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La Guerre Des Amoureuses

La Guerre Des Amoureuses

Titel: La Guerre Des Amoureuses Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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épée. À portée de voix, il expliqua qu’il voulait du fourrage et de quoi
manger.
    — Nous n’avons rien ! répondit la
voix.
    — Si vous refusez, nous prendrons la
place ! cria Cabasset.
    — D’autres ont essayé. Nous sommes
nombreux, bien armés et la maison est imprenable.
    Cabasset revint vers Maurevert et les autres.
    Maestro Jacopo proposa de poser une mine à la
porte. Ils avaient de la poudre et pouvaient faire un pétard.
    — Ce sera difficile d’approcher à cause
de la barbacane, remarqua Cabasset. D’autres ont déjà dû essayer de prendre la
place sans succès.
    — Assiégeons-la ! décida Puyferrat.
    — Et que mangerons-nous ?
    — Nous sommes vingt, avec les gueux, dit
Maurevert. Attaquons cette nuit. Avec des cordes, on passera l’enceinte et une
fois dedans nous passerons tout le monde au fil de l’épée.
    — Et nous prendrons les femmes, plaisanta
Jacopo.
    — Ce sont peut-être des catholiques, objecta
Puyferrat.
    — Ce sont des catholiques ! affirma
un soldat. La ferme dépend de l’abbaye.
    — Quelle importance ? intervint un
autre soldat qui avait une trogne affreuse, avec le nez et un œil en moins, due
à un coup d’épée. Moi, je suis pour le pillage !
    — Je vais tenter une conciliation, proposa
Cabasset, sinon, nous ferons ce qu’a proposé M. Le Vert. Nous n’avons pas
le choix, mais attendez-vous à des pertes.
    Il revint en agitant son drapeau.
    — On peut parler ?
    — Partez ! cria une autre voix.
    — Vous avez le choix. Si vous nous vendez
du fourrage pour deux jours et trente chevaux, ainsi que de la nourriture pour
vingt hommes, nous vous paierons en écus d’or. Si vous refusez, nous prendrons
la place. Nous pendrons les hommes après les avoir écorchés vifs. Nous tuerons
les enfants. Pensez à ce que nous ferons à vos femmes. Je vous laisse une heure.
    Sans attendre la réponse, il rejoignit ses
hommes, puis alla prévenir la duchesse.
    — Croyez-vous qu’ils céderont ? demanda-t-elle.
    — S’ils sont sages, oui.
    — Et si ce sont des catholiques… hésita-t-elle.
    — Sans fourrage, nos chevaux mourront, déclara
Cabasset. Je préfère que ce soit eux.
    — Mais les femmes et les enfants, dit-elle
encore.
    — C’est la guerre, madame, dit-il en
secouant la tête et en évitant son regard. Quand le pillage a commencé, personne
ne peut l’arrêter.
    Il revint vers la barbacane.
    — Nous pouvons vous vendre le fourrage. Ce
sera vingt écus au soleil. Pour la nourriture, nous n’avons que des choux et
des pommes, cria un villageois.
    — Il nous faut aussi de l’avoine.
    — Un sac, pas plus.
    — D’accord.
    — Dix écus de plus pour la nourriture !
lança une autre voix.
    Cabasset retourna voir la duchesse. Elle lui
remit la somme qu’il apporta jusqu’à la barbacane.
    — Voici l’or, n’essayez pas de nous
tromper, dit-il en jetant les pièces devant la porte.
    — Éloignez-vous tous, nous déposerons
devant la barbacane ce que nous avons promis.
    Cabasset revint à ses hommes et les fit
reculer. Plusieurs grondèrent sans bouger. Ils attendaient le pillage et les
femmes.
    — Je fais pendre celui qui discute encore,
dit simplement le capitaine Cabasset en les menaçant de son épée.
    La grogne s’arrêta et ils obéirent.
    De loin, ils virent les paysans sortir des sacs
et empiler des bottes de fourrage, puis rentrer à vive allure.
    Ils récupérèrent tout avant de repartir. Le
soir, ils dormirent dans un village abandonné. Tous les habitants avaient fui, ou
étaient morts. Sur la porte de l’église, il y avait les habituels colliers d’oreilles
et encore quelques corps pendus à l’intérieur.
    À Angoulême, ils
furent magnifiquement logés au château où ils dormirent entre deux draps pour
la première fois depuis longtemps. La duchesse resta masquée, ne souhaitant pas
qu’on la reconnaisse, mais les passeports du duc de Guise, du duc de Mayenne, ainsi
qu’une lettre du roi, firent merveille.
    Cabasset avait remarqué que le jeune
Rouffignac cherchait à se faire accepter. Il obéissait immédiatement aux ordres
qu’on lui donnait et se montrait toujours de bon conseil. Après Angoulême, et
avec l’accord de la duchesse, on lui proposa d’entrer dans la compagnie. Il
accepta et prêta serment à la duchesse, après quoi on lui confia une épée et un
cheval. Les autres anciens brigands restèrent comme piétaille et valet. Maintenant
qu’on avait moins besoin

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