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La Guerre Des Amoureuses

La Guerre Des Amoureuses

Titel: La Guerre Des Amoureuses Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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très vite :
    — Avez-vous préparé le philtre ?
    — Oui, madame.
    Il plongea la main dans son manteau et en
sortit un flacon couleur d’encre.
    — Vous n’en avez qu’une dose, car je ne
pouvais en faire davantage. Vous savez comment il agit : celui qui l’absorbe,
soit en boisson, soit en nourriture, perd un instant connaissance. Lorsqu’il
ouvre les yeux, son esprit s’immobilise sur le premier regard qu’il rencontre, il
en éprouve une si puissante reconnaissance qu’il est persuadé de l’aimer. Il
est donc nécessaire que votre petite-fille soit au plus près d’Henri de Navarre,
à ce moment… mais je vous rappelle que cet effet ne dure pas.
    La reine mère hocha gravement la tête.
    — Pourtant, lorsque Condé l’a absorbé, il
est longtemps resté amoureux de Mlle de Limeuil, remarqua-t-elle.
    — Ce philtre n’est qu’une étincelle, madame.
Le feu allumé ne continuera à brûler que si l’on y met du bois. De la même
façon, l’amour provoqué par ma potion ne se développera et ne durera que si
chacun souhaite rester dans cet état, sinon, l’effet disparaîtra en trois jours
au plus. Il vous faudra donc convaincre Mlle de Lorraine de rester
près d’Henri et de lui témoigner son affection.
    — N’ayez crainte, Cosimo, elle fera ce
que je lui ordonnerai. Mais êtes-vous sûr que Navarre l’aimera ? Christine
est une femme exceptionnelle, mais elle n’est pas bien belle.
    — Si elle l’aime, cela devrait suffire, affirma
le mage. Au moins quelques mois…
    — Ce sera assez pour les marier, conclut
Catherine en prenant le flacon pour se diriger vers une table de marbre, dans
un angle de sa chambre, où se trouvaient des brosses à cheveux, quelques bijoux,
ainsi qu’un coffret de bois marqueté.
    Elle souleva le couvercle et glissa le flacon
dans une petite case, à côté d’autres fioles dont l’une était de couleur bleue.
    À cet instant, on gratta à la grande porte. Catherine
abandonna le coffret ouvert et se retourna.
    —  Che… ? fit-elle en italien.
    Un valet entrebâilla la porte.
    — Madame, dit-il, un jeune homme souhaite
vous voir.
    — J’avais interdit qu’on me dérange, répliqua-t-elle
sèchement.
    Le valet se recroquevilla.
    — Je sais, madame, déglutit-il, mais il a…
la médaille.
    Après la terrible expérience de Chaumont, Catherine
avait fait frapper des médailles commémoratives, en cuivre et en forme de
bouclier, qui la représentaient à genoux en forme de suppliante, au pied d’un
homme sur un trône, entouré de ses trois fils nommés par leurs initiales, F, K,
H, et avec la devise Soit, pourveu que je règne  ! Ce roi sur le
trône était son mari et les enfants étaient ceux qui devaient régner [48] . Elle confiait ces médailles à ceux qu’elle acceptait de recevoir à
toute heure. Ses valets et ses gardes le savaient.
    — Qu’il entre !
    C’était Ludovic Gouffier.
    Le comédien ne connaissait pas Ruggieri, mais
il en avait entendu parler et il devina qui était cet effrayant vieillard seul
avec la reine.
    Il s’inclina en balbutiant :
    — Madame, excusez-moi… Je vous dérange…
    — En effet, qu’avez-vous à me dire, Ludovic ?
demanda-t-elle en s’éloignant de la table au coffret.
    — Un procureur et deux conseillers du
Châtelet sont venus samedi à l’hôtel de Cluny pour ordonner à maître Flaminio
Scala de cesser son spectacle.
    — Pourquoi ? J’avais cru comprendre
qu’ils ne jouaient que des pièces irréprochables…
    — Ils le font, madame, mais la tragédie
écrite par Isabella aurait déplu à des proches de monseigneur de Guise. Ils y
auraient vu une allusion déplaisante au duc de Mayenne…
    Catherine regarda le jeune homme, les yeux
fulminant de colère. Son corps entier se raidit.
    —  Che bestia ! Ne
pouviez-vous faire attention ! ragea-t-elle. Je n’ai nul besoin d’avoir la
Ligue contre moi maintenant ! Que Scala obéisse ! Nous partirons d’ici
un mois et que les Gelosi se tiennent prêts ! Qu’ils profitent de ce temps
libre pour préparer un spectacle exceptionnel.
    Détournant les yeux, Ludovic laissa passer l’orage.
Machinalement et par curiosité, il balaya du regard la partie de la pièce où se
trouvait le lit, car c’était la première fois qu’il entrait dans la chambre
privée de la reine.
    Il aperçut un coffret ouvert. Ludovic avait l’esprit
vif et comprit en un éclair. La reine se trouvait devant ce coffre à parfums
quand

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