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La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

Titel: La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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répondit le visiteur ; j’ai été sérieux toute la journée : je pouvais à peine ouvrir la bouche sans parler de mort, d’enterrement, ou de quelque chose de semblable, les sujets les plus tristes qu’on puisse trouver.
    – Par saint Jean ! voisin, dit Glover, êtes-vous fey {69}  ?
    – Point du tout : ce n’est point ma propre mort que ces sombres idées m’annoncent. J’ai un bon horoscope, et je vivrai cinquante ans encore. Mais c’est le sort de ce pauvre garçon, l’homme de Douglas, que j’ai renversé à la querelle de Saint-Valentin ; il est mort la nuit dernière : c’est là le poids que j’ai sur la conscience, et qui éveille en moi de tristes réflexions. Ah ! père Simon, nous autres gens de guerre qui versons le sang dans notre colère, nous avons des idées noires quelquefois. J’ai souvent désiré de n’avoir coupé que des bonnets de laine.
    – Et je souhaiterais, dit Simon, n’avoir jamais coupé que mes gants ; mais je me suis souvent coupé les doigts. Cependant vous pouvez vous épargner des remords ; il n’y eut qu’un homme dangereusement blessé dans cette affaire, et ce fut celui auquel Henry Smith coupa la main ; on le dit parfaitement rétabli. Son nom est Black Quentin, un des gens de sir John Ramorny. On l’a renvoyé secrètement dans son pays.
    – Quoi ! Black Quentin ? Bon Dieu ! c’est le même homme que Henry et moi, car nous sommes toujours à côté l’un de l’autre, avons frappé en même temps ; seulement mon coup tomba un peu plus tôt que le sien. Je crains qu’il n’en résulte quelque trouble dans la ville, et le prévôt le craint aussi. Mais vous dites qu’il se porte bien ; allons, je vais, reprendre ma gaîté, et puisque vous ne voulez pas me laisser voir comment un déshabillé de nuit sied à la jolie Catherine, je vais au Griffon retrouver mes danseurs moresques.
    – Restez un instant ; vous êtes le compagnon de Henry du Wynd ; vous lui avez souvent rendu le service de raconter ses actions comme vous venez de le faire : je voudrais que vous puissiez le blanchir à mes yeux d’un autre tort dont on l’accuse.
    – Je suis prêt à jurer par la poignée de mon épée que cette accusation est aussi fausse que l’enfer, père Simon. Quoi ! par les lames et les boucliers ! les hommes d’épée ne doivent-ils pas se soutenir entre eux ?
    – Soyez calme, voisin bonnetier. Vous pouvez rendre service à l’armurier, si vous voyez juste dans cette affaire. Je vous ai choisi pour vous consulter, non pas parce que je vous considère comme la tête la plus sage de Perth, car si je le disais je ferais un mensonge.
    – Bien ! bien ! répondit Proudfute d’un ton satisfait ; je sais ce que vous me reprochez. Vous autres têtes froides, vous pensez que nous sommes des fous nous autres têtes chaudes. Plus de vingt fois j’ai entendu appeler ainsi Henry du Wynd.
    – Peu importe que vous soyez brave ou que vous ne le soyez pas, dit Glover ; mais je crois que vous êtes naturellement bon et que vous aimez Henry. Nous sommes un peu brouillés maintenant avec lui. Vous savez qu’on a parlé de mariage entre ma fille et l’armurier ?
    – J’ai entendu en effet quelques contes de ce genre depuis la Saint-Valentin. Ah ! celui qui possédera la Jolie Fille de Perth sera un homme heureux. Cependant le mariage gâte les jeunes gens ; moi-même je regrette quelquefois…
    – Laisse-là tes regrets pour le moment, dit Glover en l’interrompant un peu brusquement. Il faut que vous sachiez, Olivier, que quelques-unes des commères de la ville qui s’occupent des affaires de tout le monde ont accusé Henry de fréquenter des chanteuses et d’autres femmes de cette espèce. Catherine en a été blessée, et j’ai cru ma fille insultée parce que Henry ne s’est point conduit comme un Valentin devait le faire, mais avait préféré une société inconvenante le jour même où suivant une ancienne coutume il aurait eu la meilleure occasion de parler de son amour à Catherine. – Aussi lorsque le soir il vint fort tard chez moi, je lui refusai ma porte, et comme un vieux fou, je le priai de retourner chez lui rejoindre la compagnie qu’il venait de quitter. Je ne l’ai pas revu depuis, et je commence à croire que j’ai été trop prompt à me mettre en colère. Catherine est ma fille unique, mais j’aimerais mieux la voir mourir que de la donner à un débauché. Cependant je connais Henry Gow comme mon

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