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La Guerre Des Amoureuses

La Guerre Des Amoureuses

Titel: La Guerre Des Amoureuses Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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du village. Dieu était avec elle, lui avait-elle
assuré. Et les Guise n’étaient pas des poltrons.
    Cabasset n’avait rien répondu. En vingt ans de
troubles, il avait acquis une certitude : Dieu ne s’intéressait pas à
cette guerre, le diable s’acquittait de tout !
    À Tours, ils rencontrèrent un officier de
Biron, bon gentilhomme, qui leur fournit aimablement une escorte pour aller
jusqu’à Poitiers. Ce n’était pas vraiment une escorte, mais un détachement d’une
trentaine d’hommes qui devaient compléter la garnison de la ville ligueuse.
    Ensuite, sur la route d’Angoulême, ils
repartirent seuls. Le capitaine Cabasset avait prévu des étapes très courtes, la
Saintonge, terre protestante, étant livrée à toutes sortes de bandes de
brigandage et pour ne rien arranger il pleuvait et le froid était de plus en
plus vif. L’hiver arrive tôt, s’inquiétait Cabasset. Trouveraient-ils à se
nourrir ?
    Ils ne suivaient pas la grande route de
Poitiers à Angoulême, trop dangereuse. Après Civray, par où ils avaient fait un
détour pour se ravitailler, ils avaient emprunté un chemin qui longeait la
Charente. Pourtant, même à l’écart de la route principale, le pays était plein
d’embûches. Parfois, ils apercevaient des cadavres attachés aux bois flottants
par leur robe ou leur manteau, pauvres gens tués et noyés dans la prise de leur
village ou de leur maison.
    Cabasset chevauchait en tête avec un homme de
Mayenne, puis suivaient deux autres soldats, enfin le reste de la troupe qui entourait
le coche et, juste derrière, les spadassini. Malgré ces précautions, ils
tombèrent dans un guet-apens le long de la Charente.
    La bande de brigands avait dû les suivre
depuis Civray et observer la façon dont ils voyageaient. Ils furent soudain
assaillis par une vingtaine de gueux, à pied, armés d’épées et d’épieux, brusquement
surgis d’un bosquet. L’endroit était bien choisi. Le bois les dissimulait
complètement et, sans chevaux, ils n’avaient fait aucun bruit. Deux d’entre eux
portaient des arquebuses à main qu’ils ne pouvaient utiliser sous la pluie, mais
ils savaient qu’il en était de même pour leurs adversaires.
    Giovanni était le plus près d’eux et n’avait
pas le temps d’allumer la mèche de son mousquet. Il sortit un pistolet à rouet
de dessous son manteau mais, avec l’humidité, le coup ne partit pas. Déjà le
cheval d’un des soldats venait d’avoir les jarrets coupés par une guisarme et s’écroulait.
Un autre brigand, grimpé sur le coche, poignardait l’un des deux cochers. Le
maestro Jacopo tentait d’éloigner un audacieux en faisant des moulinets.
    Quelques secondes s’étaient à peine écoulées
et le combat faisait rage. Les cavaliers tentaient d’éviter guisarmes et épieux
quand les portières du coche s’ouvrirent. Maurevert et Puyferrat, chacun un
pistolet à rouet à la poudre bien sèche en main, tirèrent sur les assaillants
les plus proches d’eux. Immédiatement après, ils se saisirent de quatre autres
arquebuses posées sur la banquette et refirent feu.
    Les brigands furent rapidement réduits à merci.
Après les premiers coups de feu, quelques-uns étaient restés pétrifiés par la
surprise et Giovanni en avait profité pour en sabrer deux. Les autres soldats
en firent autant sur ceux qui étaient les plus proches d’eux. Déjà Maurevert et
Puyferrat étaient sortis du coche et perçaient plusieurs bandits de coups d’estoc
avec leur brette.
    Six survivants détalèrent sans pouvoir aller
loin, car les chevaux devaient vite les rattraper. Cabasset et ses hommes
arrivaient aussi au galop, ayant tourné bride aux premiers coups de feu.
    Jacopo et deux des soldats allaient planter
leurs épées dans le dos des fuyards quand Maurevert, qui avait sauté sur un des
chevaux en longe, leur cria de ne rien faire. Il pressa sa monture et leur
hurla :
    — Je les veux vivants !
    Les six brigands furent encerclés, frappés de
plats d’épée, et s’écroulèrent dans la boue, demandant merci.
    — Nous allons les pendre ! se
réjouit le maître Jacopo, avec un sourire féroce.
    — Peut-être pas, intervint Maurevert, j’ai
une meilleure idée. Vous, les marauds, mettez-vous debout et allez jusqu’au
coche !
    Lui-même revint à la voiture. Mme de Montpensier
était à la fenêtre.
    — Monsieur Maurevert, vous aviez raison
de rester au sec avec vos pistolets, sourit-elle, les cheveux trempés par

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