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La Guerre Des Amoureuses

La Guerre Des Amoureuses

Titel: La Guerre Des Amoureuses Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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la reine. Bientôt, elle
recevrait de lui un messager. Alors commencerait le marchandage sur le lieu de
la rencontre. D’ores et déjà, elle avait prévenu son intendant pour qu’il
rassemble voiture, coches et litières, ainsi que les chevaux et les mules
nécessaires. Il ne lui manquait plus que le philtre.
    M. de Sarlan, son maître d’hôtel, entra
et annonça Ruggieri.
    Enfin ! se dit Catherine, en se
redressant.
    Elle eut un geste autoritaire et ceux qui se
trouvaient dans la pièce se retirèrent tandis qu’entrait un austère vieillard à
la barbe d’argent. Vêtu d’une robe de velours noir sur laquelle il portait une
pelisse en renard, il avait un je-ne-sais-quoi d’effrayant avec sa bouche
presque invisible, son visage profondément sillonné de rides et son front
cerclé d’une couronne de longs cheveux blancs.
    Catherine frissonna, comme si la température
de la pièce avait brusquement baissé. C’était toujours ainsi quand elle voyait
le mage.
    — Maître Ruggieri, y êtes-vous parvenu ?
demanda-t-elle d’un ton suppliant comme les yeux noirs et brûlants de l’astrologue
se posaient sur elle.
    Cosimo Ruggieri était le fils de Ruggiero il
Vecchio, médecin et astrologue de son père. Arrivé en France avec elle, il
avait son âge et l’avait toujours fidèlement servie et surtout protégée des
démons. C’est lui qui lui avait prédit qu’elle serait reine, alors même que son
époux n’était pas l’aîné de François Ier, et donc destiné à ne pas régner.
C’est lui aussi qui lui avait annoncé qu’elle aurait dix enfants.
    Ruggieri avait tout accepté pour elle, même de
participer à la conspiration de La Mole et Coconnat afin de capter leur
confiance pour les dénoncer à la reine quand il avait su qu’ils envisageaient de
tuer le roi. Pourtant, à cause de la statuette percée d’aiguilles trouvée chez
La Mole, on l’avait arrêté et condamné aux galères.
    Gracié après la mort de Charles IX, Catherine
l’avait fait abbé de la riche abbaye de Saint-Mahé, en Bretagne, pour le récompenser
et le dédommager de ses souffrances. Depuis, Cosimo Ruggieri était devenu son
seul confident, celui qui consultait les astres pour l’aider à prendre les
bonnes décisions, celui qui faisait les philtres dont elle avait besoin.
    Longtemps le mage avait habité rue du Four, mais
depuis que Catherine avait fait construire l’hôtel de la reine, c’est là qu’il
vivait, dans un petit appartement qui communiquait avec celui de Catherine de
Médicis par un escalier à vis édifié dans une colonne utilisée comme observatoire
astrologique [47] . Il y avait établi son antre de sorcier où personne n’avait le droit d’entrer.
En janvier, après que le jeune Nicolas Gouffier fut parti pour Milan, Catherine
s’y était rendue et lui avait confié son dessein. Il ne l’avait pas interrompue
sauf quand elle lui avait parlé du philtre qu’il avait fait jadis pour Mlle de Limeuil.
    — Je n’en ai plus, madame, et je n’ai
plus les ingrédients me permettant d’en faire.
    — Il me le faut, Cosimo ! avait
martelé la reine. Que vous manque-t-il ?
    — Des herbes qui viennent d’Arabie. Je
puis les faire venir de Smyrne, mais cela prendra des mois.
    — Faites-le, il me les faut rapidement !
    Il s’était incliné mais quand elle lui avait
parlé du second philtre, du poison, elle avait vu le visage du vieillard se
figer.
    — Il ne sera utilisé qu’en dernier
recours, lui avait-elle promis.
    — Vous le savez, madame, je n’ai jamais
donné la mort, avait-il dit avec une tristesse infinie. Vous pouvez me demander
toutes sortes de potions, de philtres, d’horoscopes, d’envoûtements, mais pas
de poison.
    À cette époque, l’empoisonnement était arrivé
à une perfection inimaginable. Avec un couteau habilement préparé, on pouvait
couper un fruit en deux et n’en empoisonner qu’une moitié. Celui qui mangeait
le mauvais morceau mourait dans l’heure. Certains empoisonneurs étaient
capables de parfumer des bouquets de fleurs dont la senteur seule donnait la
mort. Longtemps Catherine avait utilisé les services de René Bianchi, un
parfumeur florentin du pont Saint-Michel qui se vantait de composer des
parfums qui n’étaient pas propres à la santé. Sa réputation était telle qu’on
l’appelait l’empoisonneur de la reine.
    C’est lui qui avait préparé la paire de gants
parfumés que Jeanne d’Albret avait mise, quelques jours

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