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La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

Titel: La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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l’oseront pas ! ils ne l’oseront pas ! répondirent les hommes ; leur force est dans leurs chevaux et dans leurs armures ; et cependant ces coquins ingrats ont tué un homme qui, comme armurier, n’avait point son pareil, ni à Milan ni à Venise. – Aux armes ! aux armes ! braves concitoyens – la chasse de Saint-Johnstoun est commencée !
    Au milieu de ces clameurs les magistrats et les habitans les plus notables parvinrent avec peine à se faire jour pour examiner le cadavre, ayant avec eux le greffier de la ville, à l’effet de dresser un acte officiel, ou comme on l’appelle encore, une reconnaissance de l’état dans lequel il se trouvait. La foule se soumit à ces délais avec une patience et une docilité qui formaient le trait distinctif du caractère d’un peuple dont le ressentiment a toujours été d’autant plus dangereux, que sans se relâcher en rien de ses projets de vengeance, il sait supporter avec un calme parfait tous les délais qui sont nécessaires pour en assurer l’exécution. La populace reçut donc ses magistrats avec de grands cris de joie, au milieu desquels se manifestait le désir de la vengeance, et en même temps avec une déférence respectueuse pour les protecteurs à l’aide desquels ils comptaient l’obtenir par des voies légales et régulières.
    Tandis que ces acclamations résonnaient encore au-dessus de la foule qui remplissait alors toutes les rues adjacentes, et qui recevait et propageait continuellement mille bruits divers, les magistrats faisant relever le corps pour l’examiner de plus près, reconnurent à l’instant et annoncèrent aussitôt que ce n’était pas le cadavre de l’armurier Henry Gow, si généralement et d’après les qualités les plus estimées alors si justement aimé, mais celui d’un homme d’une réputation beaucoup moins grande, quoiqu’il ne fût pas non plus sans son mérite dans la société, le joyeux bonnetier Olivier Proudfute. Le ressentiment du peuple s’était tellement concentré sur l’idée que son brave et intrépide défenseur Henry Gow était la victime, que la réfutation de ce bruit suffit pour calmer la fureur générale, tandis que, si le pauvre Olivier eût été reconnu dans le premier moment, il est probable que le cri de vengeance serait parti de toutes les bouches pour lui comme pour Henry Wynd. L’annonce de cette nouvelle inattendue excita même d’abord un sourire parmi le peuple, tant le ridicule est voisin du terrible.
    – Les assassins l’ont pris sans doute pour Henry Smith, dit Griffon, ce qui doit avoir été pour lui une grande consolation dans cette circonstance.
    Mais l’arrivée d’autres personnages rendit bientôt à cette scène tout son caractère tragique.

CHAPITRE XIX.
     
    Qui diable sonne les cloches ? la ville va se soulever…
    SHAKESPEARE. Othello.
     
    Le bruit effrayant qu’on entendait dans la ville et auquel se joignit bientôt le son du tocsin, fit naître une consternation générale. Les nobles et chevaliers se rassemblèrent avec leur suite dans différens lieux de rendez-vous, choisissant les endroits où ils pourraient le mieux se fortifier. L’alarme se répandit jusqu’aux portes de la résidence royale, où le jeune prince fut un des premiers à paraître pour défendre, s’il le fallait, le vieux roi. Il se rappelait la scène dont il avait été témoin la nuit précédente ; il voyait encore les traces de sang dont Bonthron était couvert, et il avait un soupçon vague que l’action qu’il avait commise avait quelque rapport avec ce tumulte. L’entretien plus intéressant qu’il avait eu ensuite avec sir John Ramorny avait cependant fait une impression trop profonde sur son esprit pour ne pas en effacer ce qu’il avait appris indistinctement de l’acte sanglant commis par l’assassin, quoiqu’il eût un souvenir confus que quelqu’un avait été tué. C’était surtout pour son père qu’il avait pris les armes avec les officiers de sa maison qui, revêtus de brillantes armures et portant des lances à la main, avaient alors un aspect bien différent de celui de la veille lorsqu’on eût pu les prendre pour autant de satyres dans l’ivresse. Le bon vieux roi fut touché de cette marque d’attachement de son fils, et versant des larmes d’attendrissement il le présenta avec orgueil à son frère Albany, qui entra bientôt après, et les prenant l’un et l’autre par la main.
    – Nous voilà trois Robins Stewarts, leur

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