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La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

Titel: La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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que le long carême approchait avec tous ses jeûnes, toutes ses privations : il était donc sage de prendre autant de plaisir que possible, et de s’accorder toutes les indulgences imaginables avant le temps de pénitence.
    Ces réjouissances accoutumées avaient eu lieu, et dans la plupart des quartiers de la ville chacun s’était livré au repos. La noblesse avait eu soin de prévenir toutes les querelles qui auraient pu survenir entre les gens armés et les citoyens de la ville. La fête s’était passée avec moins d’accident que de coutume : on n’eut à déplorer que trois morts et quelques membres cassés ; mais ces événements arrivèrent à des gens de si peu d’importance qu’on ne se donna, pas même la peine de rechercher quelle en avait été la cause. Le carnaval se terminait donc tranquillement, quoique dans certains lieux on n’eût pas encore renoncé aux amusemens de la journée.
    Une bande de danseurs qu’on avait particulièrement applaudie et remarquée semblait vouloir prolonger ses plaisirs jusqu’au milieu de la nuit. L’ entrée , comme on l’appelait, était composée de treize personnes habillées de la même manière, ayant des pourpoints de peau de chamois taillés, coupés et brodés d’une manière bizarre. Elles portaient des toques vertes avec des glands d’argent, des rubans rouges, des souliers blancs, de petites sonnettes attachées à leurs genoux et autour de leurs talons, et un glaive nu à la main. Cette élégante troupe avait dansé devant le roi la danse de l’épée, qui consistait dans le choc des armes et dans une suite de poses singulières ; elle alla galamment offrir une seconde représentation de son adresse à la porte de Simon Glover, fit ensuite servir du vin tant pour elle que pour les spectateurs, et but avec acclamation à la santé de la Jolie Fille de Perth. Le vieux Simon parut à la porte de son habitation pour reconnaître la politesse de ses compatriotes, et à son tour fit apporter du vin en honneur des joyeux danseurs moresques de Perth.
    – Nous te remercions, père Simon, dit une voix déguisée mais qui cachait mal l’accent fanfaron d’Olivier Proudfute ; mais la vue de ta charmante fille serait plus douce à nos yeux que celle d’un tonneau de malvoisie.
    – Je vous remercie aussi voisins, répondit Glover. Ma fille n’est pas bien portante, et ne peut sortir par le froid de la nuit. Mais si ce galant dont il me semble reconnaître la voix veut entrer dans ma pauvre maison, elle le chargera de complimens pour le reste de la compagnie.
    – Alors tu nous les apporteras à l’hôtel du Griffon, s’écrièrent les autres à leur compagnon favorisé, car c’est là où nous enterrerons le carnaval, et où nous boirons encore à la santé de la belle Catherine.
    – Je suis à vous dans une demi-heure, dit Olivier, et nous verrons qui videra le plus large flacon ou chantera le plus haut. Je veux être gai pendant le reste du carnaval, comme si je devais avoir demain la bouche fermée pour toujours.
    – Adieu donc, cria son partner dans le ballet moresque. Adieu, joyeux marchand de bonnets, jusqu’au plaisir de te revoir.
    Les danseurs se rendirent alors à leur destination, sautant et chantant tout le long des rues accompagnés par quatre musiciens qui menaient la bande, tandis que Simon Glover introduisait leur coryphée dans sa maison, et lui offrait une chaise au coin de son feu.
    – Mais où est votre fille, dit Olivier ; c’est l’aimant qui nous attire nous autres braves lames.
    – Réellement elle garde sa chambre, voisin Oliver, répondit Glover ; et même, pour vous parler franchement, elle garde le lit.
    – Eh bien ! je vais aller en haut la consoler de son chagrin. Vous m’avez détourné de mon chemin, père Glover, vous devez une amende à une bonne lame comme moi ; je ne veux pas perdre en même temps et la fille et la partie d’auberge. Elle garde le lit, n’est-ce pas ?
     
    Mon chien et moi, près de fille jolie
    Notre métier fut toujours d’accourir ;
    Quand une fille est triste et veut mourir,
    Mon chien et moi venons de compagnie !
     
    Si je mourais, il faut, mes bons amis,
    Sous un tonneau que du moins je repose ;
    Les bras croisés ; je veux qu’on m’y dépose,
    Mon chien et moi côte à côte endormis.
     
    – Ne pouvez-vous pas être sérieux pour un moment, voisin Proudfute ? dit Glover ; je désire un moment de conversation avec vous.
    – Sérieux !

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