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La grande vadrouille

La grande vadrouille

Titel: La grande vadrouille Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Georges TABET , André TABET
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achèterai une boîte, en poils de martre… bien carrés…
    — Non ! il me les faut ronds et en poils de soie de porc ! Vous n’y connaissez rien !
    Les larmes coulaient inépuisables.
    — Et ma peinture ? Elle est fichue…
    — Je vous en achèterai aussi, dit Stanislas comme à un enfant qui a de la peine. C’est dans le même magasin, on ira ensemble.
    Augustin, malgré ces bonnes paroles, explosa de colère larmoyante :
    — Non ! Vous me cassez les pieds. Je vous ai assez vu…
    — Vous m’avez assez vu ? dit Stanislas avec calme. Bon. Alors, regardez-moi encore une seconde, s’il vous plaît !
    Augustin leva le nez vers Stanislas, qui, brusquement, le gifla à tour de bras.
    Augustin, bondit, hors de lui, les poings en avant. Mais soudain, il sentit que la gifle lui procurait un étrange bien-être qui l’envahissait.
    — Donnez-m’en une autre, quémanda-t-il confus. Ça m’a fait du bien.
    Stanislas, surpris, lança à toute volée un second soufflet qui claqua.
    — Ça va maintenant, fit l’autre soulagé… Je me sens mieux…
    Puis, délivré, réfléchissant :
    — Dites…, vous n’en voulez pas une ?
    — Non. Merci beaucoup.
    — Tant pis ! Vous allez l’avoir quand même, mon vieux…
    Une gifle s’abattit sur la joue du musicien, que la secousse fit trébucher.
    Soudain, on entendit des aboiements stridents de chiens, de loin en loin, que l’écho prolongeait…
    Les deux hommes se blottirent dans une haute futaie, aux aguets pendant que le galop des chiens se rapprochait…
    Soudain, ils virent une biche, lancée à corps perdu, bondissant par-dessus les fougères, les pattes repliées… On eût dit le vol d’un oiseau, tant il y avait de grâce légère dans sa course.
    Deux cerfs, la poursuivant, passèrent comme des flèches, à côté de Stanislas et d’Augustin cloués. Eux aussi ressentaient la crainte, compagne amère des bêtes sauvages. La forêt les oppressait comme des enfants perdus.

    *
    * *

    Le ciel était amoureux et beau. Le soleil s’appesantissait sur la cour des Hospices de Beaune. Les cloches battaient à toute volée. Les ailes froufroutantes de pigeons caressaient les hauts murs de leurs ombres rapides.
    Sœur Marie-Odile et Sœur Marie-Jeanne, chacune poussant un chariot d’hôpital, traversaient la cour.
    De la galerie du premier étage, une voix descendit :
    — Sœur Marie-Odile… Téléphone de Meursault… On dit que c’est important.
    — Je viens, acquiesça la jeune fille.
    Puis tout bas :
    — Placez les Anglais sur les chariots et attendez-moi, dit-elle à Marie-Jeanne.

XXXIII
    La grande salle des Hospices, un dortoir du XIV e siècle, au plafond poutré et garni de vingt-huit lits aux baldaquins rouges, commençait à s’animer aux premiers rayons qui entraient. Enfermé derrière les rideaux, Reginald dormait encore dans une longue chemise de nuit à passementerie rouge.
    On frappa à un montant de bois.
    — Qu’est-ce que c’est ? Le petit déjeuner ? s’écria le Squadron-Leader en un grommellement ensommeillé.
    Le rideau du baldaquin donnant sur la « ruelle » s’entrouvrit et Mac Intosh apparut…
    —  Breakfast ? Tea, toasts, butter and marmelade ? piaula-t-il enfantinement.
    —  Bacon and eggs and cereals ! plaisanta Reginald.
    La Mère Supérieure des Hospices de Beaune, docteur en médecine, entourée des Sœurs-Infirmières, procédait à la visite du matin, le long des lits, observant les feuilles de température.
    C’était une gaillarde qui portait son embonpoint avec autorité, et s’exprimait le verbe haut avec une aménité généreuse. Son sourire équitable ne faisait pas de jaloux.
    — Vous ne plaignez pas… Vous êtes bien dans ce lit, dit-elle à un jeune homme dont la jambe plâtrée était suspendue par des poulies… Actuellement, il vaut mieux être allongé ici que debout sur ses deux guibolles au service obligatoire du Travail en Allemagne.
    Le groupe médical avançait maintenant jusqu’au lit du Squadron-Leader, dont une Sœur-Infirmière ouvrit brusquement le rideau.
    Effrayé, Reginald tira le drap jusqu’au menton, comme pour se dérober à l’examen.
    Mais déjà la Mère Supérieure était devant lui.
    — Un nouveau ? Qu’est-ce qui ne va pas, mon fils ?
    Pour éviter de répondre, l’Anglais poussa quelques gémissements et se courba, comme s’il souffrait du ventre.
    — Il a bien mauvaise mine, celui-là ! observa la doctoresse.
    Elle lui

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