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La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

Titel: La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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– Du vin ! du vin !
    – Prends-en donc, au nom du diable ! s’écria Dwining, car lui seul peut juger de la force de ta constitution.
    Bonthron porta le flacon à ses lèvres, et un coup assez copieux pour déranger le cerveau de toute autre personne ne fit que rétablir l’équilibre du sien. Il ne parut pourtant pas se rappeler sur-le-champ où il était et ce qui lui était arrivé, et il demanda avec un ton bref et son air bourru pourquoi on l’avait amené sur le bord de la rivière à une pareille heure de la nuit.
    – Quelque autre folie de cet enragé de prince, dit-il ; pour me faire faire le plongeon, comme cela lui est déjà arrivé. Sang et ongles ! je voudrais…
    – Tais-toi, dit Eviot, et s’il existe en toi quelque reconnaissance, remercie-nous d’avoir empêché que ta carcasse ne soit la pâture des corbeaux, et que ton âme ne se trouve dans un lieu où l’eau est trop rare pour qu’elle y fasse le plongeon.
    – Je commence à me rappeler… dit le scélérat, qui s’interrompit pour porter une seconde fois à sa bouche le flacon de vin, auquel il donna une accolade cordiale : Le jetant par terre après l’avoir vidé, il baissa la tête sur sa poitrine et sembla s’occuper à mettre de l’ordre dans ses souvenirs confus.
    – Nous ne pouvons attendre plus long-temps le résultat de ses méditations, dit Dwining ; il se trouvera mieux quand il aura dormi. Allons, Bonthron, levez-vous ; vous avez passé quelques heures à voyager en l’air ; essayez si un voyage par eau ne vous paraîtra pas plus commode. Allons, vous autres, prêtez-moi la main ; je ne puis pas plus remuer, cette masse de chair que je ne pourrais soulever un bœuf qu’un boucher viendrait d’abattre.
    – Soutiens-toi donc sur tes jambes, Bonthron, à présent que nous t’avons mis sur tes pieds, dit Eviot.
    – Impossible ! chaque goutte de sang qui coule dans mes veines semble être armée d’une pointe d’épingle, et mes genoux refusent de soutenir leur fardeau. Que veut dire tout cela ? C’est quelque chose de ta façon, chien d’apothicaire !
    – Oui, sans doute, oui, honnête Bonthron, et c’est un tour dont tu me remercieras quand le souvenir te reviendra. En attendant couche-toi sur la proue de cette barque, et laisse-moi te couvrir de ce manteau.
    Ils portèrent Bonthron dans la barque, et l’y placèrent aussi commodément que la circonstance le permettait. Il répondit à leurs attentions par quelques murmures semblables au grognement du sanglier lorsqu’il trouve une nourriture qui lui est particulièrement agréable.
    – Et maintenant, vaillant écuyer, dit Dwining à Buncle, vous savez ce que vous avez à faire. Vous allez conduire par eau cette cargaison vivante à Newburgh, et là vous en disposerez suivant les ordres que vous avez reçus. En attendant voici ses fers et ses bandages, marques de sa détention et de sa libération ; faites-en un paquet et jetez-les dans l’endroit le plus profond de la rivière, car si on les trouvait en votre possession, ils pourraient déposer contre nous tous. Ce léger souffle de vent qui vient de l’ouest vous permettra de vous servir d’une voile dès qu’il fera jour, si vous êtes fatigué de ramer. Quant à vous, maître page Eviot, il faut que votre vaillance se contente de retourner à pied à Perth ; car c’est ici que notre belle compagnie doit se séparer. Prenez la lanterne avec vous, Buncle, car elle peut vous être plus nécessaire qu’à nous, et ayez soin de me renvoyer ma cassette.
    Tandis que les deux piétons retournaient à Perth, Eviot exprima sa conviction que l’intelligence de Bonthron ne reviendrait jamais du choc dont la terreur l’avait frappée, et qui paraissait avoir complètement dérangé toutes les facultés de son esprit et notamment sa mémoire.
    – C’est ce qui vous trompe, maître page, répondit Dwining. L’intelligence de Bonthron, telle qu’elle est, a un caractère solide. Elle vacillera de côté et d’autre, comme un pendule qu’on a mis en mouvement, et ensuite elle reprendra son centre de gravité. De toutes les facultés de notre esprit, la mémoire est celle dont l’exercice est le plus sujet à se trouver suspendu. L’ivresse et le sommeil la font également perdre, et pourtant l’ivrogne la retrouve quand les fumées du vin se dissipent, et le dormeur quand il s’éveille. La terreur produit quelquefois les mêmes effets. J’ai connu à Paris un criminel

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