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La Guerre Du Feu

La Guerre Du Feu

Titel: La Guerre Du Feu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: J.H. Rosny aîné
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feuille, de brin d’herbe en brin d’herbe.

2

    L’affût devant le Feu

    Les Oulhamr, depuis trois jours, suivaient la piste des Dévoreurs d’Hommes. Ils longèrent d’abord le lac jusqu’au pied des collines ; puis ils s’engagèrent dans un pays où les arbres alternaient avec les prairies. Leur tâche fut aisée, car les rôdeurs avançaient nonchalamment ; ils allumaient de grands feux pour rôtir leurs proies ou s’abriter de la fraîcheur des nuits brumeuses.
    Au rebours, Naoh usait continuellement de ruses pour tromper ceux qui pourraient les suivre. Il choisissait les sols durs, les herbes souples qui se redressent promptement, profitait du lit des ruisseaux, passait à gué ou à la nage tels tournants du lac, et parfois enchevêtrait les traces. Malgré cette prudence, il gagnait du terrain. À la fin du troisième jour, il fut si proche des Dévoreurs d’Hommes qu’il crut pouvoir les atteindre par une marche de nuit.
    – Que Nam et Gaw apprêtent leurs armes et leur courage..., dit-il. Ce soir, ils reverront le Feu !
    Les jeunes guerriers, selon qu’ils songeaient à la joie de voir bondir les flammes ou à la force des ennemis, respiraient plus fort ou demeuraient sans souffle.
    – Reposons-nous d’abord ! reprit le fils du Léopard. Nous nous approcherons des Dévoreurs d’Hommes pendant leur sommeil, et nous essaierons de tromper ceux qui veillent.
    Nam et Gaw conçurent la proximité d’un péril plus grand que tous les autres : la légende des Dévoreurs d’Hommes était redoutable. Leur force, leur audace et leur férocité dépassaient celles des hordes connues. Quelquefois, les Oulhamr en avaient surpris et exterminé des troupes peu nombreuses ; plus souvent, c’étaient des Oulhamr qui avaient péri sous leurs haches tranchantes et leurs massues de chêne.
    D’après le vieux Goûn, ils descendaient de l’ours gris ; leurs bras étaient plus longs que ceux des autres hommes ; leurs corps, aussi velus que les corps d’Aghoo et de ses frères. Et, parce qu’ils se repaissaient des cadavres de leurs ennemis, ils épouvantaient les hordes craintives.
    Quand le fils du Léopard eut parlé, Nam et Gaw, tout tremblants, inclinèrent la tête, puis ils prirent du repos jusqu’au milieu de la nuit.

    Ils se levèrent avant que le croissant eût blanchi le fond du ciel. Naoh ayant reconnu d’avance la piste, ils marchèrent d’abord dans les ténèbres. Au lever de la lune, ils reconnurent qu’ils avaient dévié, puis ils retrouvèrent la voie. Successivement, ils traversèrent une brousse, passèrent le long de terres marécageuses et franchirent une rivière.
    Enfin, du sommet d’un mamelon, cachés parmi des herbes drues et secoués d’une émotion terrible, ils aperçurent le Feu.
    Nam et Gaw grelottaient ; Naoh demeurait immobile, les jarrets rompus et le souffle rauque. Après tant de nuits passées dans le froid, la pluie, les ténèbres, tant de luttes – la faim, la soif, l’ours, la tigresse et le lion géant – il apparaissait enfin, le Signe éblouissant des Hommes.
    C’était sur une plaine coupée de térébinthes et de sycomores, non loin d’une mare, un brasier en demi-cercle dont les flammes s’alanguissaient autour des tisons. Cela jetait une lueur de crépuscule qui imbibait, trempait, vivifiait la structure des choses.
    Des sauterelles rouges, des lucioles de rubis, d’escarboucle ou de topaze agonisaient dans la brise ; des ailes écarlates craquaient en se dilatant ; une fumerolle brusque montait en spirale et s’aplatissait dans le clair de lune ; il y avait des flammes lovées comme des vipères, palpitantes comme des ondes, imprécises comme des nues.
    Les hommes dormaient, couverts de peaux d’élaphes, de loups, de mouflons, dont le poil était appliqué sur le corps. Les haches, les massues et les javelots s’éparpillaient sur la savane ; deux guerriers veillaient. L’un, assis sur la provision de bois sec, les épaules abritées d’une toison de bouc, tenait la main sur son épieu. Un rai de cuivre frappait son visage recouvert, jusqu’aux yeux, d’un poil semblable à celui des renards. Son cuir velu rappelait le cuir des mouflons, sa bouche avançait des suçoirs énormes sous un nez plat, aux narines circulaires ; il laissait pendre des bras longs comme ceux de l’Homme des Arbres, tandis que ses jambes se repliaient, courtes, épaisses et arquées.
    L’autre veilleur marchait furtivement autour du foyer. Il

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