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La Guerre Des Amoureuses

La Guerre Des Amoureuses

Titel: La Guerre Des Amoureuses Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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la
pluie.
    — L’expérience, madame, répondit le tueur
des rois en la saluant.
    — Pourquoi les laisser vivants ? demanda-t-elle.
Il y a des arbres pour les pendre.
    — Avec votre autorisation, madame, je
vais leur proposer un marché.
    Il se retourna vers les gueux. La plupart n’avaient
pas vingt ans.
    — Toi ! Comment tu t’appelles ?
    — Émeric de Rouffignac, monsieur.
    C’était un jeune homme imberbe, terrorisé. Un
des rares qui avait une épée, se souvenait Maurevert.
    — Noble ?
    — Oui, monsieur. Les troupes de M. de Guise
ont pris notre château, il y a vingt ans. Mon père a pu fuir et a épousé ma
mère, une paysanne. Dieu les a rappelés à lui à présent, et je n’ai plus de
famille, sinon eux.
    L’adolescent montra le reste de la bande.
    — Je me souviens de la prise du château
des Rouffignac, intervint Puyferrat en s’esclaffant. Nous y avons passé un bon
moment ! Si tu y avais été, mon garçon, je t’aurais pendu avec les autres,
mais je vais me rattraper maintenant…
    — Assez, Puyferrat ! intervint la
duchesse. Que voulez-vous faire, Maurevert ?
    — Ces gueux connaissent le pays, madame. Qu’ils
nous guident et nous servent de piétaille. J’aimerais bien dormir au chaud et
remplir ma panse ce soir !
    — Que préférez-vous, marauds, entrer au
service de cette noble dame ou être pendus ? cria Puyferrat.
    Les six se regardèrent, hésitants, puis ils
baissèrent tous la tête.
    — Alors à genoux, et prêtez serment sur
les Saints Évangiles.
    Ils obéirent, et Maurevert leur fit réciter
une patenôtre.
    — Attention ! Je coupe les oreilles
et j’ouvre le ventre à celui qui nous trahit avant de le pendre avec ses boyaux.
Maintenant, en route, conduisez-nous à un bon logement et un bon souper pour la
nuit.
    Il leva les yeux vers le ciel chargé de neige.
    — Il y a un village à une demi-lieue, monsieur,
fit l’un des bandits, sans doute le plus âgé.
    Roux comme un renard, il avait tant de
pilosité sur sa face qu’on n’apercevait que ses yeux et son front plissé.
    — Catholiques ?
    — Oui, monsieur, bons chrétiens comme
nous.
    — On te suit, passe devant !
    Le village, entouré d’un mur crénelé, était perché
sur une butte. Un chemin serpentait jusqu’à une porte fortifiée. En s’approchant
avec deux de ses hommes et Puyferrat, le capitaine Cabasset remarqua le silence,
les corbeaux qui tournaient au-dessus des maisons, puis l’odeur de brûlé.
    Le pont-levis était baissé sans sentinelles, c’était
incroyable dans ce pays en guerre ! Vigilants, ils passèrent la porte, mousquet
en main avec la mèche allumée, ou arquebuse à rouet prête à tirer.
    L’unique rue qui traversait le village était
couverte de corps détranchés en plusieurs endroits. Les maisons avaient été
pillées, saccagées et brûlées. Un parti huguenot était passé avant eux, se
dit-il. Arrivés au bout de la voie, les quatre hommes, restant aux aguets, revinrent
par les lices sans rencontrer âme qui vive. Cabasset repéra vite la plus grande
des maisons. Sa porte avait été enfoncée, mais les fenêtres possédaient de
solides grilles et on pouvait s’y retrancher. De surcroît il n’y avait pas de
cadavres puant au-devant.
    Il demandait à Puyferrat d’aller chercher le
reste du cortège quand ils entendirent la quinte de toux venant de la maison. Cabasset
fit signe à Puyferrat d’attendre et sauta au sol. Il se dirigea vers la porte
ouverte, pistolet dans une main et épée dans l’autre.
    Il entra dans une salle sombre et empuantie. Au
bout d’un instant, il distingua une table au milieu et, dans un angle, un lit à
rideaux. Il s’approcha avec prudence. Dans le lit, une femme âgée agonisait. Malgré
l’obscurité, il vit que son visage était marqué d’hémorragies aux yeux et au nez.
    La peste !
    — À boire, murmura-t-elle, avant de
tousser convulsivement.
    Il recula et fit signe à ceux qui l’avaient
suivi de sortir.
    — À boire, par le sang du Christ…
    Cabasset, bon catholique, n’était pas mauvais
homme. Cette femme souffrait. Ramassant un pot ébréché par terre, il se dirigea
vers le puits qu’il avait aperçu dehors. Le pot rempli, il le porta à la
mourante et le posa sur son lit avant de s’éloigner en se signant.
    — Les parpaillots vous ont attaqués ?
demanda-t-il.
    Sur le visage émacié de la mourante, la
surprise apparut. Elle murmura, entre plusieurs quintes de

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