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La grande vadrouille

La grande vadrouille

Titel: La grande vadrouille Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Georges TABET , André TABET
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comme à l’accoutumée.
    — Ces deux-là sont pour vous, lui dit-elle. Qualité supérieure !
    De façon très précise, elle désigna les deux barriques de vin qui se trouvaient à l’arrière de la charrette.
    Le sous-officier appela trois hommes qui fumaient dans un coin :
    —  Ludwig ! Fritz ! Rudy !
    La sœur tenait en main son ausweiss pour le faire signer.
    Les trois soldats grimpèrent sur le chariot et firent basculer la ridelle.
    Soudain, un brave planton, debout sur le perron, reconnut Marie-Odile :
    —  Kom, ma zœur… je vous fais viser ausweiss, vous pas attendre…
    Elle ne pouvait guère refuser cette sollicitude et le planton lui ayant pris l’ausweiss, elle entra avec lui dans la Kommandantur.
    Les trois soldats s’apprêtaient à débarquer les fûts contenant le vin, quand le sous-officier s’écria :
    — Non ! Pas ceux-là…
    Ils s’arrêtèrent. Le sous-officier louchait démesurément. Il désigna à ses hommes les deux autres barriques, celles qui contenaient les Anglais :
    — Celles-ci ! vociféra-t-il… La sœur m’a bien montré ces deux tonneaux… Heureusement que je suis là !
    Les soldats, abandonnant les fûts de vin, débarquèrent docilement les deux barriques « Reginald » et « Mac Intosh ».
    Á cet instant précis, la patrouille franchissant les grilles, poussait en avant Stanislas et Augustin, prisonniers.
    Le planton tendit à sœur Marie-Odile l’ausweiss revêtu de l’estampille à la croix gammée.
    La religieuse remercia, pressée qu’elle était de sortir, mais se dirigeant vers la porte, elle croisa la patrouille qui venait d’entrer dans le vestibule avec ses prisonniers, l’échiné basse.
    Tout le monde marchait au pas, y compris Stanislas et Augustin, hébétés et moulus.
    La patrouille s’arrêta. Le feldwebel qui la commandait parlementa avec un officier, pendant que les hommes, réglementairement, marquaient le pas.
    Alors, imperturbables, avec un fabuleux espoir, les deux Français firent demi-tour sur place, et repartirent, du même pas, mais en sens inverse, vers la sortie.
    Á la porte, les deux sentinelles qui montaient la garde, ne furent pas dupes et croisèrent leurs fusils devant les prisonniers.
    Pas contrariant, sans désemparer, le peintre et le maestro firent à nouveau un demi-tour en règle et s’en retournèrent au point précis d’où ils venaient. Ils espéraient ainsi atteindre la sortie.
    On les empoigna, et on les jeta dans une pièce du rez-de-chaussée.
    Une sentinelle fut placée devant leur porte, qu’on ferma à clef.
    Augustin et Stanislas n’avaient pas vu Marie-Odile. Mais la Religieuse les avait bien reconnus, et avait assisté, bouleversée, à toute la scène, dissimulant de son mieux son angoisse.
    Elle sortit vivement de la Kommandantur sans prêter attention aux tonneaux que roulaient sagement les quatre Allemands, vers la cave.
    Désormais, la situation s’avérait désespérée. Par une série de malchances, Peter, Reginald, Mac Intosh, Stanislas et Augustin étaient tous à la Kommandantur. Toutes les issues étaient gardées. Et le major Achbach tenait à sa merci ceux qu’il pourchassait, et qui ne lui échapperaient plus. Il avait gagné la partie.
    La ridelle du chariot avait été relevée, les deux tonneaux qui restaient au centre rétablissaient l’équilibre du chariot. Il était impossible à la religieuse de s’apercevoir de la méprise due au strabisme du sous-officier.
    Elle sauta sur son siège, fit claquer son fouet, en songeant : « Sur la route, je mettrai les Anglais au courant de ce que je viens de voir… C’est un malheur !… »
     
    *
    * *

    Le major s’exaspérait, mais Peter ne se départait pas de son flegme qui paraissait impertinent tant il était naturel.
    Á chaque question nouvelle, il répétait inlassablement, comme une litanie monotone :
    — Je m’appelle Peter Cunningham. J’appartiens à la Royal Air Force. Mon numéro matricule est : one two one – two – two – two !
    C’étaient les seules réponses qu’un officier prisonnier était autorisé à faire et Peter s’y cantonnait avec rigueur.
    Le major tapait sur la table, piaffant de colère et Peter, d’une voix égale, récitait son identité, comme un refrain sans fin. Cela pouvait durer longtemps…
    —  Two, two, two…
    Achbach à bout de patience allait abandonner la partie, quand la porte soudain s’ouvrit. Le commandant brandissait triomphalement les photos de

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