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La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

Titel: La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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profonds encore. Mais le médecin ne tue point le malade dont la générosité le fait vivre, et surtout celui par lequel il espère être vengé. Encore un mot. S’il était nécessaire de vous réveiller, car qui dans l’Écosse peut espérer de dormir huit heures sans être troublé ? l’odeur de cette forte essence contenue dans cette petite boîte serait suffisante. Adieu, sir chevalier ; si vous ne pensez point que j’aie une conscience très délicate, accordez-moi au moins de la raison et du jugement.
    En parlant ainsi le médecin quitta l’appartement : sa contenance naturellement basse et rampante avait quelque chose de plus assuré par la victoire qu’il venait de remporter sur son impérieux malade.
    John Ramorny resta plongé dans de tristes réflexions jusqu’au moment où il sentit l’influence du breuvage narcotique. Il se réveilla pour un instant et appela son page.
    – Eviot ! – J’ai eu tort, ajouta-t-il, de me découvrir ainsi à cet empoisonneur de charlatan. – Eviot !
    Le page entra dans l’appartement.
    – Le médecin est-il parti ? demanda sir John.
    – Oui, seigneur, répondit le page.
    – Seul ou accompagné ?
    – Bonthron a parlé avec lui en particulier et l’a suivi presque aussitôt, d’après les ordres de Votre Seigneurie, m’a-t-il dit.
    – Grand Dieu ! Oui, cela est vrai ; il est allé chercher quelques médicamens. Il reviendra bientôt. S’il est ivre, empêche-le d’entrer dans ma chambre, et ne lui permets de causer avec personne. Il déraisonne lorsqu’il a bu. C’était un brave garçon avant qu’un Anglais lui eût fracassé le crâne. Mais depuis ce temps il parle un mauvais jargon toutes les fois qu’une coupe a touché ses lèvres. Qu’est-ce que le médecin vous a dit, Eviot ?
    – Rien, sinon qu’il m’a recommandé que Votre Seigneurie ne soit point dérangée.
    – Vous devez lui obéir ponctuellement en cela, dit le chevalier. Je sens le sommeil qui me gagne ; j’en ai été privé depuis cette blessure, ou du moins si j’ai dormi, c’était pour bien peu de temps. Aidez-moi à ôter ma robe de chambre, Eviot.
    – Que Dieu et les saints vous envoient un repos tranquille, milord, dit le page en se retirant après avoir rendu à son maître le service qu’il lui demandait.
    Comme Eviot quittait la chambre, le chevalier, dont les idées devenaient de plus en plus confuses, murmura en faisant allusion au souhait du page :
    – Dieu, les saints ! J’ai dormi autrefois bien tranquille sous une pareille protection. Mais maintenant je pense, si je ne puis parvenir à voir l’accomplissement de mes espérances ambitieuses ou de ma vengeance, que le meilleur souhait qu’on puisse me faire est que le profond sommeil qui va m’accabler dans l’instant soit l’avant-coureur de celui qui me rendra pour toujours au néant. Mais je ne puis raisonner plus long-temps.
    En parlant ainsi il s’endormit profondément.

CHAPITRE XVI.
     
    La nuit qui obscurcissait peu à peu l’appartement du malade, et qui s’étendait en même temps sur le reste de la terre, n’était point destinée à être tranquille. Le couvre-feu avait sonné depuis deux heures, et il en était neuf. Vers ce temps à peu près chacun se retirait pour dormir, excepté ceux que la dévotion, les devoirs ou les plaisirs tenaient éveillés. C’était le soir du mardi gras, ou ce qu’on appelle en Écosse veille de jeûne ; et les lieux de plaisirs, étaient plus remplis que les églises.
    Pendant la journée le peuple se fatigua au jeu de ballon ; les nobles et les gentillâtres employèrent leur temps à des combats de coqs, ou bien à écouter les couplets licencieux du ménestrel, tandis que les citoyens se gorgeaient de gâteaux frits dans du lard, et de pain trempé de bouillon gras dans lequel on avait fait bouillir du bœuf salé, et qu’on avait saupoudré de gruau grillé, plat qui aujourd’hui même n’est point indifférent aux anciens Écossais. Ces exercices et ces mets étaient particuliers à ce jour de fête ; il était, aussi de rigueur que le soir tout bon catholique bût autant d’ale et de vin qu’il pourrait s’en procurer, et que s’il était jeune et agile il dansât au bal ou figurât parmi les danseurs moresques dont, à Perth comme partout ailleurs, le costume était d’une forme particulière, et qui se distinguaient par l’adresse et l’activité. Toute cette gaîté avait cours sous le prévoyant prétexte

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