollandaise.
    J'ai l'impression d'être tout seul dans cet univers resserré entre le plafond très bas et la masse agitée de la mer. Je n'aperçois pas un seul de mes camarades, et la radio reste obstinément muette.
    Les minutes se traînent lamentablement. Il est 11 h 26. C'est-à-dire que je tiens l'air depuis soixante-dix minutes.
    Peu à peu l'odeur de roussi s'atténue. Par contre, le hublot se détache de plus en plus. Pourvu qu'il tienne encore un quart d'heure. D'après mes calculs, la côte devrait

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