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La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

Titel: La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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lance et la selle contre un bréviaire et un confessionnal. Le couvent de Lindores recevra le pauvre estropié chevalier de Ramorny, qui dans ce lieu paisible aura tout le loisir de méditer sur ce texte : « Ne mettez point votre confiance dans les princes. »
    – C’est un sage dessein, répondit le duc de Rothsay, et nous ne manquerons point de le favoriser. Notre séparation, je l’espérais, n’eût été que pour un temps ; maintenant elle doit être éternelle. Après la conversation que nous avons eue ensemble, il est convenable que nous vivions séparés. Mais le couvent de Lindores, ou n’importe quelle autre retraite qui vous recevra, sera richement doté et hautement protégé par nous. – Adieu, sir John de Ramorny ; dormez, dormez, oubliez cette conversation de mauvais présage, où peut-être la fièvre de votre côté et l’ivresse du mien se mêlaient à notre conférence. – Eviot, reconduisez-moi.
    Eviot appela les gens du prince, qui s’étaient endormis sur l’escalier et dans le vestibule, fatigués des débauches de la soirée.
    – Y a-t-il quelqu’un parmi vous qui ne soit point ivre ? dit le duc de Rothsay dégoûté à la vue de ses courtisans.
    – Personne ! personne ! s’écria-t-on de toutes parts. Aucun de nous n’est traître à l’empereur de la joie.
    – Êtes-vous tous devenus des brutes ? demanda le prince.
    – Pour obéir à Votre Grâce et pour l’imiter, répondit un jeune homme de la suite ; ou si vous nous avez laissés en arrière, une goutte de la calebasse suffira pour…
    – Paix ! dit le duc de Rothsay avec hauteur, je demande s’il n’y a personne ici qui ne soit point ivre ?
    – Oui, mon noble maître, lui répondit-on ; il y a ici un faux frère, Watkins l’Anglais.
    – Viens ici, Watkins, et prends une torche pour m’éclairer. Donne-moi un manteau, un autre bonnet ; emporte toute cette friperie. En disant ces mots il jeta par terre sa couronne de fleurs, et ajouta : – Que ne puis-je ainsi me débarrasser de mes folies ! Wat l’Anglais, tu me serviras seul ; et vous autres mettez un terme à vos sottises, quittez vos habits de masques : le carnaval est fini et le carême a commencé.
    – Notre monarque abdique cette nuit plus tôt qu’à l’ordinaire, dit un des personnages de cette comédie ; mais le prince ne donna aucun encouragement à cette plaisanterie, et la troupe ivre essaya autant qu’il lui était possible de prendre l’apparence de ces personnes décentes qui ayant été surprises lorsque leur tête était un peu animée par le vin, essaient de cacher cet état par une double dose de raideur dans le maintien et dans les manières. Pendant ce temps le prince ayant changé promptement ses habits ; fut éclairé jusqu’à là porte par le seul homme de la bande qui ne fût point ivre. En continuant son chemin il trébucha sur le corps endormi du sanguinaire Bonthron.
    – Eh bien ! dit-il, avec colère et dégoût, cette vile brute est encore une fois sur notre chemin ? Ici, quelqu’un de vous ; jetez-moi ce coquin dans l’auge des chevaux, et qu’il devienne propre pour la première fois de sa vie.
    Tandis qu’on exécutait cet ordre au moyen d’une fontaine qui se trouvait dans une cour intérieure, et que Bonthron essuyait une punition à laquelle il lui était impossible de résister autrement que par des gémissemens inarticulés et par des murmures qui ressemblaient aux plaintes d’un sanglier mourant, le prince se rendait dans ses appartemens situés dans un bâtiment appelé le Logement du Connétable, cette maison appartenant aux comtes d’Errol {74} . Pendant la route, pour distraire son esprit de ses tristes pensées, le prince demanda à son compagnon comment il se faisait qu’il n’était point ivre, tandis que le reste de la société avait fait un si grand abus de liqueurs.
    – Plaise à Votre Grâce, répondit Wat l’Anglais, je vous avoue que c’est mon habitude ordinaire toutes les fois qu’il plaît à Votre Grâce que sa suite s’enivre. Sous votre respect, ils sont tous Écossais, excepté moi ; et je pense qu’il ne serait pas prudent de m’enivrer dans leur compagnie. Ils peuvent à peine me supporter quand nous sommes tous de sang-froid ; si je me joignais à eux je pourrais pendant mon ivresse leur faire quelques contes qui leur déplairaient, et en être payé par autant de coups de poignard qu’il y aurait d’hommes dans la compagnie.
    – Ainsi

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