La Guerre des Gaules
de leur camp et s'enfuient. Si nos soldats n'avaient été harassés pour être maintes fois intervenus en renfort et avoir été à la peine toute la journée, on aurait pu détruire entièrement l'armée ennemie. La cavalerie, lancée à sa poursuite, atteint l'arrière-garde peu de temps après minuit ; beaucoup sont pris ou massacrés ; les autres, ayant réussi à s'échapper, se dispersent dans leurs cités.
89. Le lendemain, Vercingétorix convoque l'assemblée il déclare que cette guerre n'a pas été entreprise par lui à des fins personnelles, mais pour conquérir la liberté de tous ; puisqu'il faut céder à la fortune, il s'offre à eux, ils peuvent, à leur choix, apaiser les Romains par sa mort ou le livrer vivant. On envoie à ce sujet une députation à César. Il ordonne qu'on lui remette les armes, qu'on lui amène les chefs des cités. Il installa son siège au retranchement, devant son camp c'est là qu'on lui amène les chefs ; on lui livre Vercingétorix, on jette les armes à ses pieds. Il met à part les prisonniers héduens et arvernes, pensant essayer de se servir d'eux pour regagner ces peuples, et il distribue les autres à l'armée entière, à titre de butin, à raison d'un par tête.
90. Tout cela réglé, il part chez les Héduens : la cité fait sa soumission. Des ambassadeurs arvernes viennent l'y trouver, se déclarant prêts à exécuter ses ordres. Il exige un grand nombre d'otages. Il envoie les légions prendre leurs quartiers d'hiver. Il rend aux Héduens et aux Arvernes environ vingt mille prisonniers. Titus Labiénus, avec deux légions et la cavalerie, reçoit l'ordre de partir chez les Séquanes ; il lui adjoint Marcus Sempronius Rutilus. Il place Laïus Fabius et Lucius Minucius Basilus avec deux légions chez les Rèmes, pour que ceux-ci n'aient rien à souffrir de leurs voisins les Bellovaques. Laïus Antistius Réginus est envoyé chez les Ambivarètes, Titus Sextius chez les Bituriges, Laïus Caninius Rébilus chez les Rutènes, chacun avec une légion. Quintus Tullius Cicéron et Publius Sulpicius sont cantonnés à Chalon et à Mâcon, chez les Héduens, sur la Saône, pour veiller au ravitaillement. Quant à lui, il décide de prendre ses quartiers d'hiver à Bibracte. Lorsque ces événements sont connus à Rome par une lettre de César, on célèbre des supplications de vingt jours.
LIVRE HUITIÈME
51 av. J.-C
J'ai dû céder à tes instances, Balbus, puisque mes refus quotidiens, au lieu d'être excusés sur la difficulté de la tâche, étaient interprétés comme la dérobade d'un paresseux, et je me suis engagé dans une entreprise pleine de périls : j'ai ajouté aux commentaires de la guerre des Gaules de notre cher César ce qui y manquait, et les ai reliés aux écrits suivants du même auteur ; de plus, j'ai terminé le dernier de ceux-ci, laissé inachevé depuis la guerre d'Alexandrie jusqu'à la fin non point de la guerre civile, dont nous ne voyons nullement le terme, mais de la vie de César. Puissent les lecteurs de ces commentaires savoir quelle violence je me suis faite pour les écrire ; j'espère échapper ainsi plus aisément au reproche de sotte présomption que j'encours en plaçant ma prose au milieu des œuvres de César. Car c'est un fait reconnu de tous : il n'est pas d'ouvrage, quelque soin qu'on y ait mis, qui ne le cède à la pureté de ces commentaires. Ils ont été publiés pour fournir des documents aux historiens sur des événements si considérables ; or ; telle est la valeur que chacun leur attribue qu'ils semblent, au lieu d'avoir facilité la tâche des historiens, la leur avoir rendue impossible. Et cependant notre admiration passe encore celle des autres : car s'ils savent quelle est la perfection souveraine de l'ouvrage, nous savons, en autre, avec quelle facilité et quelle promptitude il l'a écrit. César n'avait pas seulement au plus haut degré le don du style et la pureté naturelle de l'expression, mais il avait aussi le talent d'expliquer ses desseins avec une clarté et une exactitude absolues. Pour moi, il ne m'a même pas été donné de prendre part à la guerre d'Alexandrie ni à la guerre d'Afrique ; sans doute, ces guerres nous sont, en partie, connues par les propos de César, mais c'est autre chose d'entendre un récit dont la nouveauté nous captive ou qui nous transporte d'admiration, autre chose de l'écouter pour en faire un rapport qui aura valeur de témoignage. Mais que
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