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La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

Titel: La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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d’indigne de moi, je suppose ?
    – Non, rien en effet d’indigne d’un prince d’Écosse, si les annales sanglantes, de notre patrie nous apprennent la vérité ; mais ce qui peut effrayer sans doute le prince des mimes et des bouffons.
    – Vous êtes sévère, sir John Ramorny, dit le duc de Rothsay d’un air mécontent ; mais vous avez acheté chèrement le droit de nous censurer, par la perte que vous avez faite dans notre cause.
    – Milord de Rothsay, le chirurgien qui soigne ce bras mutilé m’a dit que plus je ressentais la douleur que ses instrumens occasionnent, plus la chance de guérison était probable. Je n’hésiterai donc pas à blesser votre délicatesse, si je puis par ce moyen vous amener à entreprendre ce qui est nécessaire à votre sûreté. Votre Grâce fut trop long-temps le fils de la joie et de la folie ; il faut montrer maintenant la prudence d’un homme, ou vous laisser écraser comme un papillon parmi les fleurs sur lesquelles vous folâtrez.
    – Je devine le but de votre morale, sir John ; vous êtes las des douces erreurs que les hommes d’église appellent vices ; vous aspirez à des crimes plus sérieux. Un assassinat ou un massacre rehausserait la saveur de la débauche, comme le goût des olives relève celle du vin. Pour moi, mes plus coupables actions ne sont que de joyeuses folies ; je n’ai aucun goût pour le sang, et j’abhorre le crime ; je ne puis ni le voir ni en supporter le récit, eût-il été commis sur le plus chétif des esclaves. Si jamais je monte sur le trône, on verra les jeunes Écossais un flacon sous un bras et l’autre passé autour de la taille de leurs maîtresses. Les hommes seront conduits par les caresses et les verres pleins, non par les poignards et les chaînes ; on écrira sur ma tombe : « Ici repose Robert, le quatrième du nom ; il ne gagna point de bataille comme Robert I er  ; de comte il ne devint pas roi comme Robert II ; il ne fonda point d’églises comme Robert III : toute son ambition fut de vivre et de mourir roi des joyeux garçons. » Dans mes deux générations d’ancêtres, il n’y a qu’une seule gloire que j’envie, celle de…
    Coul le bon vieux roi,
    Qui de Bacchus suivit toujours la loi.
    – Mon gracieux seigneur, dit Ramorny, laissez-moi vous rappeler que vos joyeuses débauches occasionnent de grands maux ; si j’avais perdu cette main en combattant pour obtenir en faveur de Votre Grâce quelque important avantage sur vos deux puissans ennemis, ce malheur eût été moins pénible. Mais pour une folle entreprise être réduit à porter le béguin et les jupons, quand on a revêtu le casque et la cotte de mailles !
    – Eh bien, encore ! sir John, répondit le prince imprudent ; comment pouvez-vous avoir le cœur de me mettre sans cesse votre main sanglante sous les yeux, comme le fantôme de Gask-Hall jetait sa tête à sir William Wallace ! Vous êtes plus déraisonnable que ne l’était Fawdyon lui-même ; car Wallace lui avait coupé la tête dans un moment de colère, au lieu que moi je donnerais tout pour vous rendre la main que vous avez perdue. Puisque cela ne peut pas être, je t’en ferai avoir une autre à la place, semblable à la main d’acier du vieux chevalier de Carselogie, avec laquelle il pouvait saluer ses amis, caresser le menton de sa femme, braver ses antagonistes et faire ce qui peut être fait par une main de chair et de sang. Soyez certain, John Ramorny, que nous avons en nous bien des choses superflues : l’homme pourrait voir avec un œil, entendre avec une oreille, toucher avec une main, sentir avec, une narine ; et pourquoi aurions-nous ces choses-là doubles (si ce n’est pour que l’une supplée à l’autre au besoin) ? Je ne le conçois pas.
    Sir John détourna ses yeux du prince en laissant entendre un sourd gémissement.
    – En vérité, Ramorny, dit le duc, je parle sérieusement ; vous connaissez la légende de la main d’acier de Carselogie mieux que moi, puisque ce seigneur était votre voisin. Dans son temps une si curieuse machine ne pouvait être faite qu’à Rome ; mais je parierais cent marcs d’argent avec vous que si l’armurier de Perth Henry du Wynd l’avait pour modèle, il en fabriquerait une aussi parfaite imitation que le meilleur armurier de Rome, ce dernier fit-il même bénir son ouvrage par tous les cardinaux d’Italie.
    – Je pourrais hasarder d’accepter votre gageure, milord, répondit Ramorny

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