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La Guerre Des Amoureuses

La Guerre Des Amoureuses

Titel: La Guerre Des Amoureuses Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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retourner. Avec deux chevaux, il voyagerait rapidement. Il promit
au marchand de repasser en début d’après-midi. Il voulait d’abord retrouver les
autres comédiens au château pour montrer qu’il était là, puis il trouverait un
prétexte pour revenir à l’hôtellerie. Il préparerait ses bagages, se rendrait à
l’écurie et quitterait la ville. Il trouverait bien où loger en chemin, à une
lieue ou deux. Au pire, il dormirait dehors ; même si le ciel était sombre,
il ne pleuvait pas.
    Au château, il se rendit au Logis royal, à la
pointe nord de l’enceinte. On lui expliqua que la reine mère s’était installée
dans le logis neuf construit par Louis XII, tandis que la salle pour le
spectacle serait celle où le dauphin Charles avait reçu Jeanne d’Arc après sa
victoire à Orléans, quand elle l’avait supplié d’aller se faire sacrer à Reims.
    Il resta un moment avec les femmes de la
troupe qui, sur les bancs de pierre du petit jardin, regardaient Il
Magnifichino et Francesco Andreini se livrer à une hilarante parade de
capitans. C’est Flavio qui vint le chercher pour lui demander conseil sur la
construction de la scène que des menuisiers montaient dans la grande salle du
vieux logis.
    La reine venait de lui faire savoir qu’elle
allait recevoir un homme de grand talent, un gentilhomme qu’elle estimait
beaucoup et qui était aussi un des amis les plus chers d’Henri de Navarre. Elle
voulait l’honorer en le conviant au spectacle du lendemain. Dans la salle, ouvriers
et artisans sciaient des planches et accrochaient des tentures. Ludovic fit
quelques remarques sur l’assemblage des décors, puis laissa Flavio en grande
discussion avec un artisan. Tout le monde l’ayant vu, personne ne penserait qu’il
avait quitté Loches si on le cherchait maintenant. Il allait fausser compagnie
à la troupe quand Marie de Surgères, accompagnée d’un valet, l’aborda : la
reine voulait le voir.
    Inquiet par cette convocation inattendue, il
la suivit. La dame d’honneur le fit passer dans une chambre d’apparat remplie
de gentilshommes et de serviteurs mais où il n’aperçut aucune dame. Sans doute
étaient-elles encore en train de se pimplocher, à cette heure. Ensuite ils
traversèrent la chambre privée pour entrer dans l’ancien cabinet de travail de
Charles VIII. Catherine de Médicis était assise au fond d’un grand
fauteuil, tout en noir, pareille à une sinistre corneille. Sur une escabelle, Hélène
de Bacqueville lui tenait compagnie, deux lévriers couchés à ses pieds.
    — Laissez-nous ! ordonna la reine, au
valet, tandis que Marie de Surgères attendait debout.
    Catherine de Médicis hocha plusieurs fois de
la tête en exhalant un long soupir.
    — Ce voyage m’a fatiguée, Ludovic. La
goutte me torture et j’ai hâte de rentrer chez moi… Mais je me dois d’être au
service de mon fils et du royaume… Je viens d’être prévenue de l’arrivée d’un
plénipotentiaire de monseigneur de Navarre accompagné d’un de mes amis,
M. de Montaigne. Je les recevrai ce soir. J’ai prévenu Flavio que je
voulais demain un spectacle exceptionnel. À cette occasion, je veux (elle
insista sur ce mot) que Mme Andreini apparaisse comme une véritable déesse.
Vous qui la connaissez bien, conseillez-lui de se faire aussi belle et aussi
charmante qu’elle le peut, car il faut que M. de Montaigne rapporte
tant de louanges à Navarre que celui-ci n’ait plus qu’une envie : la
connaître.
    Venant du jardin, des rires et des
applaudissements parvinrent soudain jusque dans la salle.
    — Que se passe-t-il dehors, monsieur
Gouffier ? demanda la reine.
    —  Il Magnifichino et Francesco
Andreini improvisent la rencontre entre le capitaine Spavento et Scaramouche, Majesté.
    — Allez voir ! ordonna Catherine de
Médicis à Hélène, et dites-moi si je dois aller regarder.
    La jeune femme s’approcha de la fenêtre aux
petits carreaux en losange. Comme on y voyait mal à travers le verre dépoli, elle
tenta d’ouvrir la croisée, mais ne put y parvenir.
    — Allez donc à la loggia de l’oratoire !
fit la reine avec brusquerie.
    La dernière pièce du logis neuf était l’oratoire
d’Anne de Bretagne, une élégante salle gothique où la pierre était travaillée
comme de la dentelle avec des formes d’hermine et de cordelière. Un petit
balcon ouvrait sur le jardin.
    La jeune fille s’y rendit et revint presque
aussitôt.
    — Je n’ai jamais rien vu

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