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La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

Titel: La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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désire, Ramorny.
    – C’est-à-dire, répondit Ramorny, que vous êtes plus aimé que craint, et ce n’est point une position sûre pour un prince. Mais engagez-moi votre honneur et votre parole de chevalier que vous approuverez tout ce que j’entreprendrai en votre faveur ; prêtez-moi votre sceau pour rassembler des amis en votre nom, et le duc d’Albany perdra son autorité sur cette cour pour ne la recouvrer que lorsque la main qui était jointe autrefois à ce bras mutilé y reprendra sa place pour obéir encore à l’impulsion de ma volonté.
    – Vous ne voudriez point hasarder de plonger votre poignard dans le sang royal ? demanda le prince d’un air sombre.
    – Non, milord ; dans aucun cas le sang n’a besoin d’être versé ; la vie peut s’éteindre d’elle-même. La lumière qui n’est point alimentée par l’huile ou qui n’est point abritée contre le souffle du vent tremblera dans la lampe et finira par s’éteindre. Laisser un homme mourir, ce n’est point le tuer.
    – Cela est vrai ; j’avais oublié cette politique. Eh bien ! supposons alors que mon oncle d’Albany ne continue point à vivre (il me semble que c’est cela que vous voulez dire), qui gouvernera la cour d’Écosse ?
    – Robert III, du consentement, de l’avis, de l’autorité du haut et puissant seigneur Robert duc de Rothsay, lieutenant du royaume et l’ alter ego du monarque ; en la faveur duquel le bon roi, las des fatigues et des chagrins de la royauté, sera, j’en suis sûr, disposé à abdiquer. Ainsi, vive notre jeune monarque le roi Robert IV !
    Ille, manu fortis,
    Anglis ludet in hortis {73} .
    – Et notre père et prédécesseur, dit Rothsay, continuera-t-il à vivre pour prier pour nous comme notre chapelain, et à ce titre obtiendra-t-il la faveur de ne point poser sa tête grise dans le cercueil plus tôt que la nature ne l’ordonnera ? ou bien aura-t-il à supporter aussi quelques-unes de ces négligences en raison desquelles les hommes discontinuent de vivre ? et changera-t-il les limites d’une prison ou d’un couvent, ce qui est à peu près la même chose, pour cette froide et tranquille demeure où les prêtres nous disent que les méchans cessent de faire le mal, et où ceux qui sont fatigués se reposent ?
    – Vous ne parlez pas sérieusement, milord, répondit Ramorny ; attenter à la vie du vieux et bon roi serait un acte aussi dénaturé qu’impolitique.
    – Pourquoi, répondit le prince avec un sombre mécontentement, reculer lorsque tout ton plan est une leçon de crimes contre nature mêlés d’une ambition peu clairvoyante ? Si le roi d’Écosse peut à peine tenir tête à la noblesse maintenant qu’il leur oppose une bannière honorable et sans tache, qui voudrait suivre un prince souillé de la mort d’un oncle et de l’emprisonnement d’un père ? Une telle, politique révolterait un divan de païens, pour ne rien dire d’un conseil de chrétiens. – Tu étais mon mentor, Ramorny, et peut-être je pourrais avec justice m’appuyer de tes leçons et de tes exemples dans la plupart des folies que les hommes m’ont reprochées. Peut-être sans toi je ne serais point ici, au milieu de la nuit, sous ce déguisement de la folie (et le prince regarda ses vêtemens), à écouter un libertin ambitieux qui me propose d’assassiner un oncle et de détrôner le meilleur des pères. Puisque c’est ma faute autant que la tienne si je suis plongé dans cet abîme, il serait injuste que tu en souffrisses seul ; mais ne renouvelle pas ces odieuses propositions au péril de ta vie ! ou je te dénonce à mon père, au duc d’Albany, à l’Écosse entière ! Chaque croix qui se trouve dans les marchés des différentes villes aura un morceau du cadavre du traître qui osa conseiller de pareilles horreurs à l’héritier de la couronne d’Écosse ! J’espère pour ton honneur que la fièvre de ta blessure et l’influence enivrante du cordial qui agit sur ton cerveau malade a opéré cette nuit sur toi au-delà des bornes ordinaires.
    – En vérité, milord, répondit Ramorny, si j’ai dit quelque chose qui ait pu aussi profondément offenser Votre Altesse, la cause, en est un excès de zèle mêlé à la faiblesse présente de mon esprit. De tous les hommes je suis le moins capable de proposer des projets ambitieux avec l’intention d’en retirer pour moi quelque avantage. Hélas ! tous mes vœux maintenant doivent se borner à changer la

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