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La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

Titel: La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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adroitement les gens dans l’autre monde.
    Le page Eviot parut une seconde fois, et obéissant à un signe de son maître, aida le chirurgien à changer l’appareil de la blessure de sir John. Dwining regardait le bras nu avec une espèce de plaisir qui tenait à sa profession, et qui était augmenté encore par la méchanceté de son cœur. C’était une jouissance pour lui que de contempler la souffrance. Le chevalier arrêta un instant ses yeux sur l’horrible spectacle, et succombant sous le poids de sa douleur, il fit entendre malgré ses efforts pour cacher son mal un profond gémissement.
    – Vous gémissez, dit le médecin d’une voix douce et insinuante, mais avec un sourire de joie et de dédain qui se montra malgré lui sur ses lèvres et que sa dissimulation habituelle ne put entièrement déguiser ; vous gémissez, mais rassurez-vous : cet Henry Smith connaît son affaire, son épée atteint le but aussi bien que son marteau l’enclume. Si un homme moins habile eût frappé ce coup fatal, il eût endommagé seulement l’os et lacérée les muscles : tout mon art eût été inutile ; mais les blessures que fait Henry Smith sont nettes. Ce sont des amputations aussi faciles à guérir que celles, que pourrait faire mon propre scalpel. Dans quelques jours, en suivant avec attention les ordonnances de votre médecin, vous serez capable de sortir.
    – Mais ma main ? la perte de ma main ?
    – Cette perte peut être cachée pendant quelque temps, dit le médecin ; j’ai confié à quelques bavards sous le plus grand secret, que la main qui fut trouvée était celle de votre valet Black Quentin, et Votre Seigneurie sait qu’il est parti pour le comté de Fife d’une manière à le faire croire généralement.
    – Je sais, dit Ramorny, que ce conte peut cacher la vérité pour quelques jours ; mais ensuite que deviendrai-je ?
    – Cela peut être caché jusqu’à ce que Votre Seigneurie se retire de la cour. Alors quand de nouveaux événemens auront fait perdre le souvenir du dernier tumulte, on pourra dire que votre blessure vient de l’éclat d’une lance ou du trait d’une arbalète. Votre esclave trouvera des moyens convenables pour le faire croire, et assurera que c’est la vérité.
    – Cette pensée me rend fou, dit Ramorny avec un nouveau gémissement causé autant par ses peines morales que par ses souffrances : cependant je ne vois pas de meilleur remède.
    – Il n’y en a point d’autre, répondit le médecin pour qui les tourmens du chevalier étaient un spectacle délicieux ; maintenant on sait que vous êtes retenu dans votre chambre en conséquence de quelques contusions, et chagriné par la résolution que le prince a prise de vous retirer sa faveur et de vous congédier de sa maison, d’après les avis du duc d’Albany : cela est connu publiquement.
    – Vilain, tu te plais à me tourmenter, dit le malade.
    – Toute cette affaire bien considérée, dit Dwining, Votre Seigneurie s’en est encore assez bien tirée. Il vous manque une main, il est vrai, et c’est un mal sans remède ; mais au moins elle est bien coupée, et il n’y a point en France ou en Angleterre de chirurgien – barbier qui eût pu faire cette opération aussi adroitement que Smith.
    – Je comprends tout ce que je lui dois, répondit le chevalier essayant de cacher sa colère sous un maintien composé ; et si Bonthron ne le paie par un coup appliqué aussi adroitement, et s’il ne rend pas l’assistance du chirurgien inutile, vous direz que sir John Ramorny ne sait pas s’acquitter d’une obligation.
    – C’est une pensée noble comme vous-même, sire chevalier, répondit le médecin ; mais laissez-moi ajouter que l’adresse de l’opérateur aurait été vaine, et que l’hémorrhagie eût épuisé vos veines sans les bandages, le cautère et les styptiques appliqués par les bons moines et par les services de votre humble vassal Henbane Dwining.
    – Paix ! s’écria le malade, avec ta voix de mauvais augure et ton nom de plus mauvais présage encore {67} . Il me semble, tandis que tu parles des tortures que j’ai endurées, que je sens les nerfs de la main que j’ai perdue frémir, s’étendre, se contracter, comme s’ils faisaient encore agir les doigts qui ne peuvent plus saisir un poignard.
    – Ceci explique, n’en déplaise à Votre Seigneurie, un phénomène bien connu dans notre profession. Parmi les anciens sages, il y en a qui ont pensé

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