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La Guerre Des Amoureuses

La Guerre Des Amoureuses

Titel: La Guerre Des Amoureuses Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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petit groupe, quatre hommes farouches repoussaient
ceux qui serraient de trop près le souverain. C’étaient les gardes qu’Épernon
avait placés autour d’Henri III ; les fameux quarante-cinq qu’on
appelait aussi les ordinaires, car ils étaient toujours près du roi
contrairement aux gentilshommes qui servaient par quartiers.
    Le roi, perles aux oreilles, fardé et maquillé
comme une femme, portait un pourpoint de soie finement brodé avec une chaîne d’or
où pendait une grosse médaille de vermeil représentant trois couronnes, celles
de France et de Pologne, et celle qu’il espérait obtenir au paradis, avec la
légende Manet ultima cálo [52] . À sa taille pendaient un chapelet de têtes de
mort et une épée d’argent. Mais ce qui attira surtout l’attention de M. Sardini,
ce fut le panier, noué par un large ruban bleu, qu’Henri III portait sur
le ventre et qui contenait trois minuscules chiens endormis. On disait qu’il
avait plus de trois cents chiots, un enfantillage qui le faisait passer pour
fol.
    En le voyant ainsi, Sardini se demanda s’il
avait eu raison de venir. Mais il était trop tard pour hésiter, car le roi l’avait
aperçu. Il lui fit un signe amical en déclarant à son entourage, dans un éclat
de rire forcé :
    — J’ai à parler finance avec mon compère
Sardini que voici !
    Demandant au banquier de le suivre, il quitta
ses courtisans pour se diriger vers le tribunal, une pièce située à l’extrémité
de la grande salle. Là, dans l’abside construite dans l’épaisseur du mur de
façade du Louvre, une porte dissimulée ouvrait sur un étroit passage conduisant
à une petite pièce et à un escalier à vis permettant d’accéder à l’étage, dans
sa chambre de parade.
    Avant qu’ils ne s’y engagent, un groupe de
gentilshommes, avec à leur tête M. de Cubsac, les entourèrent. Quatre
d’entre eux précédèrent le roi dans l’escalier, tandis que quatre autres le
suivirent, laissant Sardini fermer seul la marche.
    La chambre d’apparat était garnie de boiseries
avec, en son milieu, un lit à colonnes drapé de damas et de velours. Le parquet
était marqueté et le plafond splendidement peint. Deux valets se tenaient sur
un banc, à côté de la haute et large cheminée au manteau orné de figures d’animaux.
Le roi leur fit signe de passer dans la chambre voisine et ordonna aux
quarante-cinq de rester à la porte. Il entraîna ensuite Sardini vers l’extrémité
de la pièce, dans l’embrasure d’une des hautes fenêtres cintrées qui ouvraient
sur la Seine.
    — Qu’aviez-vous à me dire de si important,
compère ? demanda Henri.
    Le banquier lui raconta l’entrevue entre son
épouse et Catherine de Médicis. En parlant, il observait le visage maquillé d’Henri III
qui restait inexpressif. Quand il eut terminé, le monarque ne posa aucune
question et lui fit signe de se retirer par la porte de sa chambre.
    Une fois seul, Henri s’approcha de la fenêtre
et regarda les barques qui descendaient lentement la Seine. Si un témoin avait
pu l’observer, il aurait été surpris par son attitude. La mâchoire et les
poings serrés, le roi réfrénait sa rage, mais surtout son désespoir. Il avait
parfaitement jugé sa mère, et il en était malade.
    Quand il s’estima calmé, il revint dans la
chambre et ordonna :
    — Cubsac, allez chercher O dans la salle
basse.
    Moins d’une minute plus tard, le marquis d’O entrait.
Entre-temps le roi avait déposé le panier de chiens sur le sol.
    — Cette comédie est usante, fit-il en désignant
les chiots. Je commence à être las. Il m’arrive de plus en plus souvent d’éprouver
l’envie de me retirer dans un monastère, comme l’avait fait Charles Quint.
    — Non, sire, vous devez continuer à vous
battre ! Sans vous, qui sauvera ce pauvre royaume ?
    —  Me battre ? Contre
Guise qui m’impose ses volontés ? Contre mon beau-frère Navarre que j’estime,
et qui pourtant me combat ? Je suis ruiné et chaque jour ma situation
empire !
    — Il vous faut gagner du temps, sire. À
moins que ne soit venue l’heure de l’ultime bataille…
    Le roi observa un silence désapprobateur. Ils
en avaient souvent parlé avec Épernon, Villequier, et ses autres fidèles. Certains
le poussaient à quitter Paris, à se réfugier à Chartres ou à Tours et à
regagner son royaume à la pointe de son épée, comme l’avait fait le dauphin
Charles VII, quitte à s’allier alors à

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