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La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

Titel: La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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avec amertume ; mais ce n’est plus le temps de la folie : vous m’avez congédié de votre service d’après les ordres de votre oncle.
    – D’après les ordres de mon père, répondit le prince.
    – Sur lequel votre oncle a le pouvoir le plus absolu, reprit Ramorny. Je suis un homme disgracié jeté à l’écart comme un être inutile et semblable au gant vide de ma main droite. Cependant ma tête pourrait vous aider encore, quoique ma main soit perdue. Votre Grâce est-elle disposée à écouter un mot d’une importance réelle ? car je suis épuisé, et je sens que mes forces m’abandonnent.
    – Parle, dit le prince ; ta blessure m’ordonne de t’entendre, ton bras sanglant me poursuit comme un spectre qui m’adresserait des reproches. Parle, mais par pitié n’abuse point de ce privilége.
    – Je serai bref dans mes discours, pour mon propre compte autant que pour le vôtre ; j’ai peu de chose à dire. Douglas s’est mis à la tête de ses vassaux ; il assemble au nom du roi trente mille habitans des frontières qu’il conduira bientôt dans l’intérieur du royaume pour exiger que le duc de Rothsay reçoive ou du moins rétablisse sa fille dans ses droits de duchesse et d’épouse. – Le roi Robert souscrira à toutes les conditions qui assureront la paix. – Que fera le duc de Rothsay ?
    – Le duc de Rothsay aime la paix, dit le prince avec hauteur, mais il ne craindra jamais la guerre ; et avant qu’il rétablisse à sa table et dans son lit l’orgueilleuse Majory pour obéir aux ordres de son père, Douglas sera roi d’Écosse.
    – Que cela soit ainsi. – Mais c’est le péril le moins pressant, car Douglas ne travaille point en secret, il menace ouvertement.
    – Quel est donc cet important secret qui nous tient éveillés à cette heure indue ? Je suis fatigué, vous êtes blessé, et les flambeaux même semblent s’éteindre comme las de notre conférence.
    – Dites-moi donc quel est celui qui gouverne le royaume d’Écosse ? demanda Ramorny.
    – Robert troisième du nom, dit le prince en ôtant sa toque au moment où il prononçait ces mots ; et puisse-t-il long-temps porter le sceptre !
    – Cela est vrai, amen , répondit Ramorny. Mais qui gouverne le roi Robert, et qui dicte toutes les mesures que le bon roi est obligé de prendre ?
    – Milord Albany, avez-vous l’intention de dire, reprit le prince. Oui, c’est la vérité, mon père se laisse presque entièrement guider par les conseils de son frère ; au fond de notre conscience, Ramorny, nous ne pouvons le blâmer, il est si peu aidé par son fils.
    – Aidons-le maintenant, milord, dit Ramorny. – Je suis dépositaire d’un horrible secret ; Albany m’a proposé de me joindre à lui pour attenter aux jours de Votre Altesse. Il me promet un pardon sans réserve pour le présent, une haute faveur dans l’avenir.
    – Attenter à mes jours ? – Je pense que vous voulez dire me ravir mon royaume ? Ce serait une horrible impiété ! c’est le frère de mon père. Ils se sont assis l’un et l’autre sur les genoux du même père ; ils ont reposé sur le sein de la même mère. – Tais-toi, malheureux ! Quelles folies on peut faire croire à un malade !
    – Croire ! en effet, dit Ramorny, c’est une chose nouvelle pour moi que d’être appelé crédule. Mais l’homme dont Albany s’est servi pour être l’interprète de ses tentations est un de ceux que chacun comprendra aussitôt qu’il parlera de crimes. – Les médecines même préparées par ses mains ont un goût de poison.
    – Fi ! un pareil homme calomnierait un saint. Vous êtes dupe pour cette fois, Ramorny ; il est sûr que vous l’êtes. Mon oncle d’Albany est ambitieux, et voudrait assurer à lui et à sa maison plus de pouvoir et de biens qu’il ne devrait raisonnablement en désirer ; mais supposer qu’il voudrait assassiner ou détrôner le fils de son frère ! Ah ! Ramorny, ne me faites point citer le vieil adage, que – celui qui fait le mal craint le mal. – Vos soupçons vous égarent, et vous ne pouvez rien avoir appris de semblable.
    – Votre Grâce s’abuse d’une manière fatale ; mais je vais achever ce que j’avais à vous dire. Le duc d’Albany est généralement détesté pour son avidité et son avarice. – Votre Altesse, il est vrai, est plus aimée que…
    Ramorny se tut, et le prince reprit avec calme : – Plus aimée que respectée ; c’est ce que je

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