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La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

Titel: La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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de vin, jusqu’à ce qu’enfin il réussit à s’échapper. Ce fut l’épée à la main qu’ils accomplirent ces actes de violence, et ils poussaient des cris et des imprécations si terribles qu’ils attirèrent l’attention de plusieurs personnes qui alarmées par le tumulte se mirent à leurs fenêtres ; un ou deux passans qui n’osèrent s’approcher de l’endroit où ils voyaient des torches de peur d’être aussi outragés, furent témoins du traitement que notre concitoyen reçut au milieu de la grande rue de la ville. Et quoique ces scélérats fussent déguisés et qu’ils portassent des masques, cependant leurs déguisemens sont bien connus, attendu que ce sont de superbes costumes, préparés il y a quelques semaines par ordre de sir John Ramorny, grand écuyer de son Altesse Royale le duc de Rothsay prince royal d’Écosse !
    Une sorte de gémissement plaintif se fit entendre dans l’assemblée.
    – Oui, c’est la vérité, braves bourgeois, ajouta sir Patrice, nos recherches nous ont conduits à des conclusions aussi tristes que terribles ; mais personne ne saurait regretter plus que moi le point auquel elles semblent devoir aboutir, personne non plus ne peut en redouter moins les conséquences. – Oui, ce que je vous dis est de toute certitude. Plusieurs ouvriers employés à ce travail ont décrit les costumes préparés pour sir John Ramorny, et ils sont exactement semblables à ceux des hommes qu’on a vu maltraiter Olivier Proudfute. Un artisan, Wingfield le plumassier, qui vit les scélérats lorsqu’ils tenaient notre concitoyen en leur pouvoir, remarqua qu’ils portaient les ceintures et les couronnes de plumes peintes qu’il avait faites lui-même par ordre du grand écuyer du prince. – À partir du moment où il parvint à s’échapper d’entre leurs mains, nous perdons toute trace d’Olivier ; mais nous pouvons prouver que les masques prirent le chemin de la maison de sir John Ramorny où ils furent reçus après un instant de délai. – On dit, Henry Smith, que tu as vu notre compatriote après qu’il avait été arrêté par ces misérables, apprends-nous ce qu’il en est.
    – Il vint chez moi, dit Henry, une demi-heure avant minuit, et je lui ouvris un peu à contre-cœur, attendu qu’il avait fait le carnaval, tandis que moi j’étais resté à la maison ; et la conversation va mal, dit le proverbe, entre un homme à jeun et un homme qui a dîné.
    – Et dans quel état paraissait-il être lorsqu’il entra chez toi ? dit le prévôt.
    – Il semblait tout hors d’haleine, répondit l’armurier, et il ne cessait de répéter qu’il avait été attaqué par une troupe de tapageurs. Je fis peu d’attention à ses discours, car quoique bonhomme au fond, il était connu pour un poltron de première force, et je croyais que son imagination faisait tous les frais de son récit. Mais je ne me pardonnerai jamais de ne l’avoir pas accompagné, comme il me le demandait ; et si je vis je ferai dire des messes pour son âme, expiation de ma faute.
    – A-t-il dépeint ceux qui l’avaient insulté ? dit le prévôt.
    – Il m’a dit que c’étaient des tapageurs qui étaient masqués, répondit Henry.
    – Et paraissait-il craindre d’avoir encore affaire à eux en s’en retournant ? demanda de nouveau sir Patrice.
    – Il me dit plusieurs fois qu’on l’attendait au passage, ce que je traitai de chimère n’ayant aperçu personne dans le Wynd.
    – Ainsi donc il n’a reçu de toi aucun secours de quelque espèce que ce soit ? dit le prévôt.
    – Pardonnez-moi, répondit l’armurier ; il a quitté ses habits de danseur pour prendre mon justaucorps de buffle, mon casque et mon bouclier, qu’on a trouvés sur son corps, à ce que j’apprends, et j’ai chez moi son bonnet et ses grelots moresques ainsi que la jaquette et le reste du costume. Il devait me renvoyer ce matin mes armes et reprendre son déguisement si les saints l’eussent permis.
    – Le revîtes-vous ensuite ?
    – Jamais, milord.
    – Encore un mot ; avez-vous raison de croire que le coup qui a tué Olivier Proudfute était destiné à un autre ?
    – Oui, répondit l’armurier ; mais ce ne sont que des conjectures, de simples suppositions, auxquelles il peut être dangereux de s’arrêter.
    – Parlez toujours, et dites tout ce que vous croyez, comme votre devoir et votre serment vous y obligent. Qui pensez-vous qu’on voulait frapper ?
    – S’il

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