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La grande vadrouille

La grande vadrouille

Titel: La grande vadrouille Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Georges TABET , André TABET
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patrouille passa devant un grand chemin de halage.
    Deux pêcheurs patients, sur la rive, tendaient leur ligne.
    Ils furent surpris en voyant ce singulier cortège : des soldats allemands qui, cette fois, conduisaient vers la prison d’autres soldats allemands captifs.
    — V’là qu’ils s’arrêtent entre eux, maintenant ! grommela un des pêcheurs à son camarade. C’est marrant ! Ça doit pas marcher bien fort, pour les frisés en ce moment.
    Stanislas et Augustin, prisonniers et futurs condamnés, regardaient le ciel impitoyablement bleu, un ciel de printemps pour hommes libres.

XXXIV
    Sur la route, la paix matinale reprenait possession des grands arbres. Au bord d’un fossé, une faucheuse oubliée dressait ses longs bras maigres et désœuvrés.
    Attelé à deux chevaux vigoureux, le chariot sur lequel étaient placées, en file indienne, les quatre barriques, roulait, conduit par Sœur Marie-Odile.
    Derrière siège, la première barrique recelait Mac Intosh, et la seconde Reginald. Les couvercles étaient soulevés : les Anglais avaient les joues fouettées par la brise et respiraient l’air à grandes gorgées.
    — On va d’abord à la Kommandantur de Meursault. Là, je leur livre deux barriques de vin, et ils me renouvellent mon « ausweiss »… mon laissez-passer pour aller en zone libre, dit la Sœur.
    — Et s’ils refusent tout simplement de signer votre laissez-passer ? demanda Mac Intosh.
    — Ce n’est jamais arrivé. Ils aiment trop notre vin.
    — Ils ont raison ! dit Reginald, qui dégustait sa bouteille vénérable dérobée aux Hospices de Beaune.
    — Ensuite, nous passons la ligne de démarcation.
    — Et s’ils fouillent nos tonneaux ? insista Mac Intosh.
    La religieuse s’embellit du plus radieux sourire angélique :
    — Ils me donneraient le Bon Dieu sans confession…
    — Ils ont raison ! réitéra Reginald hilare, les joues empourprées, déjà dans les vignes du Seigneur.
    Au détour d’un virage, le clocher et les toits de Meursault apparurent. – On arrive ! Cachez-vous ! D’un coup, les deux couvercles se refermèrent, avec un synchronisme parfait. Marie-Odile fouetta ses chevaux.

XXXV
    La Mercedes d’Achbach passa en trombe et arriva devant la Kommandantur de Meursault. Elle pénétra par les grilles, dans l’enceinte où stationnaient des voitures militaires. C’était une mairie réquisitionnée : un beau bâtiment tout neuf, sentant le plâtre frais, s’élevant sur une petite place jadis heureuse.
    En haut du perron, les sentinelles présentèrent les armes au Major qui entra dans l’édifice.
    Le hall, type même du vestibule impersonnel de service administratif, était recouvert d’affiches bariolées de grossières propagandes allemandes : le tutélaire soldat de la Wehrmacht y défendait l’enfant français contre le bolchevisme… et contre les Anglais.
    De chaque côté, des portes, des bureaux et des plantons qui s’affairaient, portant des dossiers, des paperasses. D’autres se tenaient assis derrière des tables où étaient rangés les cachets officiels.
    Au centre, un grand escalier embrochait la mairie jusqu’à l’unique étage formant galerie, tout autour du vestibule. Au bas de l’escalier, une porte s’ouvrait : quelques marches raides conduisaient à la cave.
    Dans le vestibule, c’était l’animation soucieuse, la file d’attente des pauvres civils français sollicitant autorisations et ausweiss.
    Le commandant de la place accueillit le major, qu’il attendait.
    — Je vais vous faire descendre tout de suite l’Anglais, lui dit-il, faisant signe à un planton.
     
    *
    * *

    —  Kom !
    Peter était détenu dans une petite pièce du haut sans fenêtre.
    Sur son lit de fer, les bras croisés sous la nuque, très décontracté, il se leva, saisit sa veste et suivit le planton, avec l’air excédé d’un joueur de bridge qu’on a dérangé en pleine partie.
    Il entra ainsi, nonchalamment, dans le bureau du major qui le traqua du regard.
    Après une pause insupportable, l’officier compulsa la liste scrupuleusement élaborée des questions qu’il se disposait à poser à l’aviateur.
    Le major Achbach était un homme épais, mais certains observateurs décelaient, dans ce balourd, la malice de l’éléphant.

    *
    * *

    Les chevaux de Marie-Odile s’arrêtèrent devant le perron. La religieuse sauta de son siège, avec une grâce que tous ses gestes révélaient.
    Un sous-officier la salua,

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