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La Guerre Des Amoureuses

La Guerre Des Amoureuses

Titel: La Guerre Des Amoureuses Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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toux :
    — Les parpaillots ? Non… Les… démons
papistes ! La peste avait déjà tué… la moitié du village. Ils le savaient
et n’ont eu aucun mal à entrer… On s’était pourtant rendus… Qu’ils soient
damnés. Ils ont tué notre boulanger qui venait de cuire le pain de la Cène… Ils
l’ont découpé vivant… et salé… ce sont des démons… Ils ont coupé les oreilles
des autres…
    Elle se releva avant de s’affaisser
brusquement. Elle était morte.
    Ainsi le rouquin les avait trahis ! songea
Cabasset avec rage. Il les avait envoyés dans un village huguenot où la peste s’était
déclarée. Qu’espérait-il ? Que les protestants les massacrent ? Qu’ils
attrapent le mal de saint Roch [61]  ?
    Il sortit en donnant des coups de botte dans
les pots sur le sol.
    — Nous dormirons dehors si nous ne
trouvons rien, décida-t-il, mais pas dans ce maudit charnier !
    En chemin, il raconta aux autres ce qu’avait
dit la femme. Le coche attendait plus bas, au bord de la Charente qui roulait des
flots furieux. Les six anciens brigands étaient assis par terre. Cabasset s’approcha
d’eux.
    — Il nous a trahis, dit-il à Maurevert, en
désignant le rouquin. Vous le saviez ? demanda-t-il ensuite aux autres
prisonniers.
    Terrifiés, ils secouèrent la tête, tandis que
le rouquin souriait avec insolence. Il savait ce qui allait lui arriver, mais
au moins il aurait tout tenté contre ces maudits catholiques.
    — Attachez-lui les mains et les pieds
avec sa chemise, ordonna-t-il.
    Le rouquin tenta de fuir mais un des cavaliers
le rattrapa et le fit tomber d’un coup de botte.
    — Pendons-le ! décida Maurevert.
    — Non, ne gaspillons pas de corde ! Vous
autres, attachez-le avec sa chemise. Si ça ne suffit pas, utilisez les lanières
de ses grègues ! ordonna Cabasset.
    Les cinq autres marauds obéirent. Le rouquin, torse
nu, tremblait de froid et de peur et se débattait comme un fou, mais les autres
le tenaient étroitement. Ils parvinrent à l’attacher. Quand ce fut terminé, Cabasset
leur montra la Charente.
    — Jetez-le à la rivière !
    Ils obéirent. Le rouquin hurlait, tentant de
résister en les maudissant. À plusieurs, ils le lancèrent à une toise de la
rive et le flot glacé l’emporta. Ils le virent rouler dans la rivière, puis
disparaître dans un remous.
    — Maintenant, vous autres, dites-moi où
on peut passer la nuit…
    Rouffignac s’avança, les yeux baissés.
    — Un peu plus bas, il y a un moulin ruiné
sur la rivière, monseigneur. Il reste une grande salle couverte qui peut nous
abriter.
    — Si tu nous trompes, menaça Cabasset, tu
connais ton châtiment !
    Ils repartirent. La neige commença à tomber, de
plus en plus épaisse.
    Ils arrivèrent au moulin à la nuit. Rouffignac
ne leur avait pas menti, le moulin avait encore quelques fortifications et une
salle basse voûtée – une sorte de cave – où étaient entreposés des fagots de
bois. Sans doute le bâtiment était-il utilisé par des bergers, car il puait la
chèvre et le mouton, et le sol était jonché de crottin.
    Ils firent entrer les chevaux et dressèrent un
lit de fortune et un coin isolé pour la duchesse et sa femme de chambre. Les
hommes dormirent à même le sol, après avoir allumé un feu et fait un repas
frugal de pommes et de fromage.
    Le matin, la neige était toujours là, mais pas
trop épaisse et ils purent repartir.
    La nuit suivante, ils logèrent dans une
auberge fortifiée sans autre dîner qu’une bouillie d’avoine. Partout, les
champs étaient abandonnés, les vergers arrachés. On ne voyait pas d’habitants, personne
sur les chemins. La nourriture et le fourrage manquaient. L’un des soldats
proposa à Cabasset de se rendre à une ferme fortifiée qu’il connaissait pour
acheter du fourrage et de la nourriture. Le capitaine accepta.
    C’était un corps de bâtiments entourés de murs
avec des échauguettes en encorbellement aux angles et protégé par un fossé. La
porte voûtée était flanquée de deux tourelles. Une barbacane en bois était
dressée devant, pas très haute mais empêchant d’arriver jusqu’à la porte. On
apercevait les murs pignons des granges dépassant des murailles.
    Ayant laissé le coche en arrière, la troupe s’approcha.
À cinquante pas, un guetteur leur cria de s’éloigner. Il avait un mousquet, affirma-t-il,
et tirerait sur le premier qui approchait.
    Cabasset s’avança seul, un linge blanc au bout
de son

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