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La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

Titel: La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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porté des lettres du duc d’Albany et de sir John Ramorny à Douglas, et en les ouvrant il avait l’air aussi sombre qu’une tempête du nord. Je leur ai rapporté des réponses du comte, et ils ont souri comme le soleil quand il reparaît à la fin d’un orage d’été. Allez consulter vos éphémérides, docteur, et tâchez de deviner ce que cela signifie.
    – Il me semble que je pourrais le faire sans qu’il m’en coûtât beaucoup de pénétration, répondit Dwining. Mais je vois là-bas au clair de la lune notre mort vivant. S’il avait crié pour appeler quelque passant ; c’eût été une singulière interruption pour un voyageur de nuit que de s’entendre appeler du haut d’un gibet comme celui-ci. Écoutez ! il me semble que j’entends ses gémissemens au milieu du sifflement du vent et du cliquetis de ses chaînes. Allons doucement et sans bruit : amarrez la barque à l’aide du grappin, apportez la cassette et tout ce qu’il me faut. Un peu de feu ne nous ferait pas mal, mais la lumière pourrait nous exposer aux observations. Allons, mes braves, marchez avec circonspection, car nous marchons au gibet. Suivez-moi avec la lanterne. J’espère qu’on aura laissé l’échelle.
    En approchant du gibet ils entendirent distinctement des gémissemens qui étaient cependant étouffés. Dwining se hasarda à tousser une ou deux fois à voix basse par forme de signal, mais ne recevant pas de réponse : – Il faut nous hâter, dit-il à ses compagnons ; notre ami doit être à l’extrémité puisqu’il ne répond pas au signal qui lui annonce l’arrivée du secours qu’il attend. Allons, mettons-nous en besogne ; je vais monter le premier sur l’échelle pour couper la corde Suivez-moi tous deux l’un après l’autre, et tenez bien le corps de manière qu’il ne tombe pas quand le licou sera coupé. Ayez la main bien ferme et saisissez les bandages ; ils vous aideront à le soutenir. Songez que quoiqu’il joue cette nuit le rôle d’un hibou il n’en a pas les ailes, et tomber du haut d’une potence peut être aussi dangereux que d’y monter.
    Tout en parlant ainsi il montait sur l’échelle, et s’étant assuré que ses compagnons soutenaient le corps du pendu, il coupa la corde et les aida à descendre le meurtrier, à qui l’on n’aurait pu assurer que l’existence fût conservée.
    En employant heureusement la force et l’adresse, ils placèrent à terre le corps de Bonthron, et s’étant assurés qu’il donnait des signes de vie, bien faibles mais certains, ils le portèrent sur les bords du Tay, où, cachés par la hauteur des rives, ils étaient moins exposés à être découverts, tandis que Dwining s’occupait à lui rendre le sentiment, à l’aide des secours dont il s’était pourvu.
    Son premier soin fut de le débarrasser de ses fers que l’exécuteur avait pris la précaution de ne pas fermer pour faciliter cette opération. Il le débarrassa ensuite des bandages compliqués par lesquels il avait été suspendu ; il se passa pourtant quelque temps avant que les efforts de Dwining réussissent ; car en dépit de l’adresse avec laquelle son appareil avait été construit, les sangles destinées à soutenir le corps avaient cédé au poids et à la tension au point de produire presque la strangulation. Cependant l’adresse du chirurgien triompha de tous les obstacles, et après une ou deux courtes convulsions, après avoir éternué et s’être étendu, Bonthron donna une preuve manifeste de son retour à la vie en saisissant la main de l’opérateur qui lui versait une liqueur spiritueuse sur la poitrine et sur le cou, et dirigeant sur sa bouche la fiole qui la contenait, il en avala, presque par force, une dose assez considérable.
    – C’est une essence spiritueuse deux fois distillée, dit le pharmacien étonné : elle cautériserait le gosier et brûlerait l’estomac de tout autre ; mais cet animal extraordinaire ressemble si peu aux autres créatures humaines, que je ne serais pas surpris qu’elle ne fit que lui rendre l’usage de toutes ses facultés.
    Bonthron se mit sur son séant, promena autour de lui quelques regards égarés, et donna des signes de connaissance.
    – Du vin ! du vin ! furent les premiers mots qu’il prononça.
    Dwining lui offrit un verre d’eau et de vin, mêlé de quelque drogue médicinale ; mais Bonthron le rejeta en lui donnant l’épithète peu honorable de lavage de ruisseau, et il répéta :

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